L’ex-libris belge n’est pas encore sérieusement étudié, les ouvrages sont rares. Pourtant, un gros volume déjà ne suffirait plus. Fernand Khnopff, le délicat peintre-esthète, en un article paru dans le Studio (I), déplorait spiri
tuellement le petit nombre d’ex-libris en Belgique : “ Je prie vivement mes lecteurs, „ disait-il, “ de croire le plus longtemps possible que, si le petit nombre des ex-libris en Belgique est extraordinaire, c’est que la probité des emprunteurs de livres y est également extraordinaire „. Nous n’en sommes plus là. La probité aurait-elle disparu? Je ne le crois guère. La floraison d’ex-libris est plutôt due aux influences étrangères; nos artistes, en voyant les mouvements ex-libristes des pays environnants, se sont mis à la besogne, et en une quinzaine d années, ont produit un fond de ces feuilles, tout à leur honneur. En effet, une chose est remarquable, et caractérise même l ex-libris belge et français, c’est la parfaite entente de sa destination.
Il faut bien le dire, si l étranger possède des marques de livres plus importantes, comme format surtout, cela tient uniquement à la destination même de ces feuilles, faites uniquement en vue de l’échange, et visant donc plus au luxe qu’au côté pratique. Dans les collections étrangères se rencontrent peu d’ex-libris au sens véri
table du mot. Or, on peut affirmer que chaque pièce belge représente un bibliophile, connaissant et aimant le livre, et n’y plaçant qu une marque simple, de petite dimension, ne déparant en somme pas le volume.


Cela tend à dire que le bibliophile n’est devenu collec


(i) Modem Book-Plates & their Designers. Winter number of the Studio, 1898-9,
Londres.