IVAN BILIBINE.


L’ILLUSTRATION RUSSE (1)


IL y a peu de temps, la Russie artistique était encore pour le public français une terre
inconnue. Sans doute, il existait quelques initiés qui la connaissaient, comme Viollet-le-Duc, lh. Gautier, M. Vachon, mais, d’une manière générale, on pensait volon


tiers que les fleurs de l’art ne poussent pas au pays


lointain de la neige. Pourtant les saisons théâtrales des six dernières années, ainsi que quelques expositions à Paris, ont prouvé que l’art national russe existe et que, loin d’être une curiosité ethnographique ou barbare, il est un art, dans le grand sens de ce mot.
Dans cet article, je m’occuperai seulement d’une branche de l’arbre artistique russe, de l art du livre, de ce stylisme graphique aussi ca
ractéristique pour la Russie moder
ne, que l’orgie des couleurs et les recherches pictu
rales, pour la France de nos jours. Cet art de
l’ornementation —je peux l’affirmer sans parti pris national — réserve à la Russie, parmi la décadence générale du livre qui marque notre époque, une despremières placesdans ledomainederilluslralion.
I. BILIBINE.
I. BILIBINE.
(1) Exposition rétrospective do 190G au Salon d Automne, organisée par M. Serge Diagelew; de 1910, chez Bernheim jeune, organisée par M. Makowsky; exposition des illustrateurs russes à la Société Artistique, et Littéraire russe, organisée par l’auteur de cet article.