déchaînés devant ses expositions de Paris, New-York, Bruxelles, Amsterdam, ne troublaient pas le peintre, peu soucieux de succès et de luxe.
Seurat naquit à Paris, en décembre 1859, dans une famille aisée. Après le collège, où il resta jusqu’à seize années, il travailla quatre ans à l’Ecole des Beaux-Arts avant de s’engager dans des voies personnelles.
L’apparence physique de Seurat était semblable à l’idée qu’on se ferait du peintre d’après les figures élancées, raides et calmes qu’il a créées. C’est dans une attitude rigide,
où se durcissaient ses formes hautes et pleines, qu’il équilibrait les ardentes poussées de son âme. Nuis déplacements inquiets n’agitaient sa tête harmonieuse et droite sur son buste, ni aucune expression de trouble ses traits immobiles et beaux, encadrés de
brun. Mais l’occasion d’un bref colloque sur l’art révélait un regard brûlant et une voix psychologique, étranglée par l’impatience d’affirmer de chères convictions.
Seurat, absorbant la tendresse de la lumière et des êtres, était doux comme le faisait prévoir le velours de ses yeux et de ses sourcils noirs, mais il se révélait entier et ombrageux lorsqu’on effleurait l’être intérieur qu’il amplifiait secrètement. Peu soucieux, d’ordinaire, de s’avancer au premier plan des discussions et des causeries, il s’y portait tout entier quand il espérait y nourrir le peintre. Il sortait alors de sa vie pro
fonde avec l’ardeur d’une louve en quête, mais on ne pouvait le suivre dans sa retraite.
Il se montrait aussi peu expansif avec sa mère, normalement tendre, avec qui il pre
nait scs repas de chaque jour,
qu’avec ses amis intimes. Signac, Luce, Augrand, Fénéon ignorèrent jusqu’à sa mort son
installation régulière avec une compagne qui lui donna ce fils, anéanti avec lui dans le même mal. Cette mort de Seu
rat, âgé de trente-deux ans, survint au cours d’une pneu
monie infectieuse. L’opinion
des témoins du labeur insensé du peintre l’explique comme une conséquence de l’appau
vrissement d’un organisme surmené au delà des résistances humaines.
Seurat peignai tjour et nuit. Pendant les dernières an
nées de sa vie, il demeurait accroché de longues heures à
La rencontre (dessin).
Seurat naquit à Paris, en décembre 1859, dans une famille aisée. Après le collège, où il resta jusqu’à seize années, il travailla quatre ans à l’Ecole des Beaux-Arts avant de s’engager dans des voies personnelles.
L’apparence physique de Seurat était semblable à l’idée qu’on se ferait du peintre d’après les figures élancées, raides et calmes qu’il a créées. C’est dans une attitude rigide,
où se durcissaient ses formes hautes et pleines, qu’il équilibrait les ardentes poussées de son âme. Nuis déplacements inquiets n’agitaient sa tête harmonieuse et droite sur son buste, ni aucune expression de trouble ses traits immobiles et beaux, encadrés de
brun. Mais l’occasion d’un bref colloque sur l’art révélait un regard brûlant et une voix psychologique, étranglée par l’impatience d’affirmer de chères convictions.
Seurat, absorbant la tendresse de la lumière et des êtres, était doux comme le faisait prévoir le velours de ses yeux et de ses sourcils noirs, mais il se révélait entier et ombrageux lorsqu’on effleurait l’être intérieur qu’il amplifiait secrètement. Peu soucieux, d’ordinaire, de s’avancer au premier plan des discussions et des causeries, il s’y portait tout entier quand il espérait y nourrir le peintre. Il sortait alors de sa vie pro
fonde avec l’ardeur d’une louve en quête, mais on ne pouvait le suivre dans sa retraite.
Il se montrait aussi peu expansif avec sa mère, normalement tendre, avec qui il pre
nait scs repas de chaque jour,
qu’avec ses amis intimes. Signac, Luce, Augrand, Fénéon ignorèrent jusqu’à sa mort son
installation régulière avec une compagne qui lui donna ce fils, anéanti avec lui dans le même mal. Cette mort de Seu
rat, âgé de trente-deux ans, survint au cours d’une pneu
monie infectieuse. L’opinion
des témoins du labeur insensé du peintre l’explique comme une conséquence de l’appau
vrissement d’un organisme surmené au delà des résistances humaines.
Seurat peignai tjour et nuit. Pendant les dernières an
nées de sa vie, il demeurait accroché de longues heures à
La rencontre (dessin).