Puvis-Whisller. Lorsque la scission s’est produite, jadis, les artistes qui fondèrent la Société Nationale, s ils n avaient pas une doctrine commune, du
moins représentaient-ils certaines tendances qui s opposaient à l’académisme intransigeant des Artistes Français d’alors : goût de la peinture claire, du réalisme, ombres bleues et violettes. Mais maintenant......vraiment, M. Gu
mery pourrait très bien exposer ses Rois Mages, et M. Rosset-Granger ses Deux Amis, entre La Source bleue de M. Bussière et les Primeurs d’Automne de M. Y. Gilbert.
*
* *
Pour le centenaire de Puvis de Chavannes, la Société Nationale a eu l excellente idée d’organiser une rétrospective de ce grand artiste, qui fut un de ses fondateurs. A part quelques portraits et esquisses, et le beau panneau intitulé Y Automne, on y trouvera surtout des dessins, de ces admirables des
sins, dignes des plus beaux maîtres italiens. Ce qui est merveilleux, c’est que la vérité n y est jamais sacrifiée à la noblesse. Jamais on ne sent que l’artiste ait idéalisé le modèle. Les peintres académiques le faisaient, — et le font encore — oubliant que cette opération doit être quasi-inconsciente, et non pas délibérée. Un Raphaël, un Delacroix ne voyaient pas les vulgarités, les tares, de leur modèle ; de même, un amant ne perçoit pas les défauts, de corps et d’esprit, de celle qu il aime. Puvis, sans jamais mutiler la Nature,
n’en rend que l’essentiel. Il a beau pousser fort loin l’élimination de tout détail, il demeure vrai et naturel. Aussi arrive-t-il, par des voies bien diffé
rentes, il est vrai, à rejoindre son contemporain Degas. Non pas le Degas,
minutieux observateur, des années soixante-dix à quatre-vingt dix, mais celui des vingt dernières années, le Degas des grands fusains amples, sculptu
raux. Voyez plutôt, parmi les dessins de Puvis exposés, cette étude de jeune garçon peignant un vase, ou cet homme courbé sur un carton à dessins.
Cette parenté entre Puvis et Degas s’atténue beaucoup dans les peintures, jusqu’à disparaître, à cause de cette simplification des formes, de cet apla
tissement du modelé, moyens par lesquels Puvis s efforçait de rendre ses œuvres aussi « murales » que possible.
Il faut bien reconnaître qu’il a été souvent trop loin dans cette voie. Par dégoût du trompe-l œil, de la peinture d histoire qui semble un diorama du Musée Grévin, il a parfois raréfié à l’excès l’atmosphère où évoluent ses personnages. Ils semblent baigner dans un air stagnant, et l’on souhaiterait qu’un brusque coup de vent vienne agiter ces feuillages immobiles, fouette ces carnations exsangues.
La technique de Puvis ne contribue pas peu à nous donner cette impres
sion : « Préparez soigneusement votre tableau, disait-il à un de ses élèves, et