français, M. Lucien Corpechot a utilisé des renseignements très intéressants qu’a réunis M. Charles Gosselin, arrière-petit-neveu de Le Nôtre. Dans la Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise (année 1912, n° 1), M. C. Gabillot a mis au jour quelques pièces inédites, entre autres le contrat de mariage de Le Nôtre; et dans la Gazette des Beaux-Arts (avril 1913), il a passé en revue les divers portraits de l’artiste. Nous avons donc assez de documents et de récits pour nous faire une idée de l’homme,
de ses goûts et de son esprit ; malheureusement, il reste encore beaucoup à découvrir, si l’on veut établir d’une façon précise quelle fut sa part dans la création ou la transformation des différents jardins où il a travaillé.


I


En 1572, Pierre Le Nôtre « jardinier, marchand de fruits », traite avec l’ordonnateur des bâtiments et des jardins du parc de la reine-mère « pour la bonne culture, fumer, amender en semences et entretinement de toutes façons, bien deument et continuellement six parterres des dits jardins, dont quatre d’hortolaiges, et les deux autres d’arbres ». Le fils de Pierre,
Jean Le Nôtre, devient jardinier ordinaire du roi Louis XIII, après avoir travaillé sous Claude Mollet, premier jardinier. Il épouse Jeanne-Marie Jacquelin dont il n’a qu’un fils, André, tenu sur les fonts de Saint-Roch par l’épouse de Claude Mollet. Deux des sœurs d’André épouseront des jardiniers, Pierre Desgots et Simon Bouchard, tous deux chargés de l’entretien des Tuileries. Cette filiation et cette parenté justifient la remarque de Charles Perrault, dans sa notice sur La Quintinie, remarque que M. Guiffrey a justement placée en tête de sa biographie de Le Nôtre : « C’est assurément un très grand avantage pour réussir dans une profession que d’être né de parents qui l’ont exercée ou qui l’exercent avec succès. Les préceptes alors se pratiquent presque sans peine ; et pour peu qu’on y joigne de nouvelles connaissances à celles dont on hérite, il est comme impossible de ne pas exceller au dessus des autres ». Et voilà tout le secret des œuvres admirables que réalisaient, jadis, presque à leur insu, des dynasties d’artistes ou d’artisans.
Le Nôtre, sans renier l’état de ses ancêtres, poussa plus loin son
éducation artistique. Il entra dans l’atelier de Simon Vouet et peut-être