l’église du xIIe siècle, depuis longtemps insuffisante, fut commencé au xvIe siècle un nouvel édifice quʼil fallut recommencer
au xviie siècle. La première pierre en fut posée en 1646 par Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII; Gamart en était l’architecte.
Peu après on démolit tout ce qui existait; de nouveau Anne d’Autriche, devenue régente, posa, en 1655, la première pierre d’un vaste édifice dont Le Vau fut l’architecte. Il mourut quelque temps après, et la conduite des travaux fut alors confiée à Daniel Gittard, « architecte d’une grande réputation ». Celui-ci exécuta le chœur et les bas-côtés du pourtour; la nef de Le Vau subsista. La croisée fut commencée.
Malheureusement, en 1765, la fabrique se trouva endettée de 672. 000 livres, ce qui représenterait aujourd’hui une somme beaucoup plus que double. En 1783, les menses abbatiale et
conventuelle de Saint-Germain-des-Prés, les propriétaires des maisons et héritages du faubourg Saint-Germain, à proportion
des taxes pour les boues et lanternes, furent contraints par décision judiciaire de liquider cette situation embarrassée.
Les travaux ne purent ainsi être repris qu’en 1719, grâce à l’établissement d’une loterie autorisée par le roi. Une troisième première pierre fut encore posée par le duc d’Orléans, régent du royaume, personnage royal qu’on ne s’attendait guère à voir paraître en cette affaire; c’était le commencement des portails latéraux dʼOppenord et Gittard.
Enfin, à la suite d’un concours, Servandoni fut chargé do construire le portail, terminé seulement en 1749; les statues sont modernes. En cette dernière année Maclaurin commença la partie supérieure de la tour méridionale; les travaux en
furent interrompus, le caractère architectural ayant paru mal s’accorder avec celui des autres parties de la façade. Elle devait être reconstruite sur le modèle de l’autre tour, ainsi que l’indique l’estampe ancienne, fin du xvIIIe siècle, qui est reproduite plus loin. La Révolution arrêta les travaux projetés.
La tour septentrionale, avec ordres superposés, fut exécutée en 1777 par Chalgrin. C’est à ce dernier architecte, ainsi qu’à Servandoni, que l’on doit également les chapelles des fonts baptismaux qui sont logées aux extrémités du portique. La sculpture y est extrêmement remarquable; on peut signaler particulièrement le détail des quatre guirlandes entre consoles. On remarquera que la fleur y est traitée avec un sentiment de la réalité et une extrême délicatesse que nos sculp
teurs modernes ne sauraient dépasser, bien que l’art moderne croie parfois avoir été le premier à inaugurer la fleur naturelle.
A l’intérieur, l’ordre qui porte la tribune est de Servandoni; le buffet d’orgue, qui est particulièrement remarquable, est également attribué à Chalgrin. La chapelle de la Vierge, sur l’abside, a été remaniée plusieurs fois, jusqu’aux derniers travaux de Chalgrin et de Wailly.
Le Panthéon eut, en réalité, ses fondations commencées dès 1757; Louis XV posa la première pierre des piliers en 1764. Après la mort de Soufflot, Rondelet, qui avait été son collaborateur, acheva les travaux qui ne furent terminés qu’en 1790.
En cours d’exécution, l’édifice subit d’importants remaniements. Dans le plan primitif, et jusqu’à ce que les murs fussent montés à une certaine hauteur, Soufflot avait prévu, sur tout le pourtour, une série di baies que l’on voit figurées sur l’estampe du xvIIIe siècle que nous reproduisons. Mais on
s’aperçut alors que les fondations projetées et déjà exécutées pourraient n’avoir pas toute la solidité nécessaire: le sous-sol,
à grande profondeur, était refouillé par de nombreuses gale
ries des anciennes carrières dont on ne connaissait pas en ce temps-là l’importance, le nombre ni l’emplacement.
On dut alors supprimer les baies dont nous parlons; l’appareil de la maçonnerie extérieure en montre encore aujour
d hui les dispositions. On dut également consolider les piliers de la croisée, beaucoup plus massifs actuellement qu’ils ne devaient l’être à lʼorigine.
Dans la dernière période des travaux, Rondelet exhaussa la tour à colonnade et la coupole qui la surmonte. En raison de la grande hauteur de l’édifice et du raccourci perspectif qui en résulte, le dôme eût effectivement paru trop écrasé par rapport aux autres parties du monument.
