L EXPOSITION D ART FRANÇAIS DU XYIIU SIÈCLE


s
A BERLIN


V


ous me faites trop de grâce de penser à Rheinsberg. Tout y est meublé, et il y a deux chambres pleines de tableaux... La plu
part de mes tableaux sont de Watteau et de Lancret, peintres français de l école du Brabant. » C’est ainsi qu’au mois de novembre 1739, le grand Frédéric, alors prince héritier de Prusse, écri
vait à sa sœur, la margrave d’Ansbach. Il aimait, en effet, ces peintres « de l’école du Brabant », qui composaient autour de lui une atmosphère d’élégance et de fantaisie, où il lui plaisait d’oublier le dur métier de prince auquel son père l’avait astreint ; c’était, disait-il, son « île des bienheureux », un refuge où lire Voltaire et jouer de la flûte. Et pendant quinze années son goût pour l’art français ne se démentit pas. Monté sur le trône en 1740, il accumulait dans ses châteaux les acquisitions qu’il faisait à Paris, — au meilleur compte possible; Charlottenbourg,
Potsdam, Sans-Souci, s’emplissaient, après Rheinsberg, de peintures, de
sculptures, de meubles et de bibelots. Des artistes de France travaillaient sous ses yeux : Pesne et Amédée Van Loo, François-Gaspard Adam et