manoirs dont le plus remarquable, tant par son importance que par la richesse et la belle ordonnance de son architecture, est sans contredit le château de Kerjean.
Par l’ensemble des dispositions, ainsi que par l’ordonnance de son architecture et l’arrangement de son ornementation, Kerjean appartient bien à la (in de la Renaissance, c’est-à-dire à la seconde moitié du xvIe siècle. Cependant, une grande unité ne règne pas sur toute cette vaste construction; si le style Henri III et Charles IX se remarque dès l’entrée, il y a des par
ties se rapprochant plutôt du règne de Henri IV; tandis que le corps de logis, exécuté en dernier lieu, est devenu presque
Louis XIII. Mais ces mélanges des styles se rassemblent dʼune façon si heureuse et si insensible, qu’ils ne détruisent point l’harmonie dans tout cet édifice.
Le château de Kerjean est contemporain du château dʼAnet, et l’architecte de Kerjean s’en est beaucoup inspiré. Comme Anet, Kerjean est le château dit « à la Française » avec son corps de logis principal au fond, ses deux ailes et sa clôture
d’entrée formant une cour d’honneur où se passait toute la vie intérieure des châtelains et de leurs gens.
Le mur qui ferme l’entrée du château au sud (pl. 16 et 17), est décoré d’un magnifique portique, muni de deux portes
plein cintre, l’une pour les voitures, l’autre plus petite pour les piétons; elles sont séparées par de beaux pilastres doriques cannelés reposant sur de petites bases et peu en saillie; ces
pilastres supportent en revanche un entablement très élevé et une corniche saillante à moulures multiples et compliquées.
Au-dessus de cette corniche, un couronnement répondant à la disposition inférieure se compose de trois arcades ajourées, munies de frêles colonnettes. Au milieu, un riche fronton trian
gulaire, orné d’un cartouche dans son tympan, repose sur deux belles colonnes nonolithes d’ordre corinthien très bien sculptées. De chaque côté, un entablement à frise bombée, sou
tenu par de petites cariatides en Kersanton représentant des captives enchaînées, d’un beau travail. Cet entablement reçoit de grandes volutes sur lesquelles reposaient autrefois des lions supportant probablement des armoiries, le tout surmonté d’une statue; c’est cette ordonnance qui rappelle, en plus petit
et en moins beau naturellement, l’entrée du château dʼAnet
De chaque côté de ce beau portique s’étend le mur de clôture en pierre de taille; ce mur abrite une large terrasse sup
portée par une double rangée d’arcades, reliant le pavillon des archives à l’ouest à celui de la chapelle à l’est. Ces deux pavil
lons accompagnent très heureusement cette majestueuse entrée
et forment avec leur campanile élégant et le couronnement du portique un ensemble très monumental et très décoratif.
Cette entrée de la cour d’honneur constitue la partie la plus riche du château; à mesure que les constructions s’avançaient,
elles devenaient plus sobres, abandonnant les élégances de la Renaissance pour tomber dans le style pompeux, mais froid du XVIIe siècle. Les deux bâtiments en aile qui relient le corps de logis à la galerie servent donc d’intermédiaire entre la
belle et riche ordonnance de 1553 et la fin des constructions vers 1590.
Dans son étude très complète de restauration du château de Kerjean, M. Chaussepied ne néglige aucune des parties de la construction: portes, fenêtres, cheminées, puits, fontaines, etc., sont reproduits à grande échelle, des coupes montrent les dis
positions intérieures du bâtiment. C’est un travail de haute érudition que le jury du Salon a récompensé selon son mérite.
AUX GALERIES GEORGES PETIT
Voici décidément l’hiver, puisque les petits salons recommencent.
C’est l’atelier Paulin qui a ouvert, comme on sait, la série de ces salons et salonnets qui se succéderont jusqu’en mai, et
plus tard encore. Nous comprenons parfaitement le louable entrain que mettent les artistes à exposer seuls ou par petits groupes, loin du gênant voisinage des grandes expositions. Ainsi, ils se manifestent mieux, donnent plus pleinement leur note, sont plus à même de dégager leur originalité pour le public friand dʼart.
