LE VIIe SALON
DE LA SOCIÉTÉ DES ARTISTES DÉCORATEURS
I
l aura certainement, cette année, attiré au Pavillon de Marsan un public plus nom
breux que jamais. Est-ce donc qu’il fut d’un intérêt plus grand que les autres manifestations de cette Société depuis 1904? Ou bien que le public se décide de jour en jour davantage à étudier les
« tendances neuves dont se réclament les artistes décorateurs, paragraphe I, article premier de leurs statuts?
Un peu, sans doute, de ceci et de cela, a aidé, cette fois, au succès de ce salon. Aussi bien, serait-il injuste de ne point reconnaître que par la quantité de leurs efforts, et par leurs qualités, les exposants ont donné une suite fort estimable — et certes pas inférieureen mérite,
— à leurs travaux antérieurs. Et, d’autre part, serait-ce voir assez peu clair que de ne pas discerner dans quelle proportion importante, depuis peu d’années, l’action des groupements d’éducation artistique, celle, beaucoup plus restreinte, il est vrai, de la grande presse, celle d’une curiosité peu à peu propagée dans les esprits, celle enfin d’un certain snobisme qui amènera tardivement les gens du monde à adorer — comme d’habitude— ce qu’ils ont férocement piétiné, ont contribué à multiplier les publics dans les expositions d’art appliqué, en déterminant une petite partie de la foule à montrer un respect enfin presque égal pour la médaille d’honneur du Salon et pour un bon meuble poirier et palissandre signé de l’un de nos modernes artisans.
Nous verrons tantôt si l’historien d’art peut avoir encore de légitimes raisons de ne point déclarer tout excellent en ces divers objets créés avec l’intention de donner à notre époque, par les moyens de l’art appliqué, une parure vraiment originale. Quoi qu’il en soit, il y a un point sur lequel on peut, dès aujourd’hui, se sentir rassuré. Malgré l’hostilité de tels incorrigibles amateurs d’ancien, n’en fût-il plus au monde, malgré les assurances que nous font, touchant un naufrage fatal de l’ « art nouveau » tous ceux
edouard-marcel sandoz. Corbeau (marbre noir).