GUSTAVE RICARD




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ne dizaine de toiles dispersées dans les musées de Paris, les suffrages les plus
illustres, le prestige d’une ancienne renommée avaient tout juste réussi à préserver de l’oubli la mémoire de Gustave Ricard. Il n’a fallu rien moins qu’une exposi
tion générale de ses œuvres pour attirer l’attention du public sur le nom du plus grand peintre de portraits du xixe siècle. Il est vrai,
les gens de goût l’admiraient (dans un pieux silence). Les portraits de Mme de Calonne, celuide la comtesse de Montfort, celui
de la marquise Landolfo Car
cano avaient leurs fidèles.
Mais ces quel
ques tableaux ne pouvaient qu’é­
veiller une curio
sité plus vaste; lavoicisatisfaite, et l’attente com
blée. Personne qui ne demeure surpris : l’un croyait con
naître Ricard , l’autre le dé
couvre : c’estune révélation.
On saura un gré infini aux organisateurs de l’exposition du Jeu de Paume, et à son zélé secrétaire, M. Jean-Louis Vaudoyer, d’avoir réuni tant de portraits, de copies de
jeunesse et de ravissantes études de Ricard. Jusqu’ici c’était isolément qu’on admirait chacune de ses toiles, elles n’évoquaient point le reste de son œuvre; on éprouvait à les considérer un bizarre sentiment de gêne; on sentait qu’elles faisaient partie d’un
ensemble dont on essayait vainement d’apprécier le mérite. Désormais, comment séparer, dans le souvenir, le Paul de Musset, qui est au Louvre, d’avec ce Chenavard,
Portrait de l’artiste. Louvre.
Cliché Braun et Clément.