Et ce môme public, resté jusqu’à ce jour assez neuf pour ces sortes d exhibitions, accourt. Il surprend lʼartiste presque dans l’intimité de sa pensée, presque dans le désordre de son atelier, « l’heureux désordre » qui constitue parfois la rouerie la plus amusante qui soit.
Aux galeries Georges Petit, il y a actuellement trois expositions particulières: le 4e Salon annuel de la gravure ori
ginale en couleurs, qui occupe le vaste salon; l’exposition
Henry Bouvet et celle de M. Augustin Rey, qui se partagent les salles attenantes.
Par une délicatesse que l’on comprendra aisément, nous pénétrons d’abord dans la salle de notre confrère.
Voici sur le bureau du fond quelques exemplaires du catalogue dont l’élégante couverture, dʼune nuance très douce, porte le nom de M. Auguste Rey et les sous titres: Les Lacs
dʼEcosse, la Mer, les Alpes. Nous en prenons un et constatons qu’en guise de préface il contient, sur la page de garde, quelques jolis vers qu’une personnalité connue, M. Jean Rameau, a écrit spécialement pour M. A. Rey.
Rien, en effet, ne pouvait mieux souligner et plus gentiment présenter les nouvelles œuvres de notre confrère. Nous re
grettons de ne pouvoir les transcrire ici, faute de place, mais nous nous expliquons très bien la présence du poète parmi « les lacs qui tremblent sous l’aurore »; « les vagues qui
dressent leurs seins amoureux au rythme du vent souple et confidentiel », les vertigineuses hauteurs des Alpes qui sont comme le « marchepied de l’infini... » toutes choses de la belle et grandiose Nature que le talentueux pinceau de l’artiste se plaît à faire revivre.
Car, M. Aug. Rey n’a pas varié dans son thème favori depuis sa brillante exposition de l’année dernière dont nous avons entretenu nos lecteurs.
L heureux don de voir et exprimer juste, se reconnaît vile; notre confrère possède ce don. De là lʼimpression extrêmement saine et sympathique qui se dégage de l’ensemble de ses cinquante-cinq nouvelles aquarelles, impressions lointaines, études savoureuses, documentaires, vivantes et évocatrices. Devant ces œuvres on sent que l’on se trouve en présence d’un artiste aguerri, un coloriste à la fois puissant et subtil, un observateur sage et pénétrant. Il sait surtout rendre la séduction étrange et murmurante de la sauvage nature dont il connaît tous les plis et replis. Ainsi saisie dans son intimité,
elle lui chuchote des confidences exquises. Elle se fait câline devant lui, comme le font les êtres qui veulent qu’on les aime. On remarquera avec quel art il a su s’assimiler la mélancolie farouche de cette nature dont il a noté les aspects les plus divers; avec quelle dextérité il a figé les fugitifs nuages à l’heure où le soleil couchant les baigne d’une lueur rose à réverbération sanguinolente et hautement suggestive;
avec quel rare entendement il a peint les « bois affolés de brise » que l’alouette chante en lançant en plein ciel son joyeux cri:
J’ai dépassé le peuplier
Que la brise humide et plaintive Incline, argente et fait plier
Sur les eaux calmes de la rive.
Dépassons à notre tour, la dernière rangée de toutes ces captivantes choses, jetons, en passant, un dernier coup d’œil
sur ce délicieux Rideau dʼarbres (n° 42), dont nous rappelons particulièrement, sur Plus que centenaire (n° 11); le Clocher de petit village (n° 18); l’Effet du soir sur le lac Tay (n° 21); Sym
phonie de pourpre (n° 22) qui est vendu avec quelques autres; La Piccola marina à Capri (n° 34) et lʼApproche de la mit (n° 9), qui s’approche pour nous effectivement, et terminons en enregistrant avec plaisir ce nouveau succès dans le domaine de l art de notre estimé confrère.
A. Gelbert.
Le jardinier est un des collaborateurs de l architecte, c’est lui qui entoure châteaux, villas et maisons, de jolis jardins remplis de fleurs et de vastes parcs verdoyants. Aussi ne manquons-nous jamais de rendre compte ici de l’Exposition annuelle organisée, en novembre, par la Société Nationale d’Horticulture. L’Exposition, cette année, ouverte, comme d’usage, au Cours-la-Reine, du 8 au 17 novembre, a été encore plus importante que les années précédentes. Les grandes et belles serres de la Ville de Paris furent, pour la circonstance, transformées en magnifiques jardins, où toutes les variétés, si diverses, de chrysanthèmes, dʼœillets et d’orchidées étaient représentées. Les principaux établissements horticoles de France et un grand nombre d’écoles de jardinage et d’agriculture avaient envoyé les plus beaux produits de leur culture;
des ouvriers jardiniers et des amateurs exposaient les plantes remarquables élevées par eux avec un soin tout particulier.
