ceux-là, les travaux faits ou en cours dʼexécution à la place Saint Michel? La rapidité avec laquelle on opère dans une entreprise aussi délicate et les procédés rais en œuvre dans une opération aussi difficile, seraient bien faits pour étonner les plus grands constructeurs d’il y a seulement soixante ans.
Ils sont, en effet, remarquables à bien des points de vue, ces travaux cyclopéens du Métro, pour l’établissement de la gare de la place Saint-Michel. Les profanes se plaignent de lʼencombrement; les grincheux maugréent contre les chaus
sées défoncées; les badauds s’arrêtent pour regarder les énormes squelettes d’acier et les lourdes poutrelles. Tout le monde se plaint; mais chacun, en regardant les chantiers,
ne peut échapper à l’admiration qu’ils provoquent. C’est admirable, en effet! La méthode avec laquelle tout cela est mené, demande de justes éloges; la hardiesse et la précision,
qui président à l’exécution des grands travaux, méritent l’enthousiasme.
Le chantier qui, pendant quelques dix-huit mois, a encombré la place Saint-Michel et le carrefour Saint-André-des-Arts,
réclame une mention spéciale. Il comporte trois parties distinctes: un grand caisson central venant aboutir à deux
caissons ou puits d’extrémité qui, tous trois, après avoir été descendus dans des conditions particulièrement difficiles, sont aujourd’hui en place, à leurs emplacements définitifs.
Le grand caisson central doit servir à la gare proprement dite; il est de forme semi-cylindrique et mesure exactement 12m, 50 de hauteur, sa largeur totale est de 16m, 50. Les fermes transversales de la charpente sont placées à 1m, 20 d’axe en axe; les entretoises, qui servent à les relier, sont rivées sur les plaques de tôles de l’enveloppe extérieure. Ce squelette en acier s’étend sur 75 mètres de longueur; sa section transver
sale s’offre à nos regards sous la forme d’une voûte en plein cintre retombant sur un radier elliptique avec des piédroits de faible hauteur. L’immense ouvrage est aujourd’hui en place; il a été descendu, après fonçage progressif du sol, à 13m, 55 de profondeur au-dessous du niveau de la place.
Les remblais sont aujourd’hui faits et le pavage a repris son aspect normal.
Pour le passant qui n’a pas vu, alors qu’ils étaient apparents, les immenses ouvrages aujourd’hui enfouis sous terre, il semble que rien de particulier ne s’est passé à cet endroit. Nul ne peut deviner que des milliers de tonnes d’acier ont été progressivement descendues à une telle profondeur.
Il ne se doute pas non plus, celui qui n’a pas suivi de près ces travaux, que, tout autour de l’enveloppe métallique, il a été coulé un manchon de béton ayant 1 mètre d’épaisseur à la clef de voûte et 2 mètres aux naissances; et le profane ignore aussi que de forts murs de soutènement en béton ont été construits sur les côtés.
Aujourd’hui, la station souterraine est en voie de parachèvement; elle aura deux quais latéraux de 3m, 50 de largeur,
qui laisseront entre eux un espace libre de 5m, 50, affecté à la voie. Pour y accéder, il faudra descendre une série d’escaliers ayant un ensemble de près de 100 marches.
Passons aux caissons dʼextrémités. Tous deux sont en place; Tun est remblayé, l’autre se voit encore. Quantité de badauds regardent les travaux qui s’y exécutent à ciel ouvert et as
sistent avec intérêt à la manœuvre des immenses poutres de 3 mètres de hauteur et de près de 20 mètres de longueur, que,
après leur descente, une équipe de 18 hommes met en place à l’aide d’une douzaine de robustes crics et verrins. Ces poutres forment la couverture de ce trou immense.
Les deux caissons d’extrémités, celui qui est enterré et l’autre, sont identiquement semblables. Leur section intérieure est elliptique; elle mesure 26 mètres sur le grand axe et 19 mètres sur le petit axe. Les deux volumineuses cuves sont formées par un double cuvelage étanche, formé de plaques d’acier rivé; l’intervalle entre chacun à lm, 50 de largeur, il a été rempli par 2. 500 tonnes de béton. L’anneau, ainsi consti
tué, est surmonté d’un mur de couronnement en maçonnerie de 2 mètres de hauteur, supportant le plancher métallique que composent les immenses poutres dont nous avons parlé plus haut. Les puits d’extrémités ont été descendus à 23 mètres environ au-dessous du sol de la place; ils comportent des
amorces pour se raccorder, en amont et en aval, sur les deux parties de la ligne.
