LʼUNIVERSITÉ DE GLASCOW


planches 26-27-28
Le prince et la princesse de Galles ont inauguré, il y a quelques mois, deux importants groupes nouveaux de bâti
ments dépendant de l’Université de Glascow en Ecosse. Ces
constructions ont été édifiées sous les ordres et dʼaprès les plans d’un architecte anglais, M. James Miller. Nous avons pu nous procurer des vues intéressantes et des documents officiels relatifs à ces constructions nouvelles, que nous allons décrire ici, en signalant les quelques points spéciaux qui les caractérisent.
Mais, avant de visiter les bâtiments nouveaux, il nous semble que, profitant de l’occasion, puisque nous faisons pour les voir un voyage à Glascow, il est tout naturel que nous jetions un coup d’œil rapide aux divers monuments de cette grande ville, la métropole industrielle et commerciale de l’Ecosse, et, au point de vue de la population, la seconde cité du Royaume-Uni.
La visite des monuments, d’ailleurs, sera plutôt courte; car ils ne sont pas nombreux, les édifices, dans cette agglomération qui semblerait tout sacrifier à son port et à ses in
dustries, nombreuses et variées, si la cité n’avait consacré des sommes importantes à l’édification des dépendances de l’Université et aux travaux que nous allons décrire plus loin.
Glascow, quoiqu’elle soit une ville fort ancienne, ne possède qu’un seul monument qui s’impose par l’antiquité de sa con
struction; c’est la cathédrale. Construite en 1176, elle est remarquable par une crypte magnifique, bâtie sous le chœur, qui est considérée, à juste titre, comme le plus bel ouvrage de ce genre qui soit en Grande-Bretagne.
Parmi les édifices modernes, il faut citer le Collège de la Reine Marguerite; le Palais Municipal — City chambers — situé à l’extrémité de George-Square, où se trouvent quelques statues artistiques; le Musée des Beaux-Arts dans Kelvingrove Park; le Musée du parc de la Reine; le Palais du Peuple, dans le jardin Glascow-green; deux hôpitaux et une école technique.
Tel est, avec l’Université que nous réservons, le bilan des édifices de Glascow, auquel il faut ajouter les casernes, qui n’ont rien de spécial, et une nécropole où se trouvent plusieurs tombes curieuses et de nombreux monuments funéraires — entre autres celui de John Kirnox — qui ont un réel caractère architectural. Nous ne parlons pas naturellement des diverses maisons particulières, parmi lesquelles il en est peu ayant une valeur artistique bien marquée.
Parcourons les nombreux parcs, terrains de récréation, jardins publics et jardins botaniques, pour arriver à l’Université, qui est le joyau de la richesse artistique de la grande ville, en même temps qu’un centre très actif de recherchés scientifiques et d’études philosophiques et littéraires. Les bâtiments de lʼUniversité situés sur une colline, Gilmour Hill, au nord-ouest de la Ville, constituent un ensemble très re
marqué, le plus beau monument construit en Ecosse pendant le siècle dernier. Ils donnent asile, actuellement, à près de 2. 500 étudiants, hommes et femmes, qui suivent les cours, leçons et conférences de 31 professeurs enseignant les matières les plus variées, car toutes les branches des connaissances humaines sont à peu près représentées à l’Université de Glascow, dont on fait remonter la fondation à 1430.
Après cette courte préface, il faut parler maintenant des nouvelles constructions érigées à Glascow par M. James Miller architecte, pour servir de dépendances aux bâtiments de lʼUni
versité. Il sʼagit de deux groupes différents; l’un affecté aux sciences physiologiques, l’autre à la philosophie et aux sciences naturelles. Tous deux se raccordent fort bien avec lʼancien édifice, comme le montre l’une de nos planches, qui donne une idée très exacte de l’effet produit par les deux constructions, l’ancienne et la nouvelle, au milieu d’un parc verdoyant.
Bâtiment des sciences physiologiques. — Ce bâtiment est destiné à recevoir les divers services de lʼenseignement de la physiologie, des sciences médicales, de la salubrité et de lʼhygiène publiques. L’emplacement, en raison de sa forme et de ses dimensions, était semé de difficultés; son utilisation n’était pas commode, à cause des différences de niveau du terrain, ce qui explique les dispositions données aux plans et aux façades, l’irrégularité et la variété des contours, les
différences de hauteur et la diversité des bâtiments qui forment cet ensemble. Le terrain a été, dans la circonstance, le
collaborateur de l’architecte, qui s’est trouvé forcé de placer les divers pavillons au hasard des différents niveaux; ce qui a formé un tout fantaisiste dont le beau désordre peut ici, comme l’affirme un vieil axiome, être considéré comme un effet de l’art.
Le terrain est fortement incliné vers l’ouest et surtout vers l’angle sud-ouest de l’emplacement construit; il en résulte que cet angle est le point le plus bas du terrain. L’architecte a uti
lisé cette disposition dans la distribution des pavillons et dans la répartition de leurs façades, et il a établi son plan général de telle manière que la rencontre des divers bâtiments ne produise aucune ombre et ne retire à aucune des façades la lu
mière que réclament les fenêtres des laboratoires et des salles d’études.
Il nous semble inutile de donner la description de la distribution; la lecture des plans fournira tous renseignements à
ce sujet. Mais il convient de faire remarquer que l’amphi
théâtre de physiologie est situé à l’une des extrémités, tandis
que ceux de médecine et d’hygiène sont à l autre extrémité. La superposition des deux derniers a été dictée par des raisons d économie et de commodité.
Le plancher qui sépare les deux amphithéâtres superposés, comme, d’ailleurs, tous les autres planchers, est fait en matériaux incombustibles; il a été étudié de telle manière que les bruits de lʼun ne puissent être entendus de l’autre, et réciproquement. Ces deux conditions ont été obtenues par l’emplo
de carreaux de ciment, isolés les uns des autres par des pla
ques (8 centimètres d épaisseur) d’une composition à base d’amiante que les Anglais appellent « asbestos ».
La surface intérieure des parquets repose sur un revêtement de cette môme composition ayant de 5 à 6 centimètres d épaisseur.
Il faut signaler, comme une des particularités de cet ensemble de constructions, que les trois services qu’il abrite sont parfaitement indépendants, qu’ils n’ont aucune communication entre eux et que chacun a sa porte particulière.
Dans les divers services, les dispositions des laboratoires et salles de cours ont été soigneusement étudiées. M. James Miller n’a arrêté leurs aménagements qu’après une visite minutieuse des emplacements similaires à Oxford, à Cambridge et