limitée. Il faut bien qu’elle redevienne architecturale, c est-à- dire qu’elle en revienne à subordonner le détail à l’ensemble, l’ornementation à l’ordonnance générale: qu’elle fasse valoir
les qualités d’ordre supérieur qui lui sont propres, c est-à-dire le mérite de la composition, la valeur des belles proportions.
Nous sommes arrivés aujourd hui, par la voie dés mêmes abus, ou d’abus semblables à ceux du xvIIIe siècle, au même carrefour. Il faut même, comme aux temps mythologiques, choisir entre le Vice et la Vertu. En art, tout au moins, le
vice a bien quelques charmes, mais ils sont trompeurs; on est contraint, tôt ou tard, de revenir à la vertu architecturale.
Il faut seulement se rappeler le vulgaire mais expressif dicton: « Faut de la vertu, pas trop n’en faut », et se rappeler
aussi que par là succomba jadis, une première fois, un retour sincère mais finalement exagéré, vers le simple et le vrai: le
style Louis XVI tombant dans le style Empire et de là dans le style (? ) Restauration.
Comme on le dit et le répète aux artistes, ils devront bien se garder de s engager dans la stricte imitation, ennemie de toute originalité, dans la vulgaire copie de styles qui ont produit jadis ce qu’ils pouvaient et devaient produire. Mais il
est permis aux artistes et il leur est utile d’étudier les styles de bon aloi, pour y discerner ce qui est et demeure immuable
ment beau, parce que celte beauté est fondée sur le raison
nable, le juste et le vrai. Il appartient ensuite à l’artiste de sʼapproprier ccs qualités, ainsi constatées, pour les utiliser au gré de son talent personnel.
Le recueil actuel n’a donc dʼautre prétention que de placer sous les yeux des architectes de nombreux exemples empruntés aux maîtres les plus célèbres de cette seconde moitié du
xviiie siècle. C’est, comme on dit en littérature, un simple Recueil de « morceaux choisis ».
On ne doit pas sʼattendre à trouver ici une série de monographies minutieusement complétées pour chaque édifice. Ces sortes de publications sont fort utiles pour qui veut constater que la plupart de nos grands palais, de nos monuments recèlent des échantillons de tous les styles, repris, modifiés, transformés aux périodes successives de l’art. Elles présente
raient pour l’architecte un assez sérieux inconvénient: les styles Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. les styles premier Empire, Restauration, Louis-Philippe, Napoléon III et troisième République, y sont souvent superposés de telle façon et si
bien entremêlés de restitutions et de pastiches, qu’il devient difficile, sans un très consciencieux examen, de discerner ce qui est authentique de ce qui ne l’est pas, ou de séparer ce qui appartient à des époques de transition trop indécise encore, de ce qui est vraiment typique.
Aussi paraît il préférable, en indiquant la date de chaque ouvrage, de présenter ici un choix très varié, dans lequel on trouvera des applications d’une bonne architecture à des destinations très diverses: palais, monuments publics, églises, chapelles, hôpitaux, hôtels privés, fontaines, etc., etc.
Nous avons eu soin d’écarter les réparations, restaurations, restitutions qui, par suite de nos nombreuses révolutions, d’incendies, d agrandissements, d’occupations ultérieures, ont peu à peu dénaturé tout ou partie de nos édifices; nous atta
chant, autant que possible, à ne présenter que les parties subsistantes dont l origine est assez connue pour quʼon puisse les considérer comme authentiques.
Nous préférons nʼoffrir ainsi que des fragments, lorsque fragments il y a, ou les motifs vraiment caractéristiques, lorsque subsistent des ensembles à peu près complets. Nous
tenons surtout à ne pas proposer, à l admiration des artistes, du Louis XVI qui serait, en réalité, la dernière et récente création du second Empire ou de la troisième République.
Comme il n’est pas toujours possible d’éliminer totalement ces réparations ou modifications ultérieures, même dans la présentation de simples motifs ou détails d’architecture, nous aurons soin, dans la description ici donnée, de signaler à l’attention du lecteur les parties faibles.
Il ne faudrait pas admettre que le style dit Louis XVI ait subitement apparu le jour où ce roi infortuné monta sur le trône en 1774. Ce style a joui d une plus longue durée; d’ailleurs on
doit bien présumer que, comme toute évolution de lʼart architectural, celle-ci s’était annoncée assez longtemps aupara
vant, qu’elle s est développée peu à peu dès le règne de Louis XV. pour atteindre son apogée et décroître ensuite.
Si l’on voulait absolument fixer une date plus précise, on pourrait dire que l’on a vu naître lʼarchitecture nouvelle vers le milieu du xvIIIe siècle, à peu près vers 1750. Il est un détail historique bien connu qui peut fournir une sorte de date officielle à l’essor de la tendance nouvelle.
