LA FRANCE MONUMENTALE




EN 1912


Tout le monde sait qu’une maison, qu’on ne répare pas, dépérit très
vite, bientôt inhabitable, ensuite dangereuse. Dans un laps d’années variables, il faut la démolir, sinon elle s’écroule.
Un déplacement de tuile et l’eau entre. L’humidité, la pire ennemie de tout habitacle, joue un rôle redoutable dans la plus grande partie de notre pays. Si les monuments de la Provence bénéficient de la séche
resse du climat, il n’en est pas de même dans les régions du Nord et même du Centre. Ce point n’a pas besoin de développement.
Lorsqu’un premier ministre a dit : « Nous ne Jennerons pas les églises, mais nous ne les réparerons pas », il les a condamnées à périr.
Toutefois, il ressort des débats parlementaires que personne ne veut la ruine des églises monumentales, c’est-à-dire de celles qui intéressent l’art ou l’histoire. Voyez le Journal officiel du 18 janvier 1911.
Les lettres de grâce pour un sanctuaire s’appellent le classe
ment ; on l’indique dans les guides par M. IL, monument historique.
L’église classée devient la pensionnaire de l’Etat, elle adroit à une sorte d’assistance publique. Cela n’empêche pas une cathédrale de Niort de s’écrouler,
mais enfin c’est la seule sauvegarde qui existe pour le monument public. Il faut la réclamer ; car seule elle sauvera des milliers d’édifices, dont chaque hiver aug
mente les dégâts et rend les réparations plus onéreuses, et partant dissuade de les entreprendre. Comme rien ne s’oublie aussi vite que cequ’pn alu dans les jour
naux, il semble utile d’exposer la question.
La Séparation de l’Eglise et de l’Etat a eu pour effet de mettre en péril à peu près toutes les églises de campagne. Les opérateurs de celte séparation ne furent ni des artistes, ni des esthètes, ni des archéologues. Bien à tort, on les accu
serait de vandalisme. Ils n’ont pas pensé un instant aux conséquences de leur vote dans l’ordre monumental: hommes de
Clocher de pordic (Côtes-du
Nord).
PLURIEN (Côtes-du-Nord). Porche et statue
de Saint-Pierre.