LES SALONS DE 1910
LA PEINTURE
I
D
ans l’art, plus encore que clans la vie, l’idéal recèle une vertu dangereuse : l’année dernière, un grand poème en trois chants nous ramenait sous les ombrages divins des anciens jours ; mais faut-il flétrir d’emblée le nouveau Salon, parce qu’il ne remplace pas la trilogie de M. René Ménard, qui se repose aujourd hui dans la pure lumière de quelques paysages de style où chante encore le doux nom d’Hylas ?
Et s’il revenait après cent ans révolus, le salonnier de 1810 qui s’appelait M. Guizot serait-il dépaysé devant ces binettes poussinesques et trouverait-il trop de changements sous ses yeux sévères pour continuer l’étude «de l’état des beaux-arts en France » ? Il reconnaîtrait d’abord la permanence éclaircie du paysage historique en cette fermeté des masses feuillues sur un ciel lin ; dans ces bergers antédiluviens que Girodet ne fréquentait pas, il reconnaîtrait bientôt les hôtes des Géorgiques virgiliennes ; et l’atmosphère ne lui déroberait point la ligne. Il la retrouverait dans les symboles de MM. Osbert et Séon, sur le front lauré de la muse de M. Agache, devant l Histoire de la Musique, racontée sans allégorie, mais sans flamme, par M. Victor Koos et qui, depuis cent ans, n’a pas