Deux décrets, en date du 23 juillet, insérés au Journal officiel, prononcent la clôture de la session des Chambres. Il a suffi au Sénat d’une demiséance pour voter le budget. C’est assez dire que la politique , suivant le mot d’un général, passe la parole à l’armée.
Le jour même de la clôture de-la session, M. Schneider s’est présenté aux Tuileries, à la tète du Corps législatif, pour exprimer à Sa Ma
jesté les vœux patriotiques de la représentation nationale.
Au discours prononcé par M. Schneider, l’Empereur a répondu :
« Messieurs, j’éprouve une grande satisfaction, « à la veille de mon départ pour l’armée, de pou« voir vous remercier du concours patriotique « que vous avez donné à mon gouvernement.
« Une guerre est légitime lorsqu’elle se fait avec « l’assentiment du pays et l’approbation de ses « représentants.
« Vous avez bien raison de rappeler les paroles « de Montesquieu : « Le véritable auteur de la « guerre n’est pas celui qui la déclare, mais celui « qui la rend nécessaire.
« Nous avons fait tout ce qui dépendait de nous « pour l’éviter, et je puis dire que c’est la nation
« tout entière qui, dans son irrésistible élan, a « dicté nos résolutions.
« Je vous confie, en partant, l’Impératrice qui « vous appellera autour d’elle, si les circonstances « l’exigent. Elle saura remplir courageusement « les devoirs que sa position lui impose.
« J’emmène mon fils avec moi. Il apprendra, « au milieu de l’armée, à servir son pays.
« Résolu à poursuivre avec énergie la grande « mission qui m’est confiée, j’ai foi dans le succès « de nos armes, car je sais que la France est de« bout derrière moi et que Dieu la protège. »
L’argument de Montesquieu ne fait que rendre plus saisissante pour tous les esprits l’astucieuse politique du cabinet de Berlin, et sur ce point l’histoire n’aura qu’une voix pour faire retomber sur la Prusse la responsabilité de-cette guerre.
La France n’avait donc plus qu’à signifier officiellement la déclaration de guerre au gouverne
ment de la Prusse, et cette mission a été remplie par M. Le Sourd, secrétaire de notre ambassade à Berlin, par la remise de la note suivante, que nous mentionnons à titre de document historique.
« En exécution des ordres qu’il a reçus de son gouvernement, le chargé d’affaires soussigné de la France, a l’honneur de porter à la connaissance de Son Excellence le ministre des affaires étran
gères de S. M. le roi de Prusse, la communication suivante :
« Le gouvernement de S. M. l’empereur des Français ne pouvant considérer le dessein d’éle
ver un prince prussien au trône d’Espagne que comme une entreprise dirigée contre la sûreté
territoriale de la France, s’est vu dans la nécessité de demander à S. M. le roi de Prusse l’assurance’ qu’une telle combinaison ne pourrait se réaliser de son consentement. S. M. le roi de Prusse a re
fusé de donner cette assurance, et a affirmé, au
contraire, à l’ambassadeur de S. M. l’empereur qu’il se réservait pour cette éventualité, comme
pour toute autre, la possibilité de prendre conseil des circonstances. Le gouvernement impérial a dû voir, dans cette déclaration du roi, des arrièrepensées menaçantes pour la France et pour l’équi
libre général de l’Europe. Un second fait a donné plus de gravité encore à cette déclaration : c’est l’annonce faite à tous les cabinets du refus de re
cevoir l’ambassadeur de l’Empereur, et d’entrer dans de nouveaux pourparlers avec lui. En con
séquence, le gouvernement français a cru de son devoir de veiller à la défense immédiate de son honneur et de ses intérêts lésés, et de prendre toutes les mesures exigées par la situation : dès maintenant, il se considère en état de guerre avec la Prusse. »
L’épée est donc tirée, et il ne nous reste plus, en présence de notre vaillante armée, qu’à faire des vœux pour les descendants des vainqueurs d’Austerlitz et d’Iéna.
