Nous ne ferons pas à nos lecteurs l’injure de leur expliquer, ni seulement, de leur rappeler que la grande école des peintres modernistes est divisée en plusieurs classes rivales dans lʼinnovation: les uns peignent en effet avec des vermicelles
diversement colorés; d’autres font de préférence usage des confettis. Il suffit de se placer à la distance d’un kilomètre, ou même un peu moins, pour que ces préparations, si extraor
dinaires quand on les voit de près, produisent une impression stupéfiante de réalité.
C’est là le bon réalisme, celui des maîtres les plus réputés: ils ont ravi ses secrets à l’arc-en-ciel et les ont reportés sur leurs toiles. Quant aux auteurs de tableaux sculptés, ce sont des retardataires qui peignent dans la pâte, comme on disait jadis. Le pinceau, la brosse, le blaireau sont des instruments vulgaires qu’ils méprisent avec juste raison: la truelle, le
couteau, les instruments malaxeurs propres à fabriquer le mortier, sont les seuls outils dont ils consentent à faire usage.
Aussi fabriquent-ils de la peinture solide dont ils ont le droit d’être fiers. Elle est inaltérable, insensible aux intem
péries; elle ne craint ni le froid, ni la pluie, ni le chaud, ni les cambrioleurs, ni les vandales, ni les disciples de Thomas (Antony). On ne l’enlève pas.
C’est pourquoi nous disons chaque année à nos lecteurs: Il faut se tenir à la hauteur, se bien pénétrer de l’épatante valeur de l’art vraiment moderne et contemporain. Pour bien l’apprécier il faut l’aller voir, ne fût-ce que pour dire, comme M. Zamacoïs:
Je reviens du Salon d’automne!
P. P. ÉCOLE DES BEAUX-ARTS
PLANCHES 11 ET 12
CONCOURS CHAUDESAIGUES
De tous les concours académiques ayant trait à l’architecture, le concours Chaudesaigues est, peut-être, le seul qui ait mis un temps relativement long à s acclimater à l’École des Beaux-Arts.
A quoi cela tient-il? D’abord, à ce qu’il ne se présente pas annuellement et qu’alors on nʼy songe pas; et puis, parce que très peu parmi les élèves sont dans les conditions voulues pour que le prix leur soit profitable.
Ceux de deuxième classe ne peuvent interrompre leurs études pour se rendre en Italie et y séjourner pendant deux années consécutives, ainsi que l’exige le règlement. Ce n’est certes pas au retour qu’on se remet à des projets et concours de « Mathe » d’Ecole. Quant aux élèves de première classe, ils cherchent avant tout à obtenir le diplôme.
Restent ceux qui se retirent de l’École, une fois diplômés, ou après y avoir fait de sérieuses études, sans pousser jusqu au diplôme, et qui seraient dans dʼexcellentes conditions pour faire le concours qui nous occupe.
Il faut croire que lʼInstitut y a songé, puisque la 1imi ite dʼâge antérieurement fixée à trente ans, a été portée par elle à trente-deux ans. De plus, afin de laisser à l’élève la possibilité de continuer ses études pour lʼobtention du grand prix de Rome, elle a décidé que le lauréat du concours Chaudesaigues
aura la faculté de combiner ses époques de voyage suivant sa convenance, et de concourir au prix de Rome tant qu’il n’aura
pas atteint trente ans. Il lui est seulement interdit de cumuler les avantages des deux prix si, étant titulaire de lʼun, il de
vient titulaire de l autre. C’est un cas qui ne s’est pas encore présenté, croyons-nous; de toute façon, l’interdiction de « cumuler » les avantages d’une chance, nous paraît ici injustifiée:
interdit-on à un gagnant plus d’une fois dans une loterie d’encaisser le montant?...
Le concours Chaudesaigues, dont le prix est de 4. 000 francs, a lieu, comme on sait, tous les deux ans, les années impaires.
Il compte une première épreuve, dite dʼessai, et faite en loge en douze heures, sur un sujet qui est donné par lʼAcadémie des Beaux-Arts; et un deuxième concours où douze concurrents,
admis à la suite du concours d’essai, entrent en loge pour y faire exécuter, d’après leurs esquisses, leurs dessins rendus.