Sur la façade antérieure, le fronton, représenté dans la même estampe, devait abriter un bas-relief tout différent de celui qu’on voit actuellement et qui est dû à David d’Angers, le célèbre sculpteur. L’édifice, primitivement destiné à être
l’église Sainte-Geneviève, était devenu le Panthéon, et l’artiste eut à symboliser: Aux grands hommes, la Pairie reconnais
sante. Ce bas-relief, fort remarquable d’ailleurs comme sculpture, n’est nullement conçu dans le sentiment de l’archi
tecture qui l’entoure; avec ses figures toutes verticales, il ne suit ni la forme ni le rythme triangulaire que les sculpteurs
du xvIIIe siècle observaient si habilement, ainsi qu’on en peut juger par les exemples donnés ici.
Sur cette même façade, les portes actuelles sont en bronze, avec clous saillants pour toute décoration; elles n’ont rien de commun avec les portes primitives en bois, très finement sculptées. L’une de ces portes, qui subsiste et est toujours cachée par le battant en bronze, est reproduite ici. On peut voir également, sur cet exemple, la différence d’inspiration entre les deux époques.
On reproche parfois au Panthéon sa nudité et son aspect froid, dit-on. En parlant ainsi, on oublie que l’édifice n’était point destiné à rester complètement vide, comme il l’est
aujourd’hui. Il devait être meublé d’autels, de chaires à prêcher, de bancs-d’œuvre, d’orgues, de sièges, etc.; en un
mot, de tous les accessoires qu’exige le culte. Cette impression
de nudité provient simplement de ce fait que l’édifice est inoccupé et vide.
Les détails en sont d’une grande beauté; aussi en avonsnous reproduit quelques-uns à grande échelle. L’architecte avait eu soin d’entrecroiser savamment ses colonnades, ses voûtes, ses arcs, de manière à produire de très heureux effets de perspective animée par cet entrecroisement même.
De plus, l ornementation, tout inspirée quʼelle soit de lʼart antique, nʼest nullement conventionnelle; elle est d’une finesse extrême et beaucoup plus variée qu’on ne le suppose habituellement.
Si l’on veut bien examiner ces détails avec quelque attention, on constatera qu’ils justifient, aussi bien que l’ensemble et ses belles proportions, la réputation universelle qui a consacré le Panthéon.
PLANCHES 14 ET 15
A M. Camille Mauclair qui, dans la Revue Bleue, découvrait que lʼArchitecture s’est endormie depuis longtemps et que son sommeil est naturel, car les architectes n’ont plus à bâtir les graves cathédrales; à M. Camille Mauclair, on pourrait répondre, comme le constructeur Solness, que, si aujourd’hui
au xviie siècle. La première pierre en fut posée en 1646 par Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII; Gamart en était l’architecte.
Peu après on démolit tout ce qui existait; de nouveau Anne d’Autriche, devenue régente, posa, en 1655, la première pierre d’un vaste édifice dont Le Vau fut l’architecte. Il mourut quelque temps après, et la conduite des travaux fut alors confiée à Daniel Gittard, « architecte d’une grande réputation ». Celui-ci exécuta le chœur et les bas-côtés du pourtour; la nef de Le Vau subsista. La croisée fut commencée.
Malheureusement, en 1765, la fabrique se trouva endettée de 672. 000 livres, ce qui représenterait aujourd’hui une somme beaucoup plus que double. En 1783, les menses abbatiale et
conventuelle de Saint-Germain-des-Prés, les propriétaires des maisons et héritages du faubourg Saint-Germain, à proportion
des taxes pour les boues et lanternes, furent contraints par décision judiciaire de liquider cette situation embarrassée.
Les travaux ne purent ainsi être repris qu’en 1719, grâce à l’établissement d’une loterie autorisée par le roi. Une troisième première pierre fut encore posée par le duc d’Orléans, régent du royaume, personnage royal qu’on ne s’attendait guère à voir paraître en cette affaire; c’était le commencement des portails latéraux dʼOppenord et Gittard.
Enfin, à la suite d’un concours, Servandoni fut chargé do construire le portail, terminé seulement en 1749; les statues sont modernes. En cette dernière année Maclaurin commença la partie supérieure de la tour méridionale; les travaux en
furent interrompus, le caractère architectural ayant paru mal s’accorder avec celui des autres parties de la façade. Elle devait être reconstruite sur le modèle de l’autre tour, ainsi que l’indique l’estampe ancienne, fin du xvIIIe siècle, qui est reproduite plus loin. La Révolution arrêta les travaux projetés.
La tour septentrionale, avec ordres superposés, fut exécutée en 1777 par Chalgrin. C’est à ce dernier architecte, ainsi qu’à Servandoni, que l’on doit également les chapelles des fonts baptismaux qui sont logées aux extrémités du portique. La sculpture y est extrêmement remarquable; on peut signaler particulièrement le détail des quatre guirlandes entre consoles. On remarquera que la fleur y est traitée avec un sentiment de la réalité et une extrême délicatesse que nos sculp
teurs modernes ne sauraient dépasser, bien que l’art moderne croie parfois avoir été le premier à inaugurer la fleur naturelle.