Lorsque Mme de Pompadour voulut que son jeune frère, M. de Marigny, se préparât à devenir, après le duc d’Antin et M. de Tournehem, le véritable surintendant des Beaux-Arts, on sait qu’elle l’envoya passer quelques années en Italie, pour y compléter son éducation artistique sous la tutelle d’artistes comme Soufflot, le grand architecte, de Cochin, le célèbre gra
veur, et d’autres artistes réputés qui étaient alors les chefs de la nouvelle école Celle-ci affichait hautement la mission qu’elle se donnait de ramener l’art aux traditions antiques, tout au moins de l’y rattacher.
On sait aussi que l’école naissante sʼétait placée sous le patronage d’un original, fils de lʼaimable Mme de Caylus, petitneveu, par conséquent, de Mme de Maintenon, et l˚un des pre
miers grands collectionneurs, — car il y en avait déjà dès ce temps-là. Marmontel qui ne l aimait guère, sans que nous sa
chions pourquoi (peut-être M. de Caylus n admirait-il pas suf
fisamment les Incas trop sensibles ni les Contes très moraux de cet écrivain), Marmontel nous le montre dans les Salons, dans les Académies, répétant partout qu’en architecture il était le restaurateur « du Style simple, des Formes simples, du Beau simple »! Telle fut la formule désormais consacrée.
M. de Caylus nʼavait certainement rien restauré à lui tout seul; mais il devait être, tout au moins, le porte-voix de cette école architecturale qui prétendait voir refleurir chez nous la belle simplicité dont on s était notablement écarté et à laquelle il était temps de songer quelque peu.
Lorsqu on relève les dates de naissance des architectes qui furent effectivement les rénovateurs, on voit très bien qu’il y eut parmi eux deux générations successives: l’une comprenant des artistes nés, comme Soufflot, Gabriel ou Contant d’Ivry, par exemple, aux confins du xvIIe et du xvIIIe siècles; l’autre, composée d’artistes qui vinrent au monde aux envi
rons de l’année 1730, et qui entrèrent, dès lʼâge de vingt et quelques années, dans le mouvementartistique ainsi inauguré par leurs anciens. Les derniers venus le conduisirent ensuite jusqu’aux premières années du siècle suivant.
C’est pourquoi, les exemples ici reproduits étant classés dans leur ordre à peu près chronologique, on assistera, pour ainsi dire, à la transformation déjà très marquée dans les oeuvres de Contant d’Ivry, par exemple, qui passent rapidement d’un Louis XV assagi au Louis XVI définitif, et de plus en plus
les qualités d’ordre supérieur qui lui sont propres, c est-à-dire le mérite de la composition, la valeur des belles proportions.
Nous sommes arrivés aujourd hui, par la voie dés mêmes abus, ou d’abus semblables à ceux du xvIIIe siècle, au même carrefour. Il faut même, comme aux temps mythologiques, choisir entre le Vice et la Vertu. En art, tout au moins, le
vice a bien quelques charmes, mais ils sont trompeurs; on est contraint, tôt ou tard, de revenir à la vertu architecturale.
Il faut seulement se rappeler le vulgaire mais expressif dicton: « Faut de la vertu, pas trop n’en faut », et se rappeler
aussi que par là succomba jadis, une première fois, un retour sincère mais finalement exagéré, vers le simple et le vrai: le
style Louis XVI tombant dans le style Empire et de là dans le style (? ) Restauration.
Comme on le dit et le répète aux artistes, ils devront bien se garder de s engager dans la stricte imitation, ennemie de toute originalité, dans la vulgaire copie de styles qui ont produit jadis ce qu’ils pouvaient et devaient produire. Mais il
est permis aux artistes et il leur est utile d’étudier les styles de bon aloi, pour y discerner ce qui est et demeure immuable
ment beau, parce que celte beauté est fondée sur le raison
nable, le juste et le vrai. Il appartient ensuite à l’artiste de sʼapproprier ccs qualités, ainsi constatées, pour les utiliser au gré de son talent personnel.
Le recueil actuel n’a donc dʼautre prétention que de placer sous les yeux des architectes de nombreux exemples empruntés aux maîtres les plus célèbres de cette seconde moitié du
xviiie siècle. C’est, comme on dit en littérature, un simple Recueil de « morceaux choisis ».
On ne doit pas sʼattendre à trouver ici une série de monographies minutieusement complétées pour chaque édifice. Ces sortes de publications sont fort utiles pour qui veut constater que la plupart de nos grands palais, de nos monuments recèlent des échantillons de tous les styles, repris, modifiés, transformés aux périodes successives de l’art. Elles présente
raient pour l’architecte un assez sérieux inconvénient: les styles Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. les styles premier Empire, Restauration, Louis-Philippe, Napoléon III et troisième République, y sont souvent superposés de telle façon et si
bien entremêlés de restitutions et de pastiches, qu’il devient difficile, sans un très consciencieux examen, de discerner ce qui est authentique de ce qui ne l’est pas, ou de séparer ce qui appartient à des époques de transition trop indécise encore, de ce qui est vraiment typique.
