velée plus tard à Orléans, et faillit réussir1. En tout cas, notre maître verrier n’était, pas, comme on a pu le croire et même le prétendre, un
imitateur, un plagiaire des faïenciers de Delft ; c’était vraisemblablement un homme à l’esprit éveillé, curieux, chercheur, en un mot un réel inventeur.
C’était, en outre, un industriel d’une prodigieuse activité, connaissant le prix des jours, et même des heures. Notre ami regretté, M. J.-H. Scheffer, nous le montre en effet, aux mois de février 1613, janvier et février 1614, assisté d’un cortège de commanditaires, car il est question, dans ces documents, de « Claes Jansz Wytmans ende syne compagnie », occupé à négocier des cessions de terrains et à obtenir du Magistrat de Rotterdam le droit exclusif de fabriquer des verres à vitres et vitraux de fenêtres surtoute l’étendue de la juridiction de cette ville. Puis, le 14 avril 1614 — remarquez cette date, qui est précisément celle du privilège octroyé par les États Généraux, — il sollicite de cette même municipalité la faculté d’établir une fabrique de porcelaine ( porseleynbakkery ) à côté de sa verrerie, et réclame en outre, pour une durée de cinq années, l’exemption des droits d’accise pour la « foule des ouvriers qui, dit-il, vont être employés dans son usine2».
Quelle fut la destinée de cette intéressante tentative? Dans un titre inscrit au Livre des donations (Giflboek) de la ville, il est encore fait men
tion de la fabrique de porcelaine, à la date du 12 mai suivant. Puis, il n’en est plus question dans les pièces officielles. « Ce qu’il advint de cet établissement, écrivent en substance MM. Scheffer et Obreen, n’est pas par
venu jusqu’à nous; quant à la verrerie, ajoutent-ils, il semble que dès celte époque elle soit passée en d’autres mains ». — Que conclure de ce silence ?
Vraisemblablement, la porcelainerie de Rotterdam n’eut qu’une existence éphémère. Quant à son promoteur, il paraît s’être expatrié, car nous le retrouvons vingt-cinq ans plus tard à Ulreeht, vaincu, mais non découragé, poursuivant la solution d’un problème qui, pendant deux siècles,
passionna l’Europe occidentale, et renouvelant sans plus de succès ses curieuses tentatives3.
1. A Orléans, le verrier Perrot fabriqua, lui aussi, des céramiques imitant si bien la porcelaine chinoise «que plusieurs personnes ont été trompées à la vue », dit le Mercure de décembre 1686,
Or, parmi ces « plusieurs personnes », figuraient les ambassadeurs du roi de Siam, qui devaient avoir quelque compétence en ces matières.
2. J.-H Schelfer et Fr. Obreen, Rotrerdamsche Historiebladen, t. III, p.740.
3. Cf. S. Muller Frz, Archief voor Nederlandsche Kunstgeschiedenis, t. 111, p. 210.