A l’intérieur, l’ordre qui porte la tribune est de Servandoni; le buffet d’orgue, qui est particulièrement remarquable, est également attribué à Chalgrin. La chapelle de la Vierge, sur l’abside, a été remaniée plusieurs fois, jusqu’aux derniers travaux de Chalgrin et de Wailly.
Le Panthéon eut, en réalité, ses fondations commencées dès 1757; Louis XV posa la première pierre des piliers en 1764. Après la mort de Soufflot, Rondelet, qui avait été son collaborateur, acheva les travaux qui ne furent terminés qu’en 1790.
En cours d’exécution, l’édifice subit d’importants remaniements. Dans le plan primitif, et jusqu’à ce que les murs fussent montés à une certaine hauteur, Soufflot avait prévu, sur tout le pourtour, une série di baies que l’on voit figurées sur l’estampe du xvIIIe siècle que nous reproduisons. Mais on
s’aperçut alors que les fondations projetées et déjà exécutées pourraient n’avoir pas toute la solidité nécessaire: le sous-sol,
à grande profondeur, était refouillé par de nombreuses gale
ries des anciennes carrières dont on ne connaissait pas en ce temps-là l’importance, le nombre ni l’emplacement.
On dut alors supprimer les baies dont nous parlons; l’appareil de la maçonnerie extérieure en montre encore aujour
d hui les dispositions. On dut également consolider les piliers de la croisée, beaucoup plus massifs actuellement qu’ils ne devaient l’être à lʼorigine.
Dans la dernière période des travaux, Rondelet exhaussa la tour à colonnade et la coupole qui la surmonte. En raison de la grande hauteur de l’édifice et du raccourci perspectif qui en résulte, le dôme eût effectivement paru trop écrasé par rapport aux autres parties du monument.
Sur la façade antérieure, le fronton, représenté dans la même estampe, devait abriter un bas-relief tout différent de celui qu’on voit actuellement et qui est dû à David d’Angers, le célèbre sculpteur. L’édifice, primitivement destiné à être
l’église Sainte-Geneviève, était devenu le Panthéon, et l’artiste eut à symboliser: Aux grands hommes, la Pairie reconnais
sante. Ce bas-relief, fort remarquable d’ailleurs comme sculpture, n’est nullement conçu dans le sentiment de l’archi
tecture qui l’entoure; avec ses figures toutes verticales, il ne suit ni la forme ni le rythme triangulaire que les sculpteurs
du xvIIIe siècle observaient si habilement, ainsi qu’on en peut juger par les exemples donnés ici.
Sur cette même façade, les portes actuelles sont en bronze, avec clous saillants pour toute décoration; elles n’ont rien de commun avec les portes primitives en bois, très finement sculptées. L’une de ces portes, qui subsiste et est toujours cachée par le battant en bronze, est reproduite ici. On peut voir également, sur cet exemple, la différence d’inspiration entre les deux époques.
On reproche parfois au Panthéon sa nudité et son aspect froid, dit-on. En parlant ainsi, on oublie que l’édifice n’était point destiné à rester complètement vide, comme il l’est
aujourd’hui. Il devait être meublé d’autels, de chaires à prêcher, de bancs-d’œuvre, d’orgues, de sièges, etc.; en un
mot, de tous les accessoires qu’exige le culte. Cette impression
de nudité provient simplement de ce fait que l’édifice est inoccupé et vide.
Les détails en sont d’une grande beauté; aussi en avonsnous reproduit quelques-uns à grande échelle. L’architecte avait eu soin d’entrecroiser savamment ses colonnades, ses voûtes, ses arcs, de manière à produire de très heureux effets de perspective animée par cet entrecroisement même.
De plus, l ornementation, tout inspirée quʼelle soit de lʼart antique, nʼest nullement conventionnelle; elle est d’une finesse extrême et beaucoup plus variée qu’on ne le suppose habituellement.
Si l’on veut bien examiner ces détails avec quelque attention, on constatera qu’ils justifient, aussi bien que l’ensemble et ses belles proportions, la réputation universelle qui a consacré le Panthéon.
UN GRANI) HOTEL A PALERME
PLANCHES 14 ET 15
A M. Camille Mauclair qui, dans la Revue Bleue, découvrait que lʼArchitecture s’est endormie depuis longtemps et que son sommeil est naturel, car les architectes n’ont plus à bâtir les graves cathédrales; à M. Camille Mauclair, on pourrait répondre, comme le constructeur Solness, que, si aujourd’hui