Le sujet que les concurrents de cette année avaient à interpréter, portait le titre suivant: La partie centrale, ouverte au public, de lʼHôtel dʼun grand journal, précédant les ateliers et lʼAdministration. Du reste, voici les principales lignes du programme:
— L’usage s’est répandu de livrer au public, au fur et à mesure de leur arrivée, les dépêches sensationnelles qui formeront une part importante de la feuille du jour.
Le développement des représentations photographiques, des événements d’actualité a nécessité des espaces et des surfaces importantes pour en donner la primeur à la curiosité du public.
On propose de développer, en plan, coupe et élévation, la grande salle précédée du porche ouvert dans laquelle les passants savent qu’ils peuvent trouver, en même temps qu’un abri, un aliment à leur goût de l’actualité.
La réclame inséparable du journalisme justifie quʼil soit donné l’importance la plus somptueuse à cette entrée qui donne accès aux bureaux de l’Administration, à l’abonnement, aux ateliers dont le fonctionnement est une curiosité, aux bureaux de la rédaction, etc.
Aussi y a-t-il des épines dans le milieu de la salle et, autour des portes donnant accès aux différents services et, dans le fond, en même temps qu’une ouverture sur les ateliers, un escalier décoratif et un ou plusieurs ascenseurs conduisant aux salles du Conseil d’administration, de réunion, relatives à l’exploitation de cette grande industrie.
Comme on voit, cʼest un sujet des plus pratiques — quoique émanant de la docte Académie — et qui pourra bien trouver en France un Paz pour se réaliser. On sait peut-être que le Dr Paz, ancien ministre de la Republique Argentine, à Paris,
a fait édifier, à Buenos-Ayres, un palais de 14 millions pour son journal Prensa, un journal qui est une véritable institu
tion dont les plus grands journaux d’Europe n’offrent pas l’équivalent, et qui est appelé, chez les Américains eux-mêmes, le « colosse de l’Amérique du Sud ».
Pour être plus modeste, la composition partielle de M. Levard, de l’atelier Pascal, qui a obtenu le prix, n’en est pas moins intéressante.
Nous constatons, d’abord, que cet heureux concurrent a su donner à sa grande salle publique, une distinction parfaite et une allure des plus heureuses. On est presque surpris, après avoir pénétré la complexité de son caractère spécial, issu d’un
souci de concordance avec le tempérament contemporain et lʼeffort vers l’imposant, de constater la simplicité de ses lignes.
diversement colorés; d’autres font de préférence usage des confettis. Il suffit de se placer à la distance d’un kilomètre, ou même un peu moins, pour que ces préparations, si extraor
dinaires quand on les voit de près, produisent une impression stupéfiante de réalité.
C’est là le bon réalisme, celui des maîtres les plus réputés: ils ont ravi ses secrets à l’arc-en-ciel et les ont reportés sur leurs toiles. Quant aux auteurs de tableaux sculptés, ce sont des retardataires qui peignent dans la pâte, comme on disait jadis. Le pinceau, la brosse, le blaireau sont des instruments vulgaires qu’ils méprisent avec juste raison: la truelle, le
couteau, les instruments malaxeurs propres à fabriquer le mortier, sont les seuls outils dont ils consentent à faire usage.
Aussi fabriquent-ils de la peinture solide dont ils ont le droit d’être fiers. Elle est inaltérable, insensible aux intem
péries; elle ne craint ni le froid, ni la pluie, ni le chaud, ni les cambrioleurs, ni les vandales, ni les disciples de Thomas (Antony). On ne l’enlève pas.
C’est pourquoi nous disons chaque année à nos lecteurs: Il faut se tenir à la hauteur, se bien pénétrer de l’épatante valeur de l’art vraiment moderne et contemporain. Pour bien l’apprécier il faut l’aller voir, ne fût-ce que pour dire, comme M. Zamacoïs:
Je reviens du Salon d’automne!
P. P. ÉCOLE DES BEAUX-ARTS
PLANCHES 11 ET 12
CONCOURS CHAUDESAIGUES
De tous les concours académiques ayant trait à l’architecture, le concours Chaudesaigues est, peut-être, le seul qui ait mis un temps relativement long à s acclimater à l’École des Beaux-Arts.
A quoi cela tient-il? D’abord, à ce qu’il ne se présente pas annuellement et qu’alors on nʼy songe pas; et puis, parce que très peu parmi les élèves sont dans les conditions voulues pour que le prix leur soit profitable.
