de la plupart des feuilles reçues. Trop de collectionneurs supposent qu’il suffit d’accoller une image vulgaire et le terme d’ex-libris pour constituer une pièce d’échange. Certes, libre à ces amateurs d’adopter comme marque le plus mauvais dessin qui soit, mais, par grâce, qu’ils ne forcent point les autres à en subir la vue, même un moment. Ceci d ailleurs s’adresse aussi aux dessinateurs.
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Nous, Belges, sommes surtout sensibles à la truculence. Je ne crois pas que chez nos peintres, ce goût pour la couleur, leur faisant délaisser la forme et le fond, soit seulement atavique. Cette tendance est le plus souvent la résultante d’un manque de culture, d’intellectualité. Par mes échanges je puis juger que cette remarque s applique à nombre de dessinateurs étrangers. J aurais facile à illustrer ces dires.
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On peut arguer que le goût ne s’apprend pas, mais il est certain qu’il se cultive, et peut se développer dans un certain sens. Et ce, par un exercice constant de l’intellect. D’ailleurs toute œuvre durable doit se marquer d’un signe, d’une visée symbolique, allant au delà de la nature, en filtrant celle-ci au travers d’un cerveau puissamment meublé d’images. Et voilà le réel rôle de l’artiste. Celui qui se plait à réaliser, en quelque forme, exactement ce qu’il voit, donne la preuve d’un manque de force créative nécessaire pour faire œuvre d’élite, et les marques de livres devraient