une bouche petite, mais épaisse, un menton osseux, pointu, lourd, qui se relie au cou par une ligne assez sèche. Aucune des tètes n’a été entière
ment respectée des siècles et l’une d’elles a perdu le nez (lîg. 1), mais, par
une chance rare en archéologie, celle qui est la meilleure de facture est également celle qui a souffert le moins (flg. 4 et pl. p. 251) : si l’émail des sourcils manque, les
yeux sont intacts, et l’épiderme est sans égratignures. Je ne pense pas qu’il y ait dans la sculpture égyptienne de cette époque une physionomie plus énergique et plus vi
vante : la bouche se serre comme pour rete
nir la parole qui veut s’échapper, les narines s’enflent et palpitent,
le regard s’enfonce aigu et franc dans celui du visiteur. L’albâtre,
en vieillissant, s’est revêtu d’un ton doré qui rappelle le teint mat des grandes dames égyptiennes, toujours abritées sous le voile
et dont jamais l’atteinte du soleil ne brûle la peau. Rien d’étonnant si beaucoup ont éprouvé devant nos canopes la sensation d’une tête de femme, et, sachant les circonstances de la découverte, se sont imaginé apercevoir la femme la plus célèbre qu’il y eût alors dans l’empire égyptien, la reine douairière Tîyi.
Il serait possible à la rigueur qu’il en fût ainsi, car, d’un côté, la coiffure et le collier qui emboîte le tour du cou sont communs aux deux sexes, et
Fig. 2. — Le roi Khouniatonou. Tete de canope en albâtre trouvée à Thèbes.
ment respectée des siècles et l’une d’elles a perdu le nez (lîg. 1), mais, par
une chance rare en archéologie, celle qui est la meilleure de facture est également celle qui a souffert le moins (flg. 4 et pl. p. 251) : si l’émail des sourcils manque, les
yeux sont intacts, et l’épiderme est sans égratignures. Je ne pense pas qu’il y ait dans la sculpture égyptienne de cette époque une physionomie plus énergique et plus vi
vante : la bouche se serre comme pour rete
nir la parole qui veut s’échapper, les narines s’enflent et palpitent,
le regard s’enfonce aigu et franc dans celui du visiteur. L’albâtre,
en vieillissant, s’est revêtu d’un ton doré qui rappelle le teint mat des grandes dames égyptiennes, toujours abritées sous le voile
et dont jamais l’atteinte du soleil ne brûle la peau. Rien d’étonnant si beaucoup ont éprouvé devant nos canopes la sensation d’une tête de femme, et, sachant les circonstances de la découverte, se sont imaginé apercevoir la femme la plus célèbre qu’il y eût alors dans l’empire égyptien, la reine douairière Tîyi.
Il serait possible à la rigueur qu’il en fût ainsi, car, d’un côté, la coiffure et le collier qui emboîte le tour du cou sont communs aux deux sexes, et
Fig. 2. — Le roi Khouniatonou. Tete de canope en albâtre trouvée à Thèbes.