Aussi paraît il préférable, en indiquant la date de chaque ouvrage, de présenter ici un choix très varié, dans lequel on trouvera des applications d’une bonne architecture à des destinations très diverses: palais, monuments publics, églises, chapelles, hôpitaux, hôtels privés, fontaines, etc., etc.
Nous avons eu soin d’écarter les réparations, restaurations, restitutions qui, par suite de nos nombreuses révolutions, d’incendies, d agrandissements, d’occupations ultérieures, ont peu à peu dénaturé tout ou partie de nos édifices; nous atta
chant, autant que possible, à ne présenter que les parties subsistantes dont l origine est assez connue pour quʼon puisse les considérer comme authentiques.
Nous préférons nʼoffrir ainsi que des fragments, lorsque fragments il y a, ou les motifs vraiment caractéristiques, lorsque subsistent des ensembles à peu près complets. Nous
tenons surtout à ne pas proposer, à l admiration des artistes, du Louis XVI qui serait, en réalité, la dernière et récente création du second Empire ou de la troisième République.
Comme il n’est pas toujours possible d’éliminer totalement ces réparations ou modifications ultérieures, même dans la présentation de simples motifs ou détails d’architecture, nous aurons soin, dans la description ici donnée, de signaler à l’attention du lecteur les parties faibles.
Il ne faudrait pas admettre que le style dit Louis XVI ait subitement apparu le jour où ce roi infortuné monta sur le trône en 1774. Ce style a joui d une plus longue durée; d’ailleurs on
doit bien présumer que, comme toute évolution de lʼart architectural, celle-ci s’était annoncée assez longtemps aupara
vant, qu’elle s est développée peu à peu dès le règne de Louis XV. pour atteindre son apogée et décroître ensuite.
Si l’on voulait absolument fixer une date plus précise, on pourrait dire que l’on a vu naître lʼarchitecture nouvelle vers le milieu du xvIIIe siècle, à peu près vers 1750. Il est un détail historique bien connu qui peut fournir une sorte de date officielle à l’essor de la tendance nouvelle.
Lorsque Mme de Pompadour voulut que son jeune frère, M. de Marigny, se préparât à devenir, après le duc d’Antin et M. de Tournehem, le véritable surintendant des Beaux-Arts, on sait qu’elle l’envoya passer quelques années en Italie, pour y compléter son éducation artistique sous la tutelle d’artistes comme Soufflot, le grand architecte, de Cochin, le célèbre gra
veur, et d’autres artistes réputés qui étaient alors les chefs de la nouvelle école Celle-ci affichait hautement la mission qu’elle se donnait de ramener l’art aux traditions antiques, tout au moins de l’y rattacher.
On sait aussi que l’école naissante sʼétait placée sous le patronage d’un original, fils de lʼaimable Mme de Caylus, petitneveu, par conséquent, de Mme de Maintenon, et l˚un des pre
miers grands collectionneurs, — car il y en avait déjà dès ce temps-là. Marmontel qui ne l aimait guère, sans que nous sa
chions pourquoi (peut-être M. de Caylus n admirait-il pas suf
fisamment les Incas trop sensibles ni les Contes très moraux de cet écrivain), Marmontel nous le montre dans les Salons, dans les Académies, répétant partout qu’en architecture il était le restaurateur « du Style simple, des Formes simples, du Beau simple »! Telle fut la formule désormais consacrée.
M. de Caylus nʼavait certainement rien restauré à lui tout seul; mais il devait être, tout au moins, le porte-voix de cette école architecturale qui prétendait voir refleurir chez nous la belle simplicité dont on s était notablement écarté et à laquelle il était temps de songer quelque peu.
Lorsqu on relève les dates de naissance des architectes qui furent effectivement les rénovateurs, on voit très bien qu’il y eut parmi eux deux générations successives: l’une comprenant des artistes nés, comme Soufflot, Gabriel ou Contant d’Ivry, par exemple, aux confins du xvIIe et du xvIIIe siècles; l’autre, composée d’artistes qui vinrent au monde aux envi
rons de l’année 1730, et qui entrèrent, dès lʼâge de vingt et quelques années, dans le mouvementartistique ainsi inauguré par leurs anciens. Les derniers venus le conduisirent ensuite jusqu’aux premières années du siècle suivant.
C’est pourquoi, les exemples ici reproduits étant classés dans leur ordre à peu près chronologique, on assistera, pour ainsi dire, à la transformation déjà très marquée dans les oeuvres de Contant d’Ivry, par exemple, qui passent rapidement d’un Louis XV assagi au Louis XVI définitif, et de plus en plus