L’Écho y fut accueilli « avec cette parfaite bonne grâce que tout le monde connaît; il constata que le cabinet directorial est ouvert à toutes les initiatives ».
On voit que lʼÉcho est équitable; il lui est d autant plus facile de lʼêtre que M. le Sous-Secrétaire l’assura do toutes ses sympathies pour l’œuvre à accomplir. Car il y a, dit-il, beaucoup à faire encore. Nous avons cependant créé des réservoirs; en cas d incendie, nous serions dès à présent en mesure d’arroser toutes les toitures. Les gardiens sont mainte
nant, par les soins de l’État, logés en ville et ils y feront du feu chez eux tant quʼils voudront, à raison de 300 francs par tête.
Cʼest 30 francs par pied à chauffer, l’un après l’autre, ainsi qu’on le constate par un calcul rapide.
Les collections des Trianons iront en ville comme les gardiens. Non pas qu’on les déplace; seulement elles passent de la Conservation du Palais à celle des Musées natio
naux. Les non-initiés ne distingueraient peut-être pas bien la différence; mais il y en a une, et elle est aussi importante que favorable aux collections.
De même l’Entretien et la Restauration se soustraient aux Bâtiments civils; ils seront dorénavant sous l’égide d’un inspecteur général et de la Commission des monuments histo
riques. En un mot, de Palais Versailles devient Monument. Le public ignorant n’y verra pas grand’ chose; mais nos lec
teurs savent bien que ce sont deux mondes séparés par un Océan, pacifique ou non, mais sans bornes. Ces deux grands services sont le Japon et les Etats-Unis de l’architecture.
Celle-ci a paru aussi sur le tapis de l’entretien:
« Il y a, répondit à M. Dujardin-Beaumetz lʼÉcho qui nous le redit: il y a une querelle qui s’éternise entre les artistes qui
voudraient qu’on réparât les vieilles choses sans y toucher, et vos architectes de l’État qui ont tous la même tendance à sub
stituer des restaurations coûteuses en matériaux neufs aux ruines qu’ils abattent. »
— Chut! répliqua M. le Directeur; on ne peut émettre d’appréciations là-dessus que selon les cas.
Il nʼy eut donc pas d’appréciation émise. Le cas reste réservé; et cette réserve semble grosse d’orages futurs. En at
tendant, s’organisent un contrôle et une vérification spéciale des devis.
Et, toujours entre temps, se pose une autre question (qui aurait bien pu se poser ailleurs), celle des treillages dont
« les brèches laissent pénétrer les visiteurs irrespectueux et mal intentionnés qui saccagent les charmilles et les bosquets, abîment les arbres et surtout les jeunes pousses. »
On ne saurait décrire en termes plus adroits ni plus discrets les intentions irrespectueuses de ces visiteurs qui se retirent ainsi, un journal à la main — lʼÉcho peut-être, — au sein des charmilles. Si Louis XIV les avait vus!
Mais qu est-ce que ces visiteurs, d’intentions si impures, peuvent bien faire à ces jeunes pousses que l’on aurait pu croire au contraire fécondées avantageusement par eux?
Après tout, que nous importe ce mystère que, seule, la Commission des monuments historiques aura plus tard mis
sion de sonder, quand elle aura pris personnellement toute connaissance de cause.....et d’effet.
Il ne restait plus à M. Dujardin-Beaumetz qu’à compléter l’érudition du rédacteur en lui apprenant que la pièce d’eau des Suisses a la même superficie que le jardin des Tuileries. Aussi coùle-t-elle cher à entretenir.
M. Léon Bourgois, revenu de La Haye, avait pris connais
sance de lʼentretien que nous venons de résumer; il estime avec raison que M. le Sous-Secrétaire d’État avait dit des choses judicieuses et il les approuve entièrement.
M. Millerand, pour se reposer des tracas parlementaires, acceptera avec le plus grand plaisir d’être le jurisconsulte des Amis de Versailles, lʼÉcho lui ayant affirmé que, dans le député, il y a un grand avocat à côté de lʼhomme politique.
Ils sont à côté l’un de l’autre: mais en réalité ils ne font quʼun; notre lecteur l’a compris tout de suite.
M. Jules Clarétie, en son cabinetcélèbre, parla avec une abondance qui tint le journalisme sous le charme. 11 retraça l’histoire du xIxe siècle, tout entier résumé dans le Versailles que nous voyons, depuis Louis-Philippe, roi des Français, jus
qu aux Assemblées nationales, aux Congrès, aux élections présidentielles.
