ture de M. P. M. Landowski, un des artistes français les mieux doués de la jeune génération, lauréat du Grand Prix de Rome en 1900 et d’une médaille de première classe au Salon de 1906. —M. Landowski, rompant avec l usage qui veut Y architecture de sexe féminin, a donné à sa statue le genre masculin. Par surcroît, son « architecte » est repré
sentent!, tel un Hercule ou l’homme primitif se préparant à ravir aux flancs rugueux de l’écorce terrestre la matière dont il a besoin pour édifier quelque chose de gigantesque, d’éternel. Nous ignorons si cette façon de symboliser l’art de bâtir est heureuse, mais elle est sûrement neuve et hardie.
Ajoutons que notre « architecte » se présente accroupi, prêt à se soulever sur les larges blocs qui lui servent de piédestal et dont l’un porte gravé un plan. Cet ensemble est destiné au petit jardin du Carrousel, situé derrière le monument de Gambetta, square que décore déjà une autre œuvre du même artiste.
Poursuivant notre chemin, nous arrivons dans une vasle salle, sorte de vestibule d’honneur de notre section. Ici un nouvel arrêt s’impose à nous par la vue d’un magnifique vi
trail dont la composition est due, nous apprend le catalogue,
àM. A. Bettannier, un peintre de talent qui expose en même temps un tableau parmi ses confrères. Mais, voici l’auteur luimême qui, nous voyant contempler son œuvre, veut bien lier connaissance avec nous et nous donner quelques explications techniques. Nous savons trop combien les vitraux d’art con
courent à l’embellissement de nos demeures pour ne pas céder au plaisir d’accueillir ici ces explications, d’autant plus qu’il s’agit d’une innovation très heureuse et qui donne un résultat excellent. L’émail, nous dit M. Bettannier, ne tient pas sur le verre; pendant le temps que dure le refroidissement de cette matière, il se produit de petits craquements, qui s’accentuent pendant les grands froids. Pour unifier le verre et le principe colorant, il faut les fondre en même temps en une seule cuisson. Mon procédé, dit-il, consiste à« plaquer» les trois cou
leurs fondamentales sur la surface du verre blanc et à passer le tout au feu. Ces couleurs superposées peuvent être diminuées ou enlevées, après coup, par des acides. Avec ce procédé nouveau un artiste pourra désormais, ajoute notre aimable interlocuteur, faire avec le verre ce qu’il fait avec la peinture à l’huile, en procédant par la carnation du verre et non par opacité, comme cela s’est pratiqué jusqu’ici dans le métier du peintre-verrier. Il pourra réaliser son idéal sans avoir à compter avec le plomb qui ne peut se ployer aux exigences du dessin, et le feu qui détruit ou augmente — selon son caprice que rien jusqu’ici n’a pu réglementer — les carnations désirées.
Le beau vitrail ainsi obtenu est intitulé La Rosée. C’est une commande de l’Etat pour la salle à manger du Ministère des Affaires étrangères. Cette composition fera le pendant de l’autre vitrail qui orne déjà la grande croisée de l’avant-corps droit du même palais et qui est également l’œuvre de M. A. Bettannier.
Et maintenant, occupons-nous de l’architecture pure.
Salle I
Cette salle est divisée en plusieurs compartiments où nous retrouvons les projets du dernier concours Chenavard auquel nous avons consacré récemment un article spécial. Inutile donc d’y revenir.
De M. Maurice Fournier nous remarquons une étude fort
bien présentée, c’est, son projet de Caisse d épargne qui revient d’un concours où une récompense a dû lui être décernée.
M. Eug. Guiomar expose une vue en perspective et les plans d’une Villa qu’il a édifiée à Roscoff (Finistère), pour Mm* la marquise de Kergariou. D un grand confort et d’une haute élégance, cette villa joint à l’aspect imposant qu’elle présente, le sentiment d’un véritable savoir faire.
L Hôtel de Touristes de M. II. François est d’une très heureuse composition. Notre confrère suppose son bâtiment situé au centre d’une grande forêt pittoresque où le séjour serait des plus agréables. Effectivement, on ne pourrait rêver rien de mieux.
Dans l’embrasure d une croisée immergée de lumière, un rendu à l’aquarelle sedétache agréablement; c’est Y Habitation d un architecte, celle probablement de son heureux auteur» M. Ch. Langlois, qui y a mis tout son talent.
En nous tournant du côté opposé, nous apercevons deux intéressants relevés à l’aquarelle faits à Thèbes, par M. J. Le
sage. Nous sommes dans Y Hypogée de Mouna où M. Lesage a vu et reproduit avec art une scène de pêche, une autre de chasse, et deux filles du défunt d’Ammon lui apportant l’offrande.
Voici un projet d’un archilecte-philanlhrope qui mérite tous nos compliments; cerles, M. René Daniel a été fort bien inspiré lorsqu il s’attaqua à son étude qui a pour objet Une colonie sanitaire et artistique. Cet édifice serait, suivant ce bon camarade, élevé à l’usage des élèves des Beaux-Arts besogneux dont la santé fragile aurait besoin de ménagements. Un legs fait à notre école servirait aux frais de la conslruclion et l’en
tretien de cet établissement ayant pour but la continuation des étudesartistiques dans lesmeilleures conditions possibles. Ce projet est étudié avec toute l ampleur désirable et répond excellemment à sa destination. (A suivre.)
A. Gelbert.


LE THEATRE D’AGEN


Agen a son nouveau théâtre, digne de faire envie aux plus grandes villes, nous dit-on; nous le croyons volontiers. Tout
récemment Comœdia, qui est toujours renseigné le premier sur tout ce qui concerne le théâtre, en annonçait l’achève ment : onze mois ont suffi pour cette édification, rapidement menée, comme on voit. Le journal reproduisait photo
graphiquement la pose de la première pierre figurant — chose peu ordinaire — devant le monument complètement achevé.
Ses perspicaces lecteurs ont aisément compris que cette apparente anomalie provient uniquement de la superposition de deux clichés qui sont d’âges très différents : le cinématographe en fait bien d’autres.
Cette combinaison mixte surprenait un peu, parce qu’elle permet de voir, — devant le monument dont l’entrée se pré
sente en forme de rotonde rappelant quelque peu les rotondes latérales de l’Opéra, — le groupe qui comprend M. le président de la République et, sur sa droite, MM. Grégoire, Ruau, Del
pech, Albert Sarraut, etc., qu un lien natal rattache sans doute à la ville d’Agen ou à ses alentours.
La particularité remarquable est qu’on y voit également l’architecte lui-même, M. Tronchet. D’ordinaire, ainsi que nous l’avons fait souvent remarquer, toutes les autorités officielles