Où le père a passé passera bien l’enfant !
Du côté de la Prusse, aujourd’hui notre ennemie, nous avons à enregistrer toute une série d’actes importants. Tout d’abord nous devons mentionner l’adresse que le Parlement de la Con
fédération du Nord a présentée au roi de Prusse, en réponse au discours que le roi Guillaume a prononcé et que nous avons publié dans notre der
nier numéro. Cette adresse,plus accentuée encore que la harangue souveraine, cherche à raviver dans le cœur des populations allemandes les souvenirs de 1813.
« Gomme au temps des guerres d’indépendance, y est-il dit, un Napoléon nous contraint à la sainte lutte; comme autrefois, les calculs basés sur la méchanceté et la déloyauté viendront échouer contre la force et le droit du peuple allemand. »
Et cela continue ainsi. Le rédacteur de ce haineux document, que l’on dit être M. de Bismark lui-même* est allé jusqu’à nous qualifier de « con
quérant étranger. » C’est oublier un peu trop que le roi de Prusse n’a été qu*un conquérant en Saxe, au Hanovre, à Francfort, dans la Hesse, dans le Nassau, et surtout dans le Schleswig. Notre es
poir est précisément que la guerre actuelle fasse disparaître les effets de la conquête pour rendre .chacun à son autonomie particulière, à ses affinités, à son indépendance.
L’adresse du Reichstag, adoptée à l’unanimité, a été portée au roi qui, en la recevant, a exprimé l’espoir que « la tâche imposée à la nation serait accomplie. » C’est, en vérité, trop de jactance, et nous prions Sa Majesté prussienne de vouloir bien attendre les événements.
Autre question tout aussi grave. On sait qu’une dépêche de M. de Gramont, en date du 21, a ex
posé les manœuvres de la Prusse, qui préparait mystérieusement la candidature du prince de Hohepzollern et espérait obliger la France à accepter le fait accompli ; la dépêche révèle que déjà, en 1869, M. Benedetti avait avisé le cabinet de Berlin que nous ne pourrions pas admettre qu’un prince prussien régnât en Espague.
« M. de Bismark, continue-t-elle, avait déclaré qu’il ne fallait nullement nous préoccuper d’une combinaison que lui-même jugeait irréalisable. »
« M. de Thile engageait sa parole d’honneur que le prince de Hohenzollern n’était pas et ne pourrait pas devenir candidat sérieux à la couronne d’Espagne.
« Si l’on voulait suspecter la sincérité d’assurances officielles aussi positives, les communica
tions diplomatiques cesseraient d’être un gage pour la paix européenne. Ce serait un piège et un danger. »;
En revenant donc inopinément sur la parole donnée, la Prusse nous adressait un véritable défi, et nous devions insister pour obtenir la certi
tude que la renonciation, cette fois, était définitive et sérieuse.
Eh bien ! c’est pour contester cette dépêche et les faits qu’elle avance, que tous les journaux de la Prusse et de l’ Allemagne affirment aujourd’hui,
avec une outrecuidance injurieuse, que jamais il n’avait été question entre M. de Bismark et M. Benedetti de la candidature du prince Hohen
zollern. Une polémique aussi imprudente ne provoque qu’un seul genre de représailles. Il faut que le gouvernement français publie les notes diplomatiques qui sont aux archives du ministère des affaire étrangères. A bas les masques !
Passons au parallèle de la conduite tenue par la Prusse et par la France. Qu’on juge de la différence de conduite des deux gouvernements ! Tan
dis que les Français qui se trouvaient en Prusse, au premier bruit de la rupture de la paix sont expulsés d’Allemagne, l’Empereur a décidé, sur la proposition de Son Exc. le ministre des affaires étrangères, que les sujets de la Prusse et des pays alliés qui lui prêtent contre nous le concours de leurs armes, se trouvant actuellement en France ou dans les colonies, seront autorisés à y conti
nuer leur résidence, tant que leur conduite ne fournira aucun motif de plainte.