Ceux de deuxième classe ne peuvent interrompre leurs études pour se rendre en Italie et y séjourner pendant deux années consécutives, ainsi que l’exige le règlement. Ce n’est certes pas au retour qu’on se remet à des projets et concours de « Mathe » d’Ecole. Quant aux élèves de première classe, ils cherchent avant tout à obtenir le diplôme.
Restent ceux qui se retirent de l’École, une fois diplômés, ou après y avoir fait de sérieuses études, sans pousser jusqu au diplôme, et qui seraient dans dʼexcellentes conditions pour faire le concours qui nous occupe.
Il faut croire que lʼInstitut y a songé, puisque la 1imi ite dʼâge antérieurement fixée à trente ans, a été portée par elle à trente-deux ans. De plus, afin de laisser à l’élève la possibilité de continuer ses études pour lʼobtention du grand prix de Rome, elle a décidé que le lauréat du concours Chaudesaigues
aura la faculté de combiner ses époques de voyage suivant sa convenance, et de concourir au prix de Rome tant qu’il n’aura
pas atteint trente ans. Il lui est seulement interdit de cumuler les avantages des deux prix si, étant titulaire de lʼun, il de
vient titulaire de l autre. C’est un cas qui ne s’est pas encore présenté, croyons-nous; de toute façon, l’interdiction de « cumuler » les avantages d’une chance, nous paraît ici injustifiée:
interdit-on à un gagnant plus d’une fois dans une loterie d’encaisser le montant?...
Le concours Chaudesaigues, dont le prix est de 4. 000 francs, a lieu, comme on sait, tous les deux ans, les années impaires.
Il compte une première épreuve, dite dʼessai, et faite en loge en douze heures, sur un sujet qui est donné par lʼAcadémie des Beaux-Arts; et un deuxième concours où douze concurrents,
admis à la suite du concours d’essai, entrent en loge pour y faire exécuter, d’après leurs esquisses, leurs dessins rendus.
Le sujet que les concurrents de cette année avaient à interpréter, portait le titre suivant: La partie centrale, ouverte au public, de lʼHôtel dʼun grand journal, précédant les ateliers et lʼAdministration. Du reste, voici les principales lignes du programme:
— L’usage s’est répandu de livrer au public, au fur et à mesure de leur arrivée, les dépêches sensationnelles qui formeront une part importante de la feuille du jour.
Le développement des représentations photographiques, des événements d’actualité a nécessité des espaces et des surfaces importantes pour en donner la primeur à la curiosité du public.
On propose de développer, en plan, coupe et élévation, la grande salle précédée du porche ouvert dans laquelle les passants savent qu’ils peuvent trouver, en même temps qu’un abri, un aliment à leur goût de l’actualité.
La réclame inséparable du journalisme justifie quʼil soit donné l’importance la plus somptueuse à cette entrée qui donne accès aux bureaux de l’Administration, à l’abonnement, aux ateliers dont le fonctionnement est une curiosité, aux bureaux de la rédaction, etc.
Aussi y a-t-il des épines dans le milieu de la salle et, autour des portes donnant accès aux différents services et, dans le fond, en même temps qu’une ouverture sur les ateliers, un escalier décoratif et un ou plusieurs ascenseurs conduisant aux salles du Conseil d’administration, de réunion, relatives à l’exploitation de cette grande industrie.
Comme on voit, cʼest un sujet des plus pratiques — quoique émanant de la docte Académie — et qui pourra bien trouver en France un Paz pour se réaliser. On sait peut-être que le Dr Paz, ancien ministre de la Republique Argentine, à Paris,
a fait édifier, à Buenos-Ayres, un palais de 14 millions pour son journal Prensa, un journal qui est une véritable institu
tion dont les plus grands journaux d’Europe n’offrent pas l’équivalent, et qui est appelé, chez les Américains eux-mêmes, le « colosse de l’Amérique du Sud ».
Pour être plus modeste, la composition partielle de M. Levard, de l’atelier Pascal, qui a obtenu le prix, n’en est pas moins intéressante.
Nous constatons, d’abord, que cet heureux concurrent a su donner à sa grande salle publique, une distinction parfaite et une allure des plus heureuses. On est presque surpris, après avoir pénétré la complexité de son caractère spécial, issu d’un
souci de concordance avec le tempérament contemporain et lʼeffort vers l’imposant, de constater la simplicité de ses lignes.