14 Décembre 1907LA CONSTRUCTION MODERNE
BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
Un de nos «lecteurs assidus» nous écrivait récemment pour nous faire observer que tout journal qui se respecte offre à ses abonnés un bulletin de ce genre, dans lequel sont inscrites les constatations faites par les observatoires du monde entier.
On y ajoute des pronostics sur le temps probable que réserve le lendemain.
Nous comprenons particulièrement qu il soit très agréable de constater ainsi qu’on a eu chaud la veille ou qu’on a gelé au contraire. Certes, on s’en était bien aperçu, mais on est tou
jours heureux de constater officiellement que la science vient confirmer ces impressions toutes personnelles.
Mieux encore nous comprenons la satisfaction quʼèprouve le lecteur à savoir que nos astronomes et météorologistes les plus compétents inclinent à penser que, pour le lendemain, on peut s’attendre à un temps plutôt variable; en ce sens qu’il pourra être très beau, à moins qu’il ne soit très laid.
Car la Science, avec raison, se montre extrêmement prudente dans ses pronostics. Il est vrai quʼil y a aussi, de par le monde, un Vieux Major qui, affecté de rhumatismes conquis au service de l’Etat, se croit autorisé à être beaucoup plus affirmatif. Ayant des douleurs, il a par elles des renseignements personnels et certains sur le véritable état atmosphé
rique, et il lui est plus facile qu’à quiconque de prévoir s il doit tomber de l’eau, ou si le temps a l’intention de changer.
Disposant de tels tuyaux, il n’est pas étonnant que, conformément au calcul des probabilités, il ne se trompe guère plus d’une fois sur deux.
On sait que le Vieux Major a, dans un autre journal que nous ne voulons pas nommer — cuyo nombre no me quiero recordar, disait Don Quichotte — un concurrent qui est également un an
cien militaire. Mais c est là de la contrefaçon pure, de la concurrence toutau moins, — médiocre comme toutes les concur
rences qui se bornent à copier ce que fait un voisin plus intelligent.
L ancien militaire qui, pour des raisons inconnues, a quitté le service, a consacré, lui aussi, ses loisirs à la météo
rologie pratique. Son procédé est simple: quand le Vieux Major annonce la pluie, celui-ci compte sur le beau temps, et vice versa.
Comme nous ne devons rien avancer qui ne soit rigoureusement exact, nous sommes obligés de reconnaître que, si le premier voit juste une fois sur deux, le second ne se trompe
aussi qu’une fois sur deux. Cette coïncidence statistique nʼestelle pas des plus bizarres?
Notre correspondant peut juger par là que nous ne dédaignons nullement la météorologie, qu’elle occupe au contraire une bonne part de notre attention. Toutefois nous n’apercevons, entre elle et l’architecture, que des rapports très loin
tains; c’est pourquoi nous n’avions pas cru, jusqu’à présent, nécessaire de nous engager sur cette voie semée d’épines.
Il est toutefois une question, purement architecturale, qui relève directement de la météorologie: c’est celle qui concerne
la Galerie des Machines. Si la solution de cette importante question a subi d’incessantes variations, si elle tourne cons
tamment du beau fixe à la tempête, pour revenir à la pluie assistée d’un vent faible, et reparaître au calme plat, on nous
rendra cette justice que nous avons soigneusement enregistré ces hauts et ces bas du baromètre municipo-gouvernemental.
Nous continuerons de même, car il n’est pas à supposer que l’état hygrométrique de cette question puisse jamais devenir stationnaire, ni que la pression ambiante puisse jamais s’y fixer à une hauteur quelconque. Sur ce point, — sur ce point
là seulement, — il nous est permis de donner satisfaction à notre abonné, malgré notre évident désir de lui être agréable, en ceci comme en toute chose.
Voici donc ce qu’annonçaient les bulletins officiels de la période la plus récente.
29 novembre 1907.
Ciel couvert à Haparanda. — Température normale; pression barométrique: 755. On a « recueilli » quelques gouttes d’eau à Paris; on n’a rien recueilli à Bordeaux où l’on est plus négligent.
Galerie des Machines: La Chambre des députés a voté ré
23e Année. N 11.
