tions basses, jusqu à ce qu’on ait rattrapé les sept étages.
Et cependant ce n’est encore que du délire préliminaire. Plus loin! toujours plus loin!!... Là tout devient horrible: «A
cent pas du Palais-Bourbon, en face de la terrasse des Tuileries et de la place de la Concorde, on a toléré qu’une façade colossale, désordonnée, cacophonique, troublât, par son extravagance, la classique harmonie de cet immense décor... »
Quel est ce colosse? Quelle est cette cacophonie née au sein du désordre? Nous ne les distinguons pas clairement; mais ils doivent exister, puisque M. Hallays les a vus.
Hélas! la chevauchée fatale continue. Le pont de la Concorde est déjà passé; maintenant, apparaît le vitrage (qualifié bien durement) du grand Palais. Puis en termes très atténués cette fois: « Cʼest le pire des attentats contre la beauté de Paris! »
Pauvres architectes! Ils ne mouraient pas tous, hélas! mais,
au moins, tous étaient frappés. Leur seule consolation est quʼils se trouvent en assez bonne compagnie.
C’est ensuite le tour des ingénieurs, car il faut bien que chacun ait sa part du gâteau.
En remontant vers les boulevards par l’avenue de l’Opéra, on arrive à cet enclos palissadé qui, de mémoire d homme, occupe toute la place. C’est là-dessous qu’on creuse un métropolitain, primitivement à trois ou quatre étages; mais chaque année, on en ajoute un nouveau.
Tout à l’heure, on se plaignait des maisons trop hautes; ce n’est pas une raison qui empêche de vitupérer les gares trop profondes. Elles ne masquent pas la vue, il est vrai, et ne dépassent pas non plus les immeubles d’alentour; elles ne sont pas salissantes. Mais elles tiennent trop de place. C’est un nouveau grief.
Conclusion très nette: « Le sans-gêne des ingénieurs achève 1ʼœuvre de vandalisme commencé par l’incohérence des architectes. »
Les ingénieurs devraient être jaloux: on ne leur fait pas leur part assez belle. Aux architectes, un bagage complet de vandalisme empaqueté dans l’incohérence; pour les ingé
nieurs, un simple certificat de sans-gène! C’est peu, trop peu en vérité. Ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler de l’égale répartition.
Après quoi, et pour finir, vient en serre-file l’immeuble en construction de la rue de la Paix. Un hôtel — cela va sans dire — dressera sa crête orgueilleuse au-dessus de toutes les maisons, à style uniforme, de la place de l’Opéra. Les règlements fléchissent, mais le bâtiment s’élève!
Et cependant M. Hallays avait fait une curieuse trouvaille dans les archives de la Ville où personne n’avait rien trouvé. Pour ce même immeuble, façade sur la rue de la Paix, façade
sUr le boulevard des Capucines, un document officiel expose que, le 12 mars 1868, le propriétaire de l’immeuble avait pris,
vis à vis de la Ville, l’engagement formel de se conformer «pour les hauteurs et décorations extérieures à ce qui a été
exécuté pour les bâtiments nouvellement construits de l’autre côté du boulevard, formant la place de l’Opéra ».
Il laut croire que, vis à vis du nouveau propriétaire, la Ville a cru nécessaire d’accorder une Dispense accompagnée d’indulgences.
Ce n’est pourtant pas beaucoup la mode par le temps qui court.
P. Planat.
LARGEUR DES NOUVELLES VOIES
Tout le monde commence à reconnaître qu’il viendra un moment où la circulation parisienne deviendra à peu près im
possible dans les conditions actuelles. Aussi la municipalité s’en préoccupe-t-elle sérieusement.
Sur certains points, par trop encombrés, elle prépare quelques modifications qui seront utiles provisoirement, cela est incontestable, mais qui ne sont nullement une solution radicale. Or, celle-ci s imposera d’ici à peu.
En prévision de cet avenir désormais prochain, M. Chérioux soumettait récemment au Conseil municipal un projet de déli
bération qui permettait en attendant, et dès à présent, de ne pas laisser le mal s aggraver de jour en jour.
On ne doit pas, dit M. Chérioux dans l’exposé, compter outre mesure sur les prescriptions dʼordre que la Préfecture de police cherche à imposer.
En effet, on a pu constater, aux Champs-Elysées par exemple, quʼelles sont insuffisantes. On a déjà dû les remanier sans obtenir un meilleur succès. Aujourd hui déjà, lʼencombre
ment est tel que lʼon a beau diriger tels véhicules à droite, tels autres à gauche, on ne parvient pas à diminuer lʼobstruction.
La population continuant à croître, les moyens de locomotion se multipliant, la circulation continuera aussi à devenir de plus en plus active. C’est pourquoi M. Chérioux demande que pour toutes les voies nouvelles à créer, on ne s’en tienne plus au minimum de 12m, mais qu’il soit porté à 15m, et 18m toutes les fois qu’il y aura possibilité.
De même pour les pans coupés, destinés à faciliter le croisement et la déviation de deux courants perpendiculaires,
l’auteur de la proposition estime que la largeur qui en était fixée à 5m devient insuffisante aujourd’hui. Il demande qu’elle soit portée à 8m.
L’administration, dit-il, ne tient pas toujours rigoureusement compte des décisions prises à cet égard: il cite lʼexemple,
actuellement en cours dʼexécution, de la rue de Buci quʼon élargit. Le projet suppose un pan coupé de 3m seulement.
Pour défendre cette dérogation, l’administration municipale fait valoir des raisons de symétrie: du côté subsistant il
n’y a pas de pan coupé ayant 5m, 00 de large; celui qu’on créerait vis-à vis nʼaurait donc pas son pendant.
La symétrie est assurément une bonne chose; la facilité de circulation en est une autre. Le cœur administratif semble pencher vers la première; on compte que le cœur municipal
penchera de l’autre. Au commun des mortels il semblera que, pour des constructions ordinaires, pour ne pas dire banales, la parfaite symétrie nʼest pas indispensable. Elle peut le devenir pour un ensemble monumental; mais, en
pareil cas, on aurait le droit de dire que la Ville ne semble pas toujours s’en préoccuper outre mesure: il est telle place,
ment monumentale et d’uniformité voulue, quʼelle a très aisévraiment laissé dénaturer.
Il serait donc quelque peu excessif d’exiger tant de symétrie pour de simples maisons à loyer, quand on en fait si bon
marché dans des circonstances où tant de respect pour elle serait mieux justifié. Ce serait, après une première faute, en commettre une autre.
Pour rester dans les limites raisonnables, nous dirions volontiers: pour déroger à des mesures dʼédilité qui devien
nent chaque jour plus indispensables, il faut avoir des raisons