duc de Devonshire, une copie du Doreur sert de pendant à un portrait de la même personne qu’on voit sur la toile de l’Ermitage confirmait la suppo
sition de MM. Neumann et Hofstede de Groot; un document, que j’ai publié récemment dans Oud Holland, établit définitivement son exactitude : c’est le testament de Baertge Martens. Il est question, dans ce document, des deux originaux de Rembrandt et de plusieurs copies. Mme Doomer atta
chait évidemment un grand prix à ces portraits que le maître avait peints pour son mari (peut-être en échange de quelques beaux cadres d’ébène, car Doomer travaillait pour les meilleurs peintres d’Amsterdam)1 : elle exprime le désir que chacun de ses enfants en possèdent des copies dès qu’ils seront mariés2.
Il est aussi question, dans le testament, d’un portrait de la femme de l’ébéniste peint d’après nature par son fils Lambert. Nous reproduisons cette toile (p. 405) ; c’est précisément celle qui fait pendant, chez le duc de Devonshire, à la copie du Doreur. Elle est signée en toutes lettres ; ce
n’est point, comme on l’a cru, une copie du portrait de Rembrandt, dont elle diffère considérablement, mais une oeuvre originale, et l’une des meil
leures que nous connaissions de Lambert Doomer. La bonne femme n’était pas jolie, et ni son fils ni Rembrandt n ont cherché à la flatter, mais l’un et l’autre ont su nous faire deviner sa bonté, sa tendresse maternelle, ses qualités d’excellente ménagère.
Il n’est pas étonnant que, fils d’un ébéniste fréquenté par des peintres tels que Rembrandt, van der Helst, Molenaer, Bleker, Mathieu Bloem, Jan Looten, les frères Luttichuijs et probablement bien d’autres encore,
Lambert Doomer ait été attiré par l’art, et qu’il soit devenu peintre luimême. Je me propose de réunir ici tout ce que, au cours de vingt-cinq ans de recherches, j’ai pu découvrir concernant cet artiste, jusqu’à présent fort mal connu 3. Houbraken ne le mentionne même pas; mais combien
1. Herman Doomer avait aussi inventé un procédé pour imprimer des portraits sur baleine au moyen de matrices de fer ; Herman et son fils Mathieu obtinrent en 1641 un brevet des Etats généraux pour cette invention. Avant lui, un Anglais du nom d Osborne avait lait des portraits semblables, non sans valeur, qui sont devenus très rares.
2. On rencontre un peu partout de ces copies : j’en ai vu une du portrait du père au musée de Brunswick, une du portrait de la mère chez M. Pichon, à Paris, et plusieurs autres dans le commerce.
3. Les documents utilisés dans cette étude se trouvent principalement dans les dossiers des notaires Lislingh, N. Brouwer, P. Carel, J. de Winter, P. de Bary, à Amsterdam, et du notaire J. van Sonnevelt, à Leyde.
sition de MM. Neumann et Hofstede de Groot; un document, que j’ai publié récemment dans Oud Holland, établit définitivement son exactitude : c’est le testament de Baertge Martens. Il est question, dans ce document, des deux originaux de Rembrandt et de plusieurs copies. Mme Doomer atta
chait évidemment un grand prix à ces portraits que le maître avait peints pour son mari (peut-être en échange de quelques beaux cadres d’ébène, car Doomer travaillait pour les meilleurs peintres d’Amsterdam)1 : elle exprime le désir que chacun de ses enfants en possèdent des copies dès qu’ils seront mariés2.
Il est aussi question, dans le testament, d’un portrait de la femme de l’ébéniste peint d’après nature par son fils Lambert. Nous reproduisons cette toile (p. 405) ; c’est précisément celle qui fait pendant, chez le duc de Devonshire, à la copie du Doreur. Elle est signée en toutes lettres ; ce
n’est point, comme on l’a cru, une copie du portrait de Rembrandt, dont elle diffère considérablement, mais une oeuvre originale, et l’une des meil
leures que nous connaissions de Lambert Doomer. La bonne femme n’était pas jolie, et ni son fils ni Rembrandt n ont cherché à la flatter, mais l’un et l’autre ont su nous faire deviner sa bonté, sa tendresse maternelle, ses qualités d’excellente ménagère.
Il n’est pas étonnant que, fils d’un ébéniste fréquenté par des peintres tels que Rembrandt, van der Helst, Molenaer, Bleker, Mathieu Bloem, Jan Looten, les frères Luttichuijs et probablement bien d’autres encore,
Lambert Doomer ait été attiré par l’art, et qu’il soit devenu peintre luimême. Je me propose de réunir ici tout ce que, au cours de vingt-cinq ans de recherches, j’ai pu découvrir concernant cet artiste, jusqu’à présent fort mal connu 3. Houbraken ne le mentionne même pas; mais combien
1. Herman Doomer avait aussi inventé un procédé pour imprimer des portraits sur baleine au moyen de matrices de fer ; Herman et son fils Mathieu obtinrent en 1641 un brevet des Etats généraux pour cette invention. Avant lui, un Anglais du nom d Osborne avait lait des portraits semblables, non sans valeur, qui sont devenus très rares.
2. On rencontre un peu partout de ces copies : j’en ai vu une du portrait du père au musée de Brunswick, une du portrait de la mère chez M. Pichon, à Paris, et plusieurs autres dans le commerce.
3. Les documents utilisés dans cette étude se trouvent principalement dans les dossiers des notaires Lislingh, N. Brouwer, P. Carel, J. de Winter, P. de Bary, à Amsterdam, et du notaire J. van Sonnevelt, à Leyde.