Les étiquettes, fichées au pied des plantes, portaient les noms les plus divers. Pour les chrysanthèmes, comme pour les roses, comme pour certaines autres fleurs délicates, les horti
culteurs s’ingénient à trouver des noms qui ne manquent ni d’originalité, ni de poésie, et qui, le plus souvent, caractérisent parfaitement lʼobjet. Au hasard de la lecture, voici
Papa Rie, Souvenir de petite amie, Sapho, Périclès, Sourire de femme, Rêverie, Pensée d’automne, Alphonse Karr, etc.
Voici enfin Tokio, une véritable cascade de fleurs devant laquelle on s’arrête émerveillé. Cʼest une masse touffue et bien
nourrie de larges et superbes chrysanthèmes, sur laquelle se balancent 700 fleurs. Cette plante mesure plus de 10 mètres de circonférence et a plus de 3 mètres de hauteur.
Nous avons cherché parmi les magnifiques fleurs et les superbes fruits, exposés dans les serres et sur les bas-côtés, ce qui pouvait le plus intéresser au point de vue décoratif, et nous avons trouvé une fenêtre et une table tout ornées de fleurs et de plantes grimpantes, et, en face, un jardin d’hiver et une balustrade dont la décoration est remarquable. Ces
deux expositions donnent la mesure de ce que l’art floral peut faire de merveilles dans la décoration du home élégant.
Les architectes paysagistes ont exposé également quantité de choses interessantes, et parmi celles-ci il nous faut citer les deux tableaux représentant les travaux en cours d’exécution, en Roumanie, pour l’établissement de parcs et de jar
dins dans la résidence royale d’Argesch. Cʼest un architecte français, M. Redont, qui a entrepris cet important travail.
A l’extérieur, dans les allées et sur les terrains qui avoisinent les serres, il y avait une exposition importante de matériel et d’outillage horticole. Nous y avons trouvé un grand
nombre de serres et d’appareils de chauffage, des travaux rustiques, des treillages, des kiosques fort gracieux en bois et en fer, des pavillons couverts en chaume, et quantité d’accessoires nécessaires aux maisons de campagne et aux jardins. Une exposition d’œuvres d’art en pierres agglomè
Aux galeries Georges Petit, il y a actuellement trois expositions particulières: le 4e Salon annuel de la gravure ori
ginale en couleurs, qui occupe le vaste salon; l’exposition
Henry Bouvet et celle de M. Augustin Rey, qui se partagent les salles attenantes.
Par une délicatesse que l’on comprendra aisément, nous pénétrons d’abord dans la salle de notre confrère.
Voici sur le bureau du fond quelques exemplaires du catalogue dont l’élégante couverture, dʼune nuance très douce, porte le nom de M. Auguste Rey et les sous titres: Les Lacs
dʼEcosse, la Mer, les Alpes. Nous en prenons un et constatons qu’en guise de préface il contient, sur la page de garde, quelques jolis vers qu’une personnalité connue, M. Jean Rameau, a écrit spécialement pour M. A. Rey.
Rien, en effet, ne pouvait mieux souligner et plus gentiment présenter les nouvelles œuvres de notre confrère. Nous re
grettons de ne pouvoir les transcrire ici, faute de place, mais nous nous expliquons très bien la présence du poète parmi « les lacs qui tremblent sous l’aurore »; « les vagues qui
dressent leurs seins amoureux au rythme du vent souple et confidentiel », les vertigineuses hauteurs des Alpes qui sont comme le « marchepied de l’infini... » toutes choses de la belle et grandiose Nature que le talentueux pinceau de l’artiste se plaît à faire revivre.
Car, M. Aug. Rey n’a pas varié dans son thème favori depuis sa brillante exposition de l’année dernière dont nous avons entretenu nos lecteurs.