L’admission sur le territoire français des sujets de la Prusse et de ses alliés est, à partir de ce jour, subordonnée à des autorisations spéciales qui ne seront accordées qu’à titre exceptionnel. Mais cette différence d’attitude et de procédés ne dit-elle pas de quel côté sont le bon droit et la civilisatron ?
Passons à un autre ordre d’idées, mais tout aussi important pour l’avenir et les résultats de la lutte qui s’engage. Il s’agit de préciser le rôle que jouera l’Europe dans le conflit actuel, et de savoir si ce prologue n’est que le prélude d’une guerre générale, ou si la lutte, définitivement circons
crite, ne sera qu’un duel entre la Prusse et la France.
C’est aujourd’hui la question capitale, et c’est à cette perspective que nous avons déjà consacré, la semaine passée, la dernière partie de notre Revue politique.
A ce sujet, nous n’avons à constater que des nouvelles pleinement rassurantes. Les regards étaient tournés du côté de l’Angleterre et de la Russie. Eh bien ! l’Angleterre et la Russie ont parlé, et la politique de neutralité absolue vient d’être officiellement déclarée par ces deux puissances.
En Angleterre, M. Horsman a demandé à M. Gladstone des explications sur les négociations relatives au retrait de la candidature du prince Léopold, et lorsque l’honorable membre a fait un reproche à la Prusse de s’être privée d’un allié en n’insistant pas sur la nomination du prince Léopold, la Chambre a répondu par des murmures- à ces insinuations. Cette manifestation sym
pathique à la France est l’incident capital de la séance.
La réponse de M. Gladstone a prouvé que les relations des puissances neutres avec les puissan
ces belligérantes sont excellentes. Rien ne peut faire présumer que la neutralité effective soit à la veille d’être rompue. Les assertions de M. Glads
tone s’étendent aussi bien à la Belgique, à la Hollande et à la Suisse qu’aux grandes puissances elles-mêmes. L’Angleterre a donc officiellement proclamé la neutralité.
En Russie, les résolutions du gouvernement, attendues également avec une vive impatience,
sont venues fortifier les espérances de tous ceux qui cherchent à localiser la guerre, en vue de la rendre courte et moins onéreuse.
La déclaration officitdle de neutralité de la Russie est arrivée au cabinet des Tuileries.
La Russie déclare « qu’elle a fait tous ses efforts pour maintenir la paix; mais devant l’attitude résolue et provocatrice des deux puissances belli
gérantes, elle a dû cesser toute démarche. Dans es circonstances actuelles, n’ayant à prendre
conseil que de ses intérêts, pour les sauvegarder,
SOMMAIRE.
Texte: Revue politique de la semaine. — Proclamations de l’Empereur au Peuple français et à la flotte. — Courrier de Paris. - Histoire de la guerre. — En camDagne. — Écrivains et Journalistes à l imprimerie ( suite j. — Le desservant de Saint-Pabu, nouvelle (suite), par Élisa Franck. — Les généraux prussiens. — Nos correspondances. — Le Roi-Guil
laume navire cuirassé prussien. — Revue de la Bourse. — Prévost-Paradol.
Gravures : La Marseillaise à l’Opéra : M. Faure. — La guerre : (6 gravures). — Les généraux prussiens : Le prince Frédéric- Guillaume, fils du roi; — Le prince Frédéric-Charles; — Le
général de Moltke; — Le général Vogel de Falkenstein; — Le général de Roon; — Le général Herwarth. — La marine prussienne: Le Roi-Guillaume, frégate cuirassée de premier rang. — Toulon : Illumination de l’escadre, la nuit de la décla
ration de guerre. — Types et physionomies de l’armée du Rhin : Avant l’entrée en campagne: la baignade dans la Mo
selle, à Metz: — Pèche à ia main dans les fossés des forlificafions de Metz. — M. Prévost-Paradol. — Rébus.
