fédéral Musy, chef du département suisse des finances, trouva parmi les institutions de banque les sommes nécessaires à la mise sur pied de l entreprise. Les conditions matérielles étant réglées, M. Baud-Bovy réunifies principaux directeurs de musées et quelques artistes. Et 1 on établit le catalogue des
œuvres qui allaient être envoyées à Paris. Le programme comportait, suivant les indications de M. BénédiLe, une exposition rétrospective à l exclusion de tout artiste vivant. Il fut décidé de représenter en un raccourci significatif l’évolution de notre art du xve au xixe siècle et d’en marquer les diverses étapes par des œuvres de peinture surtout, le transport d’ouvrages sculptés et d’objets d art décoratif étant exposé à trop de risques. Nous décidâmes, en tenant compte de l’espace mis à notre disposition, de faire un choix sévère d ouvrages reflétant les traits caractéristiques de notre art national et de consacrer une place importante à nos deux plus fameux peintres modernes, Boecklin et Ilodler.
Cette proposition trouva bon accueil parmi nos confrères. Chaque musée offrit quelques-unes de ses meilleures œuvres, et nous arrivâmes sans peine à constituer un ensemble qui donnait un aperçu exact de notre développement artistique.
Ainsi que M. de Reynold l’a exposé dans la préface au catalogue de l’exposition, la Suisse est un petit pays placé entre plusieurs grandes nations dont les civilisations ont débordé sur son territoire. L allemand, le français,
l’italien, le romanche sont nos quatre langues officielles. Ce n’est que récemment, grâce aux chemins de fer, au télégraphe et au téléphone que des communications faciles et rapides entre les diverses parties de notre pays,
ont été établies et que notre vie nationale s’est unifiée. Avant les temps modernes, la Suisse était composée d Etats souverains, qui avaient chacun leur vie propre et n’étaient liés entre eux que par des intérêts relatifs à leur défense et à la gestion de propriétés communes. Néanmoins l idée suisse existe dès le xve siècle. Les victoires remportées sur les ducs d’Autriche et sur Charles le Téméraire établirent l’indépendance du pays sur une hase solide et, à travers l’internationalisme de la civilisation médiévale, nos artistes de ce temps s’affirmaient par certaines qualités qui restèrent acquises à nos écoles de peinture. La personnalité la plus intéressante de celte époque est ce Conrad Witz, dont nous avons longuement parlé dans la Gazette 1. Le musée de Genève avait envoyé à Paris ses deux volets d’autel, dont les faces extérieures nous présentent la Pêche miraculeuse et la Délivrance de Saint Pierre, les faces intérieures, l Adoration des Mages et le Cardinal de
1. 3e période, t. XXXVIII, 1907, p. 353 et suiv. — 4e période, t. VI, 1911, p. 52 et
suiv. — T. XIV, 1918, p. 305 et suiv.