l’ionique, qui lut compofé fur le modèle d’une beauté féminine , y appropriant toutes les parties ; la volute à la forme de leur coëffure Sc aux treiïes de leurs cheveux, la tige de la colonne à leur taille dégagée,
les cannelures aux plis de leurs robes, 3c la bafe à leur chaufture ; mais comparant le Dorique à un homme fort * comme à un Hercule, qui a
toujours été repréfenté les pieds nuds, on peut juger que les bafes ne conviennent point à cet Ordre.
Cette colonne Dorique étant plus forte que les autres, doit avoir un entablement plus maffif 3c plus haut : il eft ordinairement d’une qua
trième partie de la colonne , 3c dans les autres Ordres il n’a fouvent qu’un cinquième, 3c quelquefois moins. La corniche ne veut être ornée d’au
cuns feuillages, ni d’autres fembiables délicateffies, & fi on lui donne des modillons, ils doivent être quarrés 3c fort fimples. La frife a fon orne
ment réglé, qui font des triglifes, le compartiment defquels oblige à une fujettion très - grande, 3c qui étoit autrefois fi embarraffiante, que les plus grands maîtres avoient de la peine à s’en démêler : mais Vitruve y a trouvé des moyens affiez commodes, qu’on pourra voir en fon qua
trième livre, chapitre 3. Il fuffira cependant que je dife ici, que toute la fujettion confifte à faire que le triglife foit toujours précifément au droit du milieu de la colonne fur laquelle il fe rencontre, 3c que les métopes, c’eft - à - dire, les efpaces d’entre les triglifes, foient parfaite
ment quarrés : car cela eft tellement efièntiel à l’Ordre, qu’on ne doit jamais s’en difpenfer. Ce qui en rend l’exécution difficile vient de la dis
tribution des entre-colonnes, qui ont aufifi leurs diftances régulières Sc
déterminées, lefquelles ne quadrent pas toutes juftement avec celle des triglifes ; voyez le fécond Chapitre du troifiéme livre de Vitruve, commenté par Barbaro*
L’architrave a aufti fon ornement particulier, qui font de certaines gouttes pendantes deifous les triglifes, lefquelles femblent en quelque
façon y être attachées j 3c ne taire qu’une meme chofe, parce qu’on ne voit jamais les uns fans les autres. Tout le corps de l’architrave doit paroître fort Sc bien folide ; pour cet effet, je ne le voudrois que d’une face toute pleine , de peur qu’il ne fût trop faible étant partagé en deux : cependant cela eft de peu de conféquence, pourvu qu’il ne pâlie pas jufqu’à trois, auquel cas la faute feroit notable.
On doit être averti que la hauteur de la colonne n’étant point limitée, ayant quatorze, quinze ou feize modules, on ne peut auffi limiter la hau
teur de l’entablement, qui doit toujours avoir la quatrième partie de la colonne. Toute cette différence d’un entablement à l’autre 11e fe trouve que dans la corniche , parce que la frife 3c l’architrave ont leurs mefures
déterminées Sc précifes ; l’un a un module , l’autre a un module 3c demi, fans avoir égard à la diverfe hauteur des colonnes. Ainfi la corniche de
vant fuppléer à ce qui manque à la frife 3c à l’architrave pour arriver à la hauteur de la quatrième partie de la colonne il eft évident que la corni
che d’un profil ne peut fervir à un autre, quoique du même Ordre, fi lâ hauteur des colonnes n’eft égale en l’un 3c en l’autre. Cette remarque doit fervir à nous faire juger de la bonté des différens profils que les Auteurs modernes nous ont laiffés de cet Ordre.
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