traversé moins de révolutions que l’histoire de la peinture. Le salonnier de 1810 a vu d’aussi correctes erreurs que l Hercule chez Omphale, de M. Courtois ; mais il demanderait vite à M. Thévenot ce que veut dire un aviateur enveloppé dans les plis du drapeau tricolore... Un salonnier, fût-il M. Guizot, ne devine pas tout l’avenir.
A première vue, le Malin mythologique de M. Besnard lui soufflerait les reproches violents que David adressait à la « chair fraîche » de Rubens ;
mais il se rappellerait que Prud’hon, de son temps, était vertement accusé de rajeunir la sensualité du XVIIIe siècle ; et, depuis Prud’hon, l audace a progressé. La fable, moins athénienne que montmartroise, de M. Wil
lette aurait amusé nos folles aïeules du siècle des Grâces : l’Amour est le seul dieu qu’on ne bannit point... La candeur évangélique ou le timide Orphée de M. Maurice Denis ne manquerait pas de faire sourire le grave salonnier davidien ; mais, dans cette fleur chétive de l’archaïsme, il ne serait pas long à retrouver 1 ’étruscisme alors florissant des Primitifs, qui séduisait le critique Paillot de Montabert et la jeunesse d’Ingres. Rien de nouveau sous le soleil des Salons ; et le Jardin de la Mer, rêvé par M. Auburtin, rappelle la tonalité rosée de certaines peintures pompéiennes.
Malgré cette pâle féerie, l’heure n’est pas à la grande peinture ; et nous connaissons déjà l’antithèse pittoresque de MM. Gaston La Touche et Aman-Jean : l’un, coloriste superficiel et badin, symbolisant aujourd’hui le poète, le peintre, le sculpteur, le musicien, dans son décor habituel de nymphées blondes et de vignes rouges, reflétées dans le bassin de marbre où glissent des cygnes ; l’autre, harmoniste à la fois intense et discret,
nimbant la Collation d’une atmosphère dolente où la musique des voix s’éteint comme le ton des roses ; et l’héroïne de cette fête sans intrigue est la servante à genoux sur la pelouse étoilée de fruits mûrs.
Aggravée d’un classement défectueux, qui respecte peu l’accord des tonalités, cette XX0 exposition de la Société Nationale apparaît donc un peu vide : scs 1236 cadres ne font guère oublier l’absence d’un beau rêve antique au regard encore illusionné par la magie du souvenir. Ce Salon sans imprévu contient, pourtant, plusieurs bons morceaux dont la dimen
sion n’est pas toujours proportionnelle au mérite; il montre même une œuvre émouvante : mais le salonnier la connaissait, car c’est l’œuvre d’un mort. Au printemps de 1907, qui s’attendait à revoir, dans une prochaine
A première vue, le Malin mythologique de M. Besnard lui soufflerait les reproches violents que David adressait à la « chair fraîche » de Rubens ;
mais il se rappellerait que Prud’hon, de son temps, était vertement accusé de rajeunir la sensualité du XVIIIe siècle ; et, depuis Prud’hon, l audace a progressé. La fable, moins athénienne que montmartroise, de M. Wil
lette aurait amusé nos folles aïeules du siècle des Grâces : l’Amour est le seul dieu qu’on ne bannit point... La candeur évangélique ou le timide Orphée de M. Maurice Denis ne manquerait pas de faire sourire le grave salonnier davidien ; mais, dans cette fleur chétive de l’archaïsme, il ne serait pas long à retrouver 1 ’étruscisme alors florissant des Primitifs, qui séduisait le critique Paillot de Montabert et la jeunesse d’Ingres. Rien de nouveau sous le soleil des Salons ; et le Jardin de la Mer, rêvé par M. Auburtin, rappelle la tonalité rosée de certaines peintures pompéiennes.
Malgré cette pâle féerie, l’heure n’est pas à la grande peinture ; et nous connaissons déjà l’antithèse pittoresque de MM. Gaston La Touche et Aman-Jean : l’un, coloriste superficiel et badin, symbolisant aujourd’hui le poète, le peintre, le sculpteur, le musicien, dans son décor habituel de nymphées blondes et de vignes rouges, reflétées dans le bassin de marbre où glissent des cygnes ; l’autre, harmoniste à la fois intense et discret,
nimbant la Collation d’une atmosphère dolente où la musique des voix s’éteint comme le ton des roses ; et l’héroïne de cette fête sans intrigue est la servante à genoux sur la pelouse étoilée de fruits mûrs.
Aggravée d’un classement défectueux, qui respecte peu l’accord des tonalités, cette XX0 exposition de la Société Nationale apparaît donc un peu vide : scs 1236 cadres ne font guère oublier l’absence d’un beau rêve antique au regard encore illusionné par la magie du souvenir. Ce Salon sans imprévu contient, pourtant, plusieurs bons morceaux dont la dimen
sion n’est pas toujours proportionnelle au mérite; il montre même une œuvre émouvante : mais le salonnier la connaissait, car c’est l’œuvre d’un mort. Au printemps de 1907, qui s’attendait à revoir, dans une prochaine