Les maisons avoisinantes n’ont pas eu à souffrir de ces travaux, qui ont pu être exécutés sans que la solidité des édifices voisins ait été, en aucune façon, mise en danger. Seuls, les locataires furent incommodés par les bruits du chantier et plus particulièrement par celui des riveuses à marteau pneu
matique avec lesquelles ont été effectués les rivetages de la partie métallique du caisson central et des puits d’extrémité.
Actuellement on travaille, en même temps qu’au montage de la charpente du puits ou caisson d’extrémité Saint-Andrédes-Arts, au raccordement, en rampe, du tunnel de la rue Danton. Un chantier très complet a été installé, du côté de la Seine, pour le raccordement de la partie traversant la ligne d’Orléans et passant sous le fleuve; cette partie se fera, grâce au procédé déjà employé dans bien des cas avec succès et qui a pour principe la congélation des emplacements.
Il faut arrêter ici cette description, qui confirme ce que nous disions, en commençant, relativement à l’étonnement que causeraient les travaux actuels aux constructeurs de la première partie du siècle dernier.
Will Darvillé.
Prévisions de prix dépassées. — Responsabilité de l’architecte. — Circonstances de fait très atténuantes. — Villa très
luxueuse. — Intention du propriétaire.
Un architecte, qui avait évalué approximativement à 25. 000 francs le prix de revient d’une villa à construire à Plombières, vit en réalité les dépenses atteindre le chiffre presque double de 48. 537 fr. 98.
Se basant sur une faute professionnelle imputable à cet architecte, le propriétaire lʼactionna en dommages-intérêts, en vertu du droit commun et par application des articles 1. 382 et suivants du Code civil.
La Cour d’Appel de Nancy, confirmant le jugement de première instance, vient de débouter le propriétaire de sa demande.
Lʼexistence dʼune faute à la charge de l’architecte est admise théoriquement dans cet arrêt, mais encore faut-il déterminer les circonstances dans lesquelles cette faute a été commise, et voir si ces circonstances ne sont pas telles que pratiquement la faute disparaisse.
En fait, le propriétaire avait lui-même donné le croquis de la villa qu’il désirait faire édifier; ce ne fut qu’ensuite et incidemment qu’il demanda à l’architecte la dépense approxi
Ils sont, en effet, remarquables à bien des points de vue, ces travaux cyclopéens du Métro, pour l’établissement de la gare de la place Saint-Michel. Les profanes se plaignent de lʼencombrement; les grincheux maugréent contre les chaus
sées défoncées; les badauds s’arrêtent pour regarder les énormes squelettes d’acier et les lourdes poutrelles. Tout le monde se plaint; mais chacun, en regardant les chantiers,
ne peut échapper à l’admiration qu’ils provoquent. C’est admirable, en effet! La méthode avec laquelle tout cela est mené, demande de justes éloges; la hardiesse et la précision,
qui président à l’exécution des grands travaux, méritent l’enthousiasme.
Le chantier qui, pendant quelques dix-huit mois, a encombré la place Saint-Michel et le carrefour Saint-André-des-Arts,
réclame une mention spéciale. Il comporte trois parties distinctes: un grand caisson central venant aboutir à deux
caissons ou puits d’extrémité qui, tous trois, après avoir été descendus dans des conditions particulièrement difficiles, sont aujourd’hui en place, à leurs emplacements définitifs.
Le grand caisson central doit servir à la gare proprement dite; il est de forme semi-cylindrique et mesure exactement 12m, 50 de hauteur, sa largeur totale est de 16m, 50. Les fermes transversales de la charpente sont placées à 1m, 20 d’axe en axe; les entretoises, qui servent à les relier, sont rivées sur les plaques de tôles de l’enveloppe extérieure. Ce squelette en acier s’étend sur 75 mètres de longueur; sa section transver
sale s’offre à nos regards sous la forme d’une voûte en plein cintre retombant sur un radier elliptique avec des piédroits de faible hauteur. L’immense ouvrage est aujourd’hui en place; il a été descendu, après fonçage progressif du sol, à 13m, 55 de profondeur au-dessous du niveau de la place.
Les remblais sont aujourd’hui faits et le pavage a repris son aspect normal.