Le jour même de la clôture de-la session, M. Schneider s’est présenté aux Tuileries, à la tète du Corps législatif, pour exprimer à Sa Ma
jesté les vœux patriotiques de la représentation nationale.
Au discours prononcé par M. Schneider, l’Empereur a répondu :
« Messieurs, j’éprouve une grande satisfaction, « à la veille de mon départ pour l’armée, de pou« voir vous remercier du concours patriotique « que vous avez donné à mon gouvernement.
« Une guerre est légitime lorsqu’elle se fait avec « l’assentiment du pays et l’approbation de ses « représentants.
« Vous avez bien raison de rappeler les paroles « de Montesquieu : « Le véritable auteur de la « guerre n’est pas celui qui la déclare, mais celui « qui la rend nécessaire.
« Nous avons fait tout ce qui dépendait de nous « pour l’éviter, et je puis dire que c’est la nation
« tout entière qui, dans son irrésistible élan, a « dicté nos résolutions.
« Je vous confie, en partant, l’Impératrice qui « vous appellera autour d’elle, si les circonstances « l’exigent. Elle saura remplir courageusement « les devoirs que sa position lui impose.
« J’emmène mon fils avec moi. Il apprendra, « au milieu de l’armée, à servir son pays.
« Résolu à poursuivre avec énergie la grande « mission qui m’est confiée, j’ai foi dans le succès « de nos armes, car je sais que la France est de« bout derrière moi et que Dieu la protège. »
L’argument de Montesquieu ne fait que rendre plus saisissante pour tous les esprits l’astucieuse politique du cabinet de Berlin, et sur ce point l’histoire n’aura qu’une voix pour faire retomber sur la Prusse la responsabilité de-cette guerre.
La France n’avait donc plus qu’à signifier officiellement la déclaration de guerre au gouverne
ment de la Prusse, et cette mission a été remplie par M. Le Sourd, secrétaire de notre ambassade à Berlin, par la remise de la note suivante, que nous mentionnons à titre de document historique.
« En exécution des ordres qu’il a reçus de son gouvernement, le chargé d’affaires soussigné de la France, a l’honneur de porter à la connaissance de Son Excellence le ministre des affaires étran
gères de S. M. le roi de Prusse, la communication suivante :
« Le gouvernement de S. M. l’empereur des Français ne pouvant considérer le dessein d’éle
ver un prince prussien au trône d’Espagne que comme une entreprise dirigée contre la sûreté
territoriale de la France, s’est vu dans la nécessité de demander à S. M. le roi de Prusse l’assurance’ qu’une telle combinaison ne pourrait se réaliser de son consentement. S. M. le roi de Prusse a re
fusé de donner cette assurance, et a affirmé, au
contraire, à l’ambassadeur de S. M. l’empereur qu’il se réservait pour cette éventualité, comme
pour toute autre, la possibilité de prendre conseil des circonstances. Le gouvernement impérial a dû voir, dans cette déclaration du roi, des arrièrepensées menaçantes pour la France et pour l’équi
libre général de l’Europe. Un second fait a donné plus de gravité encore à cette déclaration : c’est l’annonce faite à tous les cabinets du refus de re
cevoir l’ambassadeur de l’Empereur, et d’entrer dans de nouveaux pourparlers avec lui. En con
séquence, le gouvernement français a cru de son devoir de veiller à la défense immédiate de son honneur et de ses intérêts lésés, et de prendre toutes les mesures exigées par la situation : dès maintenant, il se considère en état de guerre avec la Prusse. »
L’épée est donc tirée, et il ne nous reste plus, en présence de notre vaillante armée, qu’à faire des vœux pour les descendants des vainqueurs d’Austerlitz et d’Iéna.
Où le père a passé passera bien l’enfant !
