artistique, en apôtres du Beau, ont cru une fois encore à la noblesse de cette tâche qui consiste à servir une des formes de l’Art, si passagère sembla-t-elle, avec désintéressement. Ils ont cru avec raison que, puisque de grands artistes ont parfois daigné faire des ex-libris, puisque plusieurs d’entre eux se sont même plu à étendre les formes de ces vignettes et à en chercher de nouvelles, il serait bon de fonder une
revue coquette, soignée et agréable qui serait comme l’écrin où viendraient s enfermer quelques-uns de ces petits bijoux d’art accompagnés des vivants commentaires dont ils sont dignes. Ceci n est donc rien de plus et rien de moins qu’une revue d’art dont l’unique raison et le but unique seront d’être une histoire documentaire, anecdotique et pratique de l’ex-libris. Et qu’est-ce qu’un ex-libris? Est-il vraiment si oiseux de se le demander au seuil d une revue qui lui sera uniquement dédiée. A y réfléchir, l’ex-libris est une des formes — la moins désagréable sans doute, parce quelle est artistique — de la vanité humaine. Qu’on veuille bien ne pas se froisser de cette considération ; je parle sans ironie. Ne consacre-t-il pas l instinct de la propriété en appo
sant sur le Livre, dépositaire auguste de la pensée, le nom de celui qui en réclame l’unique possession. Je constate en passant le fait, sans le blâmer : à Dieu ne plaise que je fasse le procès de l’ex-libris qui est une chose exquise et l’une des formes mineures de l art à laquelle s’attache sans conteste le plus de séduction. L’ex-libris héraldique n’était-il point, au temps de la chevalerie et de la “gaie science,, l’affirmation
répétée d’un grand orgueil nobiliaire. Aujourd’hui l’ex-libris, oubliant son origine et sa raison première d’exister, n’est