« Il y a donc, conclut-il, un grand choix de points de vue d’où lʼon doit se placer pour aimer et vénérer Versailles. »—Il
y en a même d’autres encore, ceux du xvIIIe et, si l’on y lient, ceux du xvIIe siècle. Comme le faisait si justement remarquer M. l’Administrateur général, il nʼy a que l’embarras du choix;
et il ne s’agit, pour chacun de nous, que de bien choisir le sien.
Mais tous ces points de vue réunis nous conduisent au même carrefour, très exactement décrit et défini en ces termes: « Souhaiter que l’admirable domaine soit conservé dans son intégrale beauté. »
Et M. Claretie ajouta ensuite, en excellents termes, cette remarque très juste: De plus en plus, Versailles doit devenir,
aux yeux des Français, ce qu’il est déjà pour les étrangers qui y viennent en foule, un conservatoire du bon goût français.
Il n’y a guère qu’en France qu’on en a dit du mal.
Quant à M. Déroulède, également consulté, Versailles est une grande leçon de choses toutes nationales, qui fait défiler sous les yeux, bataille par bataille, héros par héros, tout ce qui a formé et forgé la France!
Seulement, il réveille aussi des souvenirs pénibles que M. Déroulède n’oublie pas. P. Planat.
EXPOSITION D HYGIÈNE DE LYON
M. F. Françon, architecte à Lyon, vient de faire paraître, dans le Bulletin mensuel de la Société académique d’architecture de Lyon, un rapport très complet sur l’exposition d’hygiène qui eut lieu à Lyon, l’été dernier. Il a bien voulu nous auto
riser à reproduire sou intéressant travail; il a su y mettre en valeur l’effort accompli par des architectes spécialisés dans la construction des maisons à bon marché, et par des industriels qui, au moyen de produits spéciaux et hygiéniques, les ont aidés à donner à l’habitation la plus modeste un confort agréable et inconnu jusqu’ici.
Nous nous contenterons de tirer de ce rapport quelques extraits, concernant l’appréciation personnelle de M. Françon sur l’OEuvre des architectes et l’Exposition des produits des industriels.
« L’Exposition d’hygiène de Lyon s’intéressait surtout à l’habitation des humbles trop sacrifiés, notamment aux maisons ouvrières. Les maisons ouvrières de MM. Lavirotte et Bouilhères ont été ainsi l’un des « clous » de l’Exposition d’hy
giène; les visiteurs, et surtout les personnes étrangères à Lyon, visitaient avec un soin attentif et admiratif les deux petites maisons blanches, vertes et roses, entourées de verdures hâtives et mises en valeur par deux bouges de la « Cour
On voit que lʼÉcho est équitable; il lui est d autant plus facile de lʼêtre que M. le Sous-Secrétaire l’assura do toutes ses sympathies pour l’œuvre à accomplir. Car il y a, dit-il, beaucoup à faire encore. Nous avons cependant créé des réservoirs; en cas d incendie, nous serions dès à présent en mesure d’arroser toutes les toitures. Les gardiens sont mainte
nant, par les soins de l’État, logés en ville et ils y feront du feu chez eux tant quʼils voudront, à raison de 300 francs par tête.
Cʼest 30 francs par pied à chauffer, l’un après l’autre, ainsi qu’on le constate par un calcul rapide.
Les collections des Trianons iront en ville comme les gardiens. Non pas qu’on les déplace; seulement elles passent de la Conservation du Palais à celle des Musées natio
naux. Les non-initiés ne distingueraient peut-être pas bien la différence; mais il y en a une, et elle est aussi importante que favorable aux collections.
De même l’Entretien et la Restauration se soustraient aux Bâtiments civils; ils seront dorénavant sous l’égide d’un inspecteur général et de la Commission des monuments histo
riques. En un mot, de Palais Versailles devient Monument. Le public ignorant n’y verra pas grand’ chose; mais nos lec
teurs savent bien que ce sont deux mondes séparés par un Océan, pacifique ou non, mais sans bornes. Ces deux grands services sont le Japon et les Etats-Unis de l’architecture.
Celle-ci a paru aussi sur le tapis de l’entretien:
« Il y a, répondit à M. Dujardin-Beaumetz lʼÉcho qui nous le redit: il y a une querelle qui s’éternise entre les artistes qui
voudraient qu’on réparât les vieilles choses sans y toucher, et vos architectes de l’État qui ont tous la même tendance à sub
stituer des restaurations coûteuses en matériaux neufs aux ruines qu’ils abattent. »
— Chut! répliqua M. le Directeur; on ne peut émettre d’appréciations là-dessus que selon les cas.
Il nʼy eut donc pas d’appréciation émise. Le cas reste réservé; et cette réserve semble grosse d’orages futurs. En at
tendant, s’organisent un contrôle et une vérification spéciale des devis.