Du côté de la Prusse, aujourd’hui notre ennemie, nous avons à enregistrer toute une série d’actes importants. Tout d’abord nous devons mentionner l’adresse que le Parlement de la Con
fédération du Nord a présentée au roi de Prusse, en réponse au discours que le roi Guillaume a prononcé et que nous avons publié dans notre der
nier numéro. Cette adresse,plus accentuée encore que la harangue souveraine, cherche à raviver dans le cœur des populations allemandes les souvenirs de 1813.
« Gomme au temps des guerres d’indépendance, y est-il dit, un Napoléon nous contraint à la sainte lutte; comme autrefois, les calculs basés sur la méchanceté et la déloyauté viendront échouer contre la force et le droit du peuple allemand. »
Et cela continue ainsi. Le rédacteur de ce haineux document, que l’on dit être M. de Bismark lui-même* est allé jusqu’à nous qualifier de « con
quérant étranger. » C’est oublier un peu trop que le roi de Prusse n’a été qu*un conquérant en Saxe, au Hanovre, à Francfort, dans la Hesse, dans le Nassau, et surtout dans le Schleswig. Notre es
poir est précisément que la guerre actuelle fasse disparaître les effets de la conquête pour rendre .chacun à son autonomie particulière, à ses affinités, à son indépendance.
L’adresse du Reichstag, adoptée à l’unanimité, a été portée au roi qui, en la recevant, a exprimé l’espoir que « la tâche imposée à la nation serait accomplie. » C’est, en vérité, trop de jactance, et nous prions Sa Majesté prussienne de vouloir bien attendre les événements.
Autre question tout aussi grave. On sait qu’une dépêche de M. de Gramont, en date du 21, a ex
posé les manœuvres de la Prusse, qui préparait mystérieusement la candidature du prince de Hohepzollern et espérait obliger la France à accepter le fait accompli ; la dépêche révèle que déjà, en 1869, M. Benedetti avait avisé le cabinet de Berlin que nous ne pourrions pas admettre qu’un prince prussien régnât en Espague.
« M. de Bismark, continue-t-elle, avait déclaré qu’il ne fallait nullement nous préoccuper d’une combinaison que lui-même jugeait irréalisable. »
« M. de Thile engageait sa parole d’honneur que le prince de Hohenzollern n’était pas et ne pourrait pas devenir candidat sérieux à la couronne d’Espagne.
« Si l’on voulait suspecter la sincérité d’assurances officielles aussi positives, les communica
tions diplomatiques cesseraient d’être un gage pour la paix européenne. Ce serait un piège et un danger. »;
En revenant donc inopinément sur la parole donnée, la Prusse nous adressait un véritable défi, et nous devions insister pour obtenir la certi
tude que la renonciation, cette fois, était définitive et sérieuse.
Eh bien ! c’est pour contester cette dépêche et les faits qu’elle avance, que tous les journaux de la Prusse et de l’ Allemagne affirment aujourd’hui,
avec une outrecuidance injurieuse, que jamais il n’avait été question entre M. de Bismark et M. Benedetti de la candidature du prince Hohen
zollern. Une polémique aussi imprudente ne provoque qu’un seul genre de représailles. Il faut que le gouvernement français publie les notes diplomatiques qui sont aux archives du ministère des affaire étrangères. A bas les masques !
Passons au parallèle de la conduite tenue par la Prusse et par la France. Qu’on juge de la différence de conduite des deux gouvernements ! Tan
dis que les Français qui se trouvaient en Prusse, au premier bruit de la rupture de la paix sont expulsés d’Allemagne, l’Empereur a décidé, sur la proposition de Son Exc. le ministre des affaires étrangères, que les sujets de la Prusse et des pays alliés qui lui prêtent contre nous le concours de leurs armes, se trouvant actuellement en France ou dans les colonies, seront autorisés à y conti
nuer leur résidence, tant que leur conduite ne fournira aucun motif de plainte.