Pour le passant qui n’a pas vu, alors qu’ils étaient apparents, les immenses ouvrages aujourd’hui enfouis sous terre, il semble que rien de particulier ne s’est passé à cet endroit. Nul ne peut deviner que des milliers de tonnes d’acier ont été progressivement descendues à une telle profondeur.
Il ne se doute pas non plus, celui qui n’a pas suivi de près ces travaux, que, tout autour de l’enveloppe métallique, il a été coulé un manchon de béton ayant 1 mètre d’épaisseur à la clef de voûte et 2 mètres aux naissances; et le profane ignore aussi que de forts murs de soutènement en béton ont été construits sur les côtés.
Aujourd’hui, la station souterraine est en voie de parachèvement; elle aura deux quais latéraux de 3m, 50 de largeur,
qui laisseront entre eux un espace libre de 5m, 50, affecté à la voie. Pour y accéder, il faudra descendre une série d’escaliers ayant un ensemble de près de 100 marches.
Passons aux caissons dʼextrémités. Tous deux sont en place; Tun est remblayé, l’autre se voit encore. Quantité de badauds regardent les travaux qui s’y exécutent à ciel ouvert et as
sistent avec intérêt à la manœuvre des immenses poutres de 3 mètres de hauteur et de près de 20 mètres de longueur, que,
après leur descente, une équipe de 18 hommes met en place à l’aide d’une douzaine de robustes crics et verrins. Ces poutres forment la couverture de ce trou immense.
Les deux caissons d’extrémités, celui qui est enterré et l’autre, sont identiquement semblables. Leur section intérieure est elliptique; elle mesure 26 mètres sur le grand axe et 19 mètres sur le petit axe. Les deux volumineuses cuves sont formées par un double cuvelage étanche, formé de plaques d’acier rivé; l’intervalle entre chacun à lm, 50 de largeur, il a été rempli par 2. 500 tonnes de béton. L’anneau, ainsi consti
tué, est surmonté d’un mur de couronnement en maçonnerie de 2 mètres de hauteur, supportant le plancher métallique que composent les immenses poutres dont nous avons parlé plus haut. Les puits d’extrémités ont été descendus à 23 mètres environ au-dessous du sol de la place; ils comportent des
amorces pour se raccorder, en amont et en aval, sur les deux parties de la ligne.
Les maisons avoisinantes n’ont pas eu à souffrir de ces travaux, qui ont pu être exécutés sans que la solidité des édifices voisins ait été, en aucune façon, mise en danger. Seuls, les locataires furent incommodés par les bruits du chantier et plus particulièrement par celui des riveuses à marteau pneu
matique avec lesquelles ont été effectués les rivetages de la partie métallique du caisson central et des puits d’extrémité.
Actuellement on travaille, en même temps qu’au montage de la charpente du puits ou caisson d’extrémité Saint-Andrédes-Arts, au raccordement, en rampe, du tunnel de la rue Danton. Un chantier très complet a été installé, du côté de la Seine, pour le raccordement de la partie traversant la ligne d’Orléans et passant sous le fleuve; cette partie se fera, grâce au procédé déjà employé dans bien des cas avec succès et qui a pour principe la congélation des emplacements.
Il faut arrêter ici cette description, qui confirme ce que nous disions, en commençant, relativement à l’étonnement que causeraient les travaux actuels aux constructeurs de la première partie du siècle dernier.
Will Darvillé.
CHRONIQUE JURIDIQUE
Prévisions de prix dépassées. — Responsabilité de l’architecte. — Circonstances de fait très atténuantes. — Villa très
luxueuse. — Intention du propriétaire.
Un architecte, qui avait évalué approximativement à 25. 000 francs le prix de revient d’une villa à construire à Plombières, vit en réalité les dépenses atteindre le chiffre presque double de 48. 537 fr. 98.
Se basant sur une faute professionnelle imputable à cet architecte, le propriétaire lʼactionna en dommages-intérêts, en vertu du droit commun et par application des articles 1. 382 et suivants du Code civil.
La Cour d’Appel de Nancy, confirmant le jugement de première instance, vient de débouter le propriétaire de sa demande.
Lʼexistence dʼune faute à la charge de l’architecte est admise théoriquement dans cet arrêt, mais encore faut-il déterminer les circonstances dans lesquelles cette faute a été commise, et voir si ces circonstances ne sont pas telles que pratiquement la faute disparaisse.
En fait, le propriétaire avait lui-même donné le croquis de la villa qu’il désirait faire édifier; ce ne fut qu’ensuite et incidemment qu’il demanda à l’architecte la dépense approxi