sique : on peut observer que le pied de gauche est unique et se présente de profil, tandis que ceux de droite, qui se recouvrent, sont de face ; c’est de cette table rectangulaire à trois pieds que les Grecs du vie et du v° siècle se servaient de préférence dans leur repas, et le sculpteur l’a reproduite ici avec la plus attentive exactitude ; le plateau, fixé dans une encoche pra
tiquée sur la tranche supérieure des supports, vient buter contre celui de gauche et déborde ceux de droite ; entre lui et le cadre du lit, on a laissé une certaine épaisseur de marbre sur laquelle étaient peints les vases et les gâteaux offerts au repas du mort ; je m’excuse d’insister sur ces infini
ment petits, mais pourquoi aurions-nous le droit de les négliger, quand un artiste ne les a pas dédaignés ? Dans ce souci du détail se révèle ce respect de la vérité, humble ou magnifique, qui fut le principe et la source de la grandeur de l’art hellénique. Et qu’on n’imagine pas que cette minutie ne va pas au delà de l’imitation servile des formes extérieures. N’est-il pas vrai que, par la netteté des lignes, par la sécheresse du profil, par un je ne sais quoi de métallique dans son aspect, nous verrions tout de suite, même si nous n’en étions avertis par la forme des pieds, que ce grand vase pansu et son support sont, non pas en terre cuite, mais en bronze? Exprimer avec tant d’aisance la nature même de la matière n’est pas à la portée de tous.
On connaît aujourd’hui plusieurs centaines de reliefs qui représentent cette même scène ; le musée d’Athènes en possède une très riche série de belle époque attique, et, à Constantinople même, on en trouve plus de soixante exemplaires qui s’échelonnent du ve siècle aux derniers temps de l’empire. Je crois qu’il y faut voir simplement une transposition,
dans la vie d’au delà, d’une scène ordinaire de la vie terrestre ; le mort y mange, entouré de sa femme, de ses esclaves, de ses animaux favoris,
comme il faisait dans sa demeure ; ce que nous voyons, ici et le plus souvent, ce n’est pas le repas à proprement parler, le deipnon, ce n’en est que le dernier service, les secondes tables sur lesquelles on prend le dessert, gâteaux, fruits et menues friandises ; c’est le commencement du symposion et le moment où l’on se met à boire. Ce caractère réaliste d’une conception qui se compliqua dans la suite d’un symbolisme plus raffiné explique l’identité presque complète, aux époques les plus anciennes, des représentations du banquet des morts et du festin des vivants. Je regrette
tiquée sur la tranche supérieure des supports, vient buter contre celui de gauche et déborde ceux de droite ; entre lui et le cadre du lit, on a laissé une certaine épaisseur de marbre sur laquelle étaient peints les vases et les gâteaux offerts au repas du mort ; je m’excuse d’insister sur ces infini
ment petits, mais pourquoi aurions-nous le droit de les négliger, quand un artiste ne les a pas dédaignés ? Dans ce souci du détail se révèle ce respect de la vérité, humble ou magnifique, qui fut le principe et la source de la grandeur de l’art hellénique. Et qu’on n’imagine pas que cette minutie ne va pas au delà de l’imitation servile des formes extérieures. N’est-il pas vrai que, par la netteté des lignes, par la sécheresse du profil, par un je ne sais quoi de métallique dans son aspect, nous verrions tout de suite, même si nous n’en étions avertis par la forme des pieds, que ce grand vase pansu et son support sont, non pas en terre cuite, mais en bronze? Exprimer avec tant d’aisance la nature même de la matière n’est pas à la portée de tous.
On connaît aujourd’hui plusieurs centaines de reliefs qui représentent cette même scène ; le musée d’Athènes en possède une très riche série de belle époque attique, et, à Constantinople même, on en trouve plus de soixante exemplaires qui s’échelonnent du ve siècle aux derniers temps de l’empire. Je crois qu’il y faut voir simplement une transposition,
dans la vie d’au delà, d’une scène ordinaire de la vie terrestre ; le mort y mange, entouré de sa femme, de ses esclaves, de ses animaux favoris,
comme il faisait dans sa demeure ; ce que nous voyons, ici et le plus souvent, ce n’est pas le repas à proprement parler, le deipnon, ce n’en est que le dernier service, les secondes tables sur lesquelles on prend le dessert, gâteaux, fruits et menues friandises ; c’est le commencement du symposion et le moment où l’on se met à boire. Ce caractère réaliste d’une conception qui se compliqua dans la suite d’un symbolisme plus raffiné explique l’identité presque complète, aux époques les plus anciennes, des représentations du banquet des morts et du festin des vivants. Je regrette