INTRODUCTION
Dans un précédent écrit j ai eu l’agréable occasion de féliciter un exposant d’avoir employé dans plusieurs dessins d étoffes et de papiers peints des formes jusqu’ici presque délaissées; j’entends parler des formes animales.
Qu’y a-t-il là de si étonnant, me dira-t-on avec quelque raison; est-ce une chose nouvelle et propre à attirer des félicitations spéciales à son auteur ?
Comment donc, cher lecteur, c’est non seulement une chose nouvelle, mais c’en est même une audacieuse, merveilleuse, prodigieuse! Vous ignorez donc que d’un bout à l’autre de la forêt industrielle, la plupart des pauvres animaux sont abhorrés, pourchassés, interdits, proscrits! Vous ne savez peut-être pas qu’on n’y tolère que les Griffons, Chimères et Lions à face humaine de la défroque classique ; que les plus hardis ont osé hasarder quelques Colombes, Hérons ou Colibris; que l’Hirondelle s’est quelquefois timidement faufilée dans ses rameaux, alors que l’Aigle fier et malheureux n’y entre plus depuis longtemps, pas plus du reste que le Coq familier banni comme tant d’autres.
Un égal ostracisme s’exerce sur le royaume aquatique en son entier, sauf toutefois une illustre exception : j’ai nommé le Dauphin, l’immortel Dauphin que vous connaissez si bien avec sa grosse tête, sa belle paire de moustaches
et son regard tour à tour irrité ou bon enfant. Quelle est la fontaine qui ne possède son Dauphin, et combien ce cher ami n’a-t-il pas depuis des siècles rendu de services aux arts ? Le dessinateur à court d’invention avait bien vite fait de disposer une belle paire de Dauphins à la tête énorme lançant deux jets hardis, aux moustaches formidablement traînantes, à la queue retroussée en cor de chasse, flanqué de roseaux qui ne poussent que dans l’eau douce, et voilà un gros espace qui se trouvait comblé avec un « motif riche » à la satisfaction générale.
Autrefois, du moins, on voyait dans le règne ornemental, le Papillon,