L’admission sur le territoire français des sujets de la Prusse et de ses alliés est, à partir de ce jour, subordonnée à des autorisations spéciales qui ne seront accordées qu’à titre exceptionnel. Mais cette différence d’attitude et de procédés ne dit-elle pas de quel côté sont le bon droit et la civilisatron ?
Passons à un autre ordre d’idées, mais tout aussi important pour l’avenir et les résultats de la lutte qui s’engage. Il s’agit de préciser le rôle que jouera l’Europe dans le conflit actuel, et de savoir si ce prologue n’est que le prélude d’une guerre générale, ou si la lutte, définitivement circons
crite, ne sera qu’un duel entre la Prusse et la France.
C’est aujourd’hui la question capitale, et c’est à cette perspective que nous avons déjà consacré, la semaine passée, la dernière partie de notre Revue politique.
A ce sujet, nous n’avons à constater que des nouvelles pleinement rassurantes. Les regards étaient tournés du côté de l’Angleterre et de la Russie. Eh bien ! l’Angleterre et la Russie ont parlé, et la politique de neutralité absolue vient d’être officiellement déclarée par ces deux puissances.
En Angleterre, M. Horsman a demandé à M. Gladstone des explications sur les négociations relatives au retrait de la candidature du prince Léopold, et lorsque l’honorable membre a fait un reproche à la Prusse de s’être privée d’un allié en n’insistant pas sur la nomination du prince Léopold, la Chambre a répondu par des murmures- à ces insinuations. Cette manifestation sym
pathique à la France est l’incident capital de la séance.
La réponse de M. Gladstone a prouvé que les relations des puissances neutres avec les puissan
ces belligérantes sont excellentes. Rien ne peut faire présumer que la neutralité effective soit à la veille d’être rompue. Les assertions de M. Glads
tone s’étendent aussi bien à la Belgique, à la Hollande et à la Suisse qu’aux grandes puissances elles-mêmes. L’Angleterre a donc officiellement proclamé la neutralité.
En Russie, les résolutions du gouvernement, attendues également avec une vive impatience,
sont venues fortifier les espérances de tous ceux qui cherchent à localiser la guerre, en vue de la rendre courte et moins onéreuse.
La déclaration officitdle de neutralité de la Russie est arrivée au cabinet des Tuileries.
La Russie déclare « qu’elle a fait tous ses efforts pour maintenir la paix; mais devant l’attitude résolue et provocatrice des deux puissances belli
gérantes, elle a dû cesser toute démarche. Dans es circonstances actuelles, n’ayant à prendre
conseil que de ses intérêts, pour les sauvegarder,
SOMMAIRE.
Texte: Revue politique de la semaine. — Proclamations de l’Empereur au Peuple français et à la flotte. — Courrier de Paris. - Histoire de la guerre. — En camDagne. — Écrivains et Journalistes à l imprimerie ( suite j. — Le desservant de Saint-Pabu, nouvelle (suite), par Élisa Franck. — Les généraux prussiens. — Nos correspondances. — Le Roi-Guil
laume navire cuirassé prussien. — Revue de la Bourse. — Prévost-Paradol.
Gravures : La Marseillaise à l’Opéra : M. Faure. — La guerre : (6 gravures). — Les généraux prussiens : Le prince Frédéric- Guillaume, fils du roi; — Le prince Frédéric-Charles; — Le
général de Moltke; — Le général Vogel de Falkenstein; — Le général de Roon; — Le général Herwarth. — La marine prussienne: Le Roi-Guillaume, frégate cuirassée de premier rang. — Toulon : Illumination de l’escadre, la nuit de la décla
ration de guerre. — Types et physionomies de l’armée du Rhin : Avant l’entrée en campagne: la baignade dans la Mo
selle, à Metz: — Pèche à ia main dans les fossés des forlificafions de Metz. — M. Prévost-Paradol. — Rébus.