fi l’on excédoit les termes de la proportion, & qu’on panchât trop vers l’une ou l’autre des extrémités.
Pour faire voir aifément la différence qu’on trouve entre les proportions des meilleurs maîtres qui font dans ce Recueil, & celles que les an
ciens avoient données à leurs Ordres * on a réduit les unes & les autres fur le même module, qui eft le demi diamètre de la colonne divifé en 30 minutes, dont 60 font le diamètre entier. On ne s’eft fervi que des mi
nutes , fans ufer des noms de module, de diamètre, de tiers, de quart, ni d’autres femblables proportions, qui auroient embarraffé les defteins de trop d’écriture, & l’on a toujours commencé à mefurer les faillies de cha
que profil depuis la ligne centrale de la colonne, pour avoir en mêmetemps avec la modenature des membres, la pofition & le jufte alignement de fies parties.
On ne blâmera pas la liberté qu’on s’eft donnée d’abréger plufieurs chofes que M. de Chambray avoit dites dans des termes trop étendus, quand on fçaura qu’on n’a rien oublié de tout ce qui peut être utile, & que ce n’a point été une vaine paffion d’écrire, mais l’envie feule de diminuer le
prix de ce Livre, en évitant les frais de l’impreffton. On a cru même que c’étoit obliger le Public que de lui donner le parallèle des meilleurs Auteurs fur les piédeftaux de chaque Ordre, dont on a fait voir toutes les différences, en les réduifant fur un même module. Je n’examine point les raifons que M. de Chambray avoit eues pour s’en exempter, il fuffit de
dire,qu’on en voit prefque dans tous les ouvrages de l’ancienne Rome* que Vitruve nous en a parlé fous le nom de Stylobates, & que les Auteurs, dont M. de Chambray fait le parallèle, nous en ont donné différens profils. Il elf des perfonnes, dont la délicateffe ne les peut fouffrir, 8c qui difent que la corniche des piédeftaux 8c la bafe des colonnes, font enfemble une confufion qui bleffe les yeux : mais ce fentiment eft combattu par une rai
fon auftî forte, l’ufage les a introduits de tout temps, 8c l’on m’avoüera toujours que la néceflité les doit admettre dans ces grands édifices, où la grande faillie de la corniche du fécond Ordre cacheroit la bafe de la co
lonne du troifiéme, ou s’unifiant l’une avec l’autre > occafionneroit une confufion pareille à celle dont on nous reprend. Ajoutez à cela que dans notre maniéré de bâtir, ils fervent à la hauteur de l’appui de nos croifées, que l’on régie fur leur hauteur les jours que l’on donne aux caves 8c aux appartemens bas, 8c que l’Architeéle voyant les différences qui fe trouvent entre chaque Auteur en pourra faire un choix judicieux.