ACTUALITÉS
BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
Un de nos «lecteurs assidus» nous écrivait récemment pour nous faire observer que tout journal qui se respecte offre à ses abonnés un bulletin de ce genre, dans lequel sont inscrites les constatations faites par les observatoires du monde entier.
On y ajoute des pronostics sur le temps probable que réserve le lendemain.
Nous comprenons particulièrement qu il soit très agréable de constater ainsi qu’on a eu chaud la veille ou qu’on a gelé au contraire. Certes, on s’en était bien aperçu, mais on est tou
jours heureux de constater officiellement que la science vient confirmer ces impressions toutes personnelles.
Mieux encore nous comprenons la satisfaction quʼèprouve le lecteur à savoir que nos astronomes et météorologistes les plus compétents inclinent à penser que, pour le lendemain, on peut s’attendre à un temps plutôt variable; en ce sens qu’il pourra être très beau, à moins qu’il ne soit très laid.
Car la Science, avec raison, se montre extrêmement prudente dans ses pronostics. Il est vrai quʼil y a aussi, de par le monde, un Vieux Major qui, affecté de rhumatismes conquis au service de l’Etat, se croit autorisé à être beaucoup plus affirmatif. Ayant des douleurs, il a par elles des renseignements personnels et certains sur le véritable état atmosphé
rique, et il lui est plus facile qu’à quiconque de prévoir s il doit tomber de l’eau, ou si le temps a l’intention de changer.
Disposant de tels tuyaux, il n’est pas étonnant que, conformément au calcul des probabilités, il ne se trompe guère plus d’une fois sur deux.
On sait que le Vieux Major a, dans un autre journal que nous ne voulons pas nommer — cuyo nombre no me quiero recordar, disait Don Quichotte — un concurrent qui est également un an
cien militaire. Mais c est là de la contrefaçon pure, de la concurrence toutau moins, — médiocre comme toutes les concur
rences qui se bornent à copier ce que fait un voisin plus intelligent.
L ancien militaire qui, pour des raisons inconnues, a quitté le service, a consacré, lui aussi, ses loisirs à la météo
rologie pratique. Son procédé est simple: quand le Vieux Major annonce la pluie, celui-ci compte sur le beau temps, et vice versa.
Comme nous ne devons rien avancer qui ne soit rigoureusement exact, nous sommes obligés de reconnaître que, si le premier voit juste une fois sur deux, le second ne se trompe
aussi qu’une fois sur deux. Cette coïncidence statistique nʼestelle pas des plus bizarres?
Notre correspondant peut juger par là que nous ne dédaignons nullement la météorologie, qu’elle occupe au contraire une bonne part de notre attention. Toutefois nous n’apercevons, entre elle et l’architecture, que des rapports très loin
tains; c’est pourquoi nous n’avions pas cru, jusqu’à présent, nécessaire de nous engager sur cette voie semée d’épines.
Il est toutefois une question, purement architecturale, qui relève directement de la météorologie: c’est celle qui concerne
la Galerie des Machines. Si la solution de cette importante question a subi d’incessantes variations, si elle tourne cons
tamment du beau fixe à la tempête, pour revenir à la pluie assistée d’un vent faible, et reparaître au calme plat, on nous
rendra cette justice que nous avons soigneusement enregistré ces hauts et ces bas du baromètre municipo-gouvernemental.
Nous continuerons de même, car il n’est pas à supposer que l’état hygrométrique de cette question puisse jamais devenir stationnaire, ni que la pression ambiante puisse jamais s’y fixer à une hauteur quelconque. Sur ce point, — sur ce point
là seulement, — il nous est permis de donner satisfaction à notre abonné, malgré notre évident désir de lui être agréable, en ceci comme en toute chose.
Voici donc ce qu’annonçaient les bulletins officiels de la période la plus récente.
29 novembre 1907.
Ciel couvert à Haparanda. — Température normale; pression barométrique: 755. On a « recueilli » quelques gouttes d’eau à Paris; on n’a rien recueilli à Bordeaux où l’on est plus négligent.
Galerie des Machines: La Chambre des députés a voté ré
23e Année. N 11.