L heureux don de voir et exprimer juste, se reconnaît vile; notre confrère possède ce don. De là lʼimpression extrêmement saine et sympathique qui se dégage de l’ensemble de ses cinquante-cinq nouvelles aquarelles, impressions lointaines, études savoureuses, documentaires, vivantes et évocatrices. Devant ces œuvres on sent que l’on se trouve en présence d’un artiste aguerri, un coloriste à la fois puissant et subtil, un observateur sage et pénétrant. Il sait surtout rendre la séduction étrange et murmurante de la sauvage nature dont il connaît tous les plis et replis. Ainsi saisie dans son intimité,
elle lui chuchote des confidences exquises. Elle se fait câline devant lui, comme le font les êtres qui veulent qu’on les aime. On remarquera avec quel art il a su s’assimiler la mélancolie farouche de cette nature dont il a noté les aspects les plus divers; avec quelle dextérité il a figé les fugitifs nuages à l’heure où le soleil couchant les baigne d’une lueur rose à réverbération sanguinolente et hautement suggestive;
avec quel rare entendement il a peint les « bois affolés de brise » que l’alouette chante en lançant en plein ciel son joyeux cri:
J’ai dépassé le peuplier
Que la brise humide et plaintive Incline, argente et fait plier
Sur les eaux calmes de la rive.
Dépassons à notre tour, la dernière rangée de toutes ces captivantes choses, jetons, en passant, un dernier coup d’œil
sur ce délicieux Rideau dʼarbres (n° 42), dont nous rappelons particulièrement, sur Plus que centenaire (n° 11); le Clocher de petit village (n° 18); l’Effet du soir sur le lac Tay (n° 21); Sym
phonie de pourpre (n° 22) qui est vendu avec quelques autres; La Piccola marina à Capri (n° 34) et lʼApproche de la mit (n° 9), qui s’approche pour nous effectivement, et terminons en enregistrant avec plaisir ce nouveau succès dans le domaine de l art de notre estimé confrère.
A. Gelbert.
EXPOSITION DE CHRYSANTHÈMES
Le jardinier est un des collaborateurs de l architecte, c’est lui qui entoure châteaux, villas et maisons, de jolis jardins remplis de fleurs et de vastes parcs verdoyants. Aussi ne manquons-nous jamais de rendre compte ici de l’Exposition annuelle organisée, en novembre, par la Société Nationale d’Horticulture. L’Exposition, cette année, ouverte, comme d’usage, au Cours-la-Reine, du 8 au 17 novembre, a été encore plus importante que les années précédentes. Les grandes et belles serres de la Ville de Paris furent, pour la circonstance, transformées en magnifiques jardins, où toutes les variétés, si diverses, de chrysanthèmes, dʼœillets et d’orchidées étaient représentées. Les principaux établissements horticoles de France et un grand nombre d’écoles de jardinage et d’agriculture avaient envoyé les plus beaux produits de leur culture;
des ouvriers jardiniers et des amateurs exposaient les plantes remarquables élevées par eux avec un soin tout particulier.
Les étiquettes, fichées au pied des plantes, portaient les noms les plus divers. Pour les chrysanthèmes, comme pour les roses, comme pour certaines autres fleurs délicates, les horti
culteurs s’ingénient à trouver des noms qui ne manquent ni d’originalité, ni de poésie, et qui, le plus souvent, caractérisent parfaitement lʼobjet. Au hasard de la lecture, voici
Papa Rie, Souvenir de petite amie, Sapho, Périclès, Sourire de femme, Rêverie, Pensée d’automne, Alphonse Karr, etc.
Voici enfin Tokio, une véritable cascade de fleurs devant laquelle on s’arrête émerveillé. Cʼest une masse touffue et bien
nourrie de larges et superbes chrysanthèmes, sur laquelle se balancent 700 fleurs. Cette plante mesure plus de 10 mètres de circonférence et a plus de 3 mètres de hauteur.
Nous avons cherché parmi les magnifiques fleurs et les superbes fruits, exposés dans les serres et sur les bas-côtés, ce qui pouvait le plus intéresser au point de vue décoratif, et nous avons trouvé une fenêtre et une table tout ornées de fleurs et de plantes grimpantes, et, en face, un jardin d’hiver et une balustrade dont la décoration est remarquable. Ces
deux expositions donnent la mesure de ce que l’art floral peut faire de merveilles dans la décoration du home élégant.
Les architectes paysagistes ont exposé également quantité de choses interessantes, et parmi celles-ci il nous faut citer les deux tableaux représentant les travaux en cours d’exécution, en Roumanie, pour l’établissement de parcs et de jar
dins dans la résidence royale d’Argesch. Cʼest un architecte français, M. Redont, qui a entrepris cet important travail.
A l’extérieur, dans les allées et sur les terrains qui avoisinent les serres, il y avait une exposition importante de matériel et d’outillage horticole. Nous y avons trouvé un grand
nombre de serres et d’appareils de chauffage, des travaux rustiques, des treillages, des kiosques fort gracieux en bois et en fer, des pavillons couverts en chaume, et quantité d’accessoires nécessaires aux maisons de campagne et aux jardins. Une exposition d’œuvres d’art en pierres agglomè