Et, toujours entre temps, se pose une autre question (qui aurait bien pu se poser ailleurs), celle des treillages dont
« les brèches laissent pénétrer les visiteurs irrespectueux et mal intentionnés qui saccagent les charmilles et les bosquets, abîment les arbres et surtout les jeunes pousses. »
On ne saurait décrire en termes plus adroits ni plus discrets les intentions irrespectueuses de ces visiteurs qui se retirent ainsi, un journal à la main — lʼÉcho peut-être, — au sein des charmilles. Si Louis XIV les avait vus!
Mais qu est-ce que ces visiteurs, d’intentions si impures, peuvent bien faire à ces jeunes pousses que l’on aurait pu croire au contraire fécondées avantageusement par eux?
Après tout, que nous importe ce mystère que, seule, la Commission des monuments historiques aura plus tard mis
sion de sonder, quand elle aura pris personnellement toute connaissance de cause.....et d’effet.
Il ne restait plus à M. Dujardin-Beaumetz qu’à compléter l’érudition du rédacteur en lui apprenant que la pièce d’eau des Suisses a la même superficie que le jardin des Tuileries. Aussi coùle-t-elle cher à entretenir.
M. Léon Bourgois, revenu de La Haye, avait pris connais
sance de lʼentretien que nous venons de résumer; il estime avec raison que M. le Sous-Secrétaire d’État avait dit des choses judicieuses et il les approuve entièrement.
M. Millerand, pour se reposer des tracas parlementaires, acceptera avec le plus grand plaisir d’être le jurisconsulte des Amis de Versailles, lʼÉcho lui ayant affirmé que, dans le député, il y a un grand avocat à côté de lʼhomme politique.
Ils sont à côté l’un de l’autre: mais en réalité ils ne font quʼun; notre lecteur l’a compris tout de suite.
M. Jules Clarétie, en son cabinetcélèbre, parla avec une abondance qui tint le journalisme sous le charme. 11 retraça l’histoire du xIxe siècle, tout entier résumé dans le Versailles que nous voyons, depuis Louis-Philippe, roi des Français, jus
qu aux Assemblées nationales, aux Congrès, aux élections présidentielles.
« Il y a donc, conclut-il, un grand choix de points de vue d’où lʼon doit se placer pour aimer et vénérer Versailles. »—Il
y en a même d’autres encore, ceux du xvIIIe et, si l’on y lient, ceux du xvIIe siècle. Comme le faisait si justement remarquer M. l’Administrateur général, il nʼy a que l’embarras du choix;
et il ne s’agit, pour chacun de nous, que de bien choisir le sien.
Mais tous ces points de vue réunis nous conduisent au même carrefour, très exactement décrit et défini en ces termes: « Souhaiter que l’admirable domaine soit conservé dans son intégrale beauté. »
Et M. Claretie ajouta ensuite, en excellents termes, cette remarque très juste: De plus en plus, Versailles doit devenir,
aux yeux des Français, ce qu’il est déjà pour les étrangers qui y viennent en foule, un conservatoire du bon goût français.
Il n’y a guère qu’en France qu’on en a dit du mal.
Quant à M. Déroulède, également consulté, Versailles est une grande leçon de choses toutes nationales, qui fait défiler sous les yeux, bataille par bataille, héros par héros, tout ce qui a formé et forgé la France!
Seulement, il réveille aussi des souvenirs pénibles que M. Déroulède n’oublie pas. P. Planat.
EXPOSITION D HYGIÈNE DE LYON
M. F. Françon, architecte à Lyon, vient de faire paraître, dans le Bulletin mensuel de la Société académique d’architecture de Lyon, un rapport très complet sur l’exposition d’hygiène qui eut lieu à Lyon, l’été dernier. Il a bien voulu nous auto
riser à reproduire sou intéressant travail; il a su y mettre en valeur l’effort accompli par des architectes spécialisés dans la construction des maisons à bon marché, et par des industriels qui, au moyen de produits spéciaux et hygiéniques, les ont aidés à donner à l’habitation la plus modeste un confort agréable et inconnu jusqu’ici.
Nous nous contenterons de tirer de ce rapport quelques extraits, concernant l’appréciation personnelle de M. Françon sur l’OEuvre des architectes et l’Exposition des produits des industriels.
« L’Exposition d’hygiène de Lyon s’intéressait surtout à l’habitation des humbles trop sacrifiés, notamment aux maisons ouvrières. Les maisons ouvrières de MM. Lavirotte et Bouilhères ont été ainsi l’un des « clous » de l’Exposition d’hy
giène; les visiteurs, et surtout les personnes étrangères à Lyon, visitaient avec un soin attentif et admiratif les deux petites maisons blanches, vertes et roses, entourées de verdures hâtives et mises en valeur par deux bouges de la « Cour