qui fut jadis le jardin royal. Quand on n’absorbe pas de glaces ou de sorbels sur la place, on les prend sur le quai. On y a, comme divertissement, la vue de la frégate stationnaire qui, chaque nuit, tire un coup de ca,non réglementaire.
Auprès de la balustrade s’assirent deux Anglais, père et fils. Les chaises italiennes sont frêles; le père était de ces anglais surnourris dont les clowns de cirques nous donnent l’image artificielle, avec ventre proéminent qui (chez les clowns), est composé de vessies que l’on crève finalement dans une culbute, à la très grande joie des spectateurs de tous âges.
Evidemment le gin et le wisky natifs avaient seuls pu enluminer ainsi ce visage, grâce à un entraînement persévérant. Cet excellent insulaire était d’ailleurs fort jovial.
Le fils était aussi décharné et silencieux que le palcrfamilias était opulent au physique et exubérant au moral. La conversation n’en était pas moins des plus vives...


.,. Lorsque, sans avis préalable, retentit la formidable détonnation du canon.


Le joyeux Anglais, non prévenu, fit un terrible bond et, retombant sur la chaise, celle-ci succomba sur l’instant, laissant sur le carreau l’auteur du désastre.
Sur cet incident imprévu se produit le revirement nécessaire à toute pièce bien faite, affirmait Sarcey. Le gros Anglais jurait ses : dieux me damne ! tandis que ce fut au fils, subite
ment déridé, à se tenir les côtes ; et plus pestait le père et plus riait le fils, accompagné en chœur par toute la galerie.


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* *


Ce fut un juste retour des choses d’ici-bas; le lecteur en peut conclure que Venise a, comme il peut le voir, bien des séductions.
Par un autre retour revenons enfin à ce que disait M. Nozière. C’est lui qui, déplorant donc la grève des gondoliers et l abstinence... photographique qu’elle impose momenta
nément aux jeunes époux, voulait leur trouver quelque part une consolation, un lieu d’élection pour y promener leurs ten_ dresses autorisées, un abri qui fut en même temps un sanctuaire digne d’abriter celles-ci.
Ayant cherché partout, il n’en trouva qu’un seul, dit-il: c’est le Salon d’architecture, séjour discret qui n’avait pas été créé à cet usage et n’en est pas moins le confident le plus silencieux et le plus sûr.
« 0 architectes ! s’écrie-t-il : dans les divers Salons, les salles réservées à votre architecture sont toujours désertes et pro
pices même aux dangereux tête-à-tête. Qui ne se rappelle avec reconnaissance un plan de mausolée, ou bien un projet de maison ouvrière devant lequel desmains sesontunies? »
Heureux ceux qui gardent de tels souvenirs; et, sans s’en froisser autrement, la noble architecture doit regarder ces mystérieux rendez-vous d’un regard protecteur et indulgent ; sans être flattée outre mesui’e, il est vrai, de la préférence.
Il faut se résigner gaîmenl à ce qu’on ne peut empêcher. Aussi lui conseillons-nous, prenant bravement son parti,


d’écouter les conseils de M. Nozière. Il ne faut pas faire les choses à demi. Recueillons les conseils judicieux de cet écri


vain très avisé. Au prochain Salon, souhaitons de voir les salles d’architecture transformées grâce à quelques lagunes additionnelles que l’on pourrait farilement pratiquer dans
les planchers; l’installation n’en serait pas coûteuse; non plus que l’achat de quelques gondoles et de quelques Soupirs avec leurs ponts correspondants.
Un photographe attaché à l’établissement permettrait de reconstituer chez nous une institution, séculaire en Italie, qui serait facilement une source de revenus fort appréciables.
Nous devons lutter, par tous les moyens licites, contre la concurrence étrangère; la grève des gondoliers est une occasion dont nous devons profiter sans scrupules.
P. Planât.


EXPOSITION INTERNATIONALE D’HYGIÈNE


Industries du batiment
( Voyez XIXe année, page 621. )
Malgré notre désir de faire connaître à nos lecteurs tout ce qui peut intéresser les constructeurs dans cette exposition de l’Hygiène, nous avons dans notre compte rendu omis do signaler quelques-uns des produits ou objets exposés.
La faute en est à nous, qui avons passé trop rapidement peut-être devant les longues rangées de Stands; peut-être aussi, ceux-ci n’étaient-ils pas suffisamment prêts au moment de notre visite.
Nos lecteurs ont pu déjà voir dans de précédentes expositions, la maquette d’une originale construction, due à la col


laboration de M. le Dr Pellegrin et de M. E.Petit, architecte à Paris.


Elle représente une villa, justement appelée « Villa Tournesol », puisque le principe de sa construction est d’exposer durant toute la journée sa façade au soleil. C’est une villa hygiénique par excellence, autant par sa constante exposition au soleil, que par les matériaux qui entrent dans sa confection.
Elle est destinée à mettre en pratique, d’une façon scientifique perfectionnée, l’héliothérapie ou la cure de soleil pour
Villa Tournesol. — Coupe.