Par cela je ne veux: nullement dire que le dessin français soit inférieur au dessin russe. Au contraire ; on n’oubliera jamais que c’est la France qui a libéré l’art mondial du joug du dessin académique, que ce sont les Degas, les Gauguin qui ont aflirmé la beauté de la ligne expressive et rythmique, que ce sont les Daumier, les Toulouse
I. BILIBINE. — Dessin pour un conte russe.
Lautrec qui ont fait valoir toute la magie de la gamme du blanc et du noir. Mais il existe entre le dessin français et le dessin russe une différence de conception. Les artistes français contemporains, avec leur goût pour la volupté des couleurs et des volumes, dessinent, que ce soit pour faire le croquis d’un tableau ou pour faire d’un croquis un tableau, une œuvre en soi,. Les artistes russes, inspirés plutôt de l’exemple des dessinateurs gothiques ou de la Régence, dont la tradition calligraphique s’est perdue dans la France moderne, conçoivent le dessin avant tout comme ornement linéaire, comme partie organique du livre. Certes, dans la France d’aujourd’hui il y a eu et il y a des artistes qui savent orner les livres, comme Braquemont, Lautrec, Lepère, Maurice Denis, Dufy, etc. ; mais les autres parties du livre (page imprimée, couverture, etc.) ne correspondent pas toujours à leurs dessins. Et lorsque l’unité du livre avec son illustration est assurée, celui ci devient alors un bijou de luxe, un joujou de biblio
phile, un ornement de salon, ce qui est en opposition avec la tendance démocratique de l esthétique appliquée moderne, basée sur la simplicité et l’utilité pratique.
I. BILIBINE. — Dessin pour un conte russe.
Lautrec qui ont fait valoir toute la magie de la gamme du blanc et du noir. Mais il existe entre le dessin français et le dessin russe une différence de conception. Les artistes français contemporains, avec leur goût pour la volupté des couleurs et des volumes, dessinent, que ce soit pour faire le croquis d’un tableau ou pour faire d’un croquis un tableau, une œuvre en soi,. Les artistes russes, inspirés plutôt de l’exemple des dessinateurs gothiques ou de la Régence, dont la tradition calligraphique s’est perdue dans la France moderne, conçoivent le dessin avant tout comme ornement linéaire, comme partie organique du livre. Certes, dans la France d’aujourd’hui il y a eu et il y a des artistes qui savent orner les livres, comme Braquemont, Lautrec, Lepère, Maurice Denis, Dufy, etc. ; mais les autres parties du livre (page imprimée, couverture, etc.) ne correspondent pas toujours à leurs dessins. Et lorsque l’unité du livre avec son illustration est assurée, celui ci devient alors un bijou de luxe, un joujou de biblio
phile, un ornement de salon, ce qui est en opposition avec la tendance démocratique de l esthétique appliquée moderne, basée sur la simplicité et l’utilité pratique.