ORPHÉE ET EURYDICE ; PAYSAGE (Louvre).
Photo Druet


P0USSIN




ET LA PEINTURE CONTEMPORAINE


Tout ce qui Louche à Poussin s’entoure de grandeur et de silence. Une nouvelle
œuvre du maître est entrée au Louvre en 1911. Evénement considérable, qui pourtant n’a soulevé presque aucun commenlaire. Il faut se réjouir de la réserve avec laquelle il fut accueilli ; elle prouve que nous n’avons pas affaire ici à l’un de ces chefs
d œuvre faciles qui déchaînent tout de suite les développements littéraires. A quoi se prendre en effet dans celle sévère Inspiration du Poète? D’où partir pour une page enthousiaste ? Nul pittoresque, nul « sourire mystérieux ».
Allons plus loin et soyons sincères. Poussin n’est-il pas d un abord quelque peu ennuyeux P Je pense qu’il est impossible aujourd hui de l’aimer du premier coup sans snobisme. Il faut l’avoir méconnu longlemps pour le bien comprendre. Comme sa carrière et le développement de son génie furent tardifs, de môme lui convient une admiration tardive, qui succède à plusieurs désenchantements, qui a mis longtemps à mûrir et dont on s’aperçoit, soudain mais en silence, au moment qu’elle est déjà complète et armée de toutes ses raisons. Comment nous, que l’impressionnisme habitua à la notation instantanée des spectacles les plus éphémères, pourrions-nous ne pas être d abord sensibles à la monotonie de Poussin et gênés par son indifférence au temps, par son air d’éternité ? Puis, toutes ces scènes historiques ou mythologiques,