Par l’ensemble des dispositions, ainsi que par l’ordonnance de son architecture et l’arrangement de son ornementation, Kerjean appartient bien à la (in de la Renaissance, c’est-à-dire à la seconde moitié du xvIe siècle. Cependant, une grande unité ne règne pas sur toute cette vaste construction; si le style Henri III et Charles IX se remarque dès l’entrée, il y a des par
ties se rapprochant plutôt du règne de Henri IV; tandis que le corps de logis, exécuté en dernier lieu, est devenu presque
Louis XIII. Mais ces mélanges des styles se rassemblent dʼune façon si heureuse et si insensible, qu’ils ne détruisent point l’harmonie dans tout cet édifice.
Le château de Kerjean est contemporain du château dʼAnet, et l’architecte de Kerjean s’en est beaucoup inspiré. Comme Anet, Kerjean est le château dit « à la Française » avec son corps de logis principal au fond, ses deux ailes et sa clôture
d’entrée formant une cour d’honneur où se passait toute la vie intérieure des châtelains et de leurs gens.
Le mur qui ferme l’entrée du château au sud (pl. 16 et 17), est décoré d’un magnifique portique, muni de deux portes
plein cintre, l’une pour les voitures, l’autre plus petite pour les piétons; elles sont séparées par de beaux pilastres doriques cannelés reposant sur de petites bases et peu en saillie; ces
pilastres supportent en revanche un entablement très élevé et une corniche saillante à moulures multiples et compliquées.
Au-dessus de cette corniche, un couronnement répondant à la disposition inférieure se compose de trois arcades ajourées, munies de frêles colonnettes. Au milieu, un riche fronton trian
gulaire, orné d’un cartouche dans son tympan, repose sur deux belles colonnes nonolithes d’ordre corinthien très bien sculptées. De chaque côté, un entablement à frise bombée, sou
tenu par de petites cariatides en Kersanton représentant des captives enchaînées, d’un beau travail. Cet entablement reçoit de grandes volutes sur lesquelles reposaient autrefois des lions supportant probablement des armoiries, le tout surmonté d’une statue; c’est cette ordonnance qui rappelle, en plus petit
et en moins beau naturellement, l’entrée du château dʼAnet
De chaque côté de ce beau portique s’étend le mur de clôture en pierre de taille; ce mur abrite une large terrasse sup
portée par une double rangée d’arcades, reliant le pavillon des archives à l’ouest à celui de la chapelle à l’est. Ces deux pavil
lons accompagnent très heureusement cette majestueuse entrée
et forment avec leur campanile élégant et le couronnement du portique un ensemble très monumental et très décoratif.
Cette entrée de la cour d’honneur constitue la partie la plus riche du château; à mesure que les constructions s’avançaient,
elles devenaient plus sobres, abandonnant les élégances de la Renaissance pour tomber dans le style pompeux, mais froid du XVIIe siècle. Les deux bâtiments en aile qui relient le corps de logis à la galerie servent donc d’intermédiaire entre la
belle et riche ordonnance de 1553 et la fin des constructions vers 1590.
Dans son étude très complète de restauration du château de Kerjean, M. Chaussepied ne néglige aucune des parties de la construction: portes, fenêtres, cheminées, puits, fontaines, etc., sont reproduits à grande échelle, des coupes montrent les dis
positions intérieures du bâtiment. C’est un travail de haute érudition que le jury du Salon a récompensé selon son mérite.
NOTES D’ART
AUX GALERIES GEORGES PETIT
Voici décidément l’hiver, puisque les petits salons recommencent.
C’est l’atelier Paulin qui a ouvert, comme on sait, la série de ces salons et salonnets qui se succéderont jusqu’en mai, et
plus tard encore. Nous comprenons parfaitement le louable entrain que mettent les artistes à exposer seuls ou par petits groupes, loin du gênant voisinage des grandes expositions. Ainsi, ils se manifestent mieux, donnent plus pleinement leur note, sont plus à même de dégager leur originalité pour le public friand dʼart.