que la fameuse « indemnité de surcharge », source de joies opiniâlres et de perpétuelles déceptions pour les chercheurs en architecture.
« Les tableaux de figures, disait Gochin, de grandeur deminaturelle seraient estimés sur le pied do 50 livres le pied quarré ;
« Ceux où elle serait du quart de nature, cent livres le pied quarré;
« Et même plus, puisqu il se peut trouver tels sujets qu on ne pourrait estimer sans injustice moins de 200 livres le pied quarré. »
Il est à remarquer que ces prix — en demande — ne s’appliquent nullement à la peinture d’enseignes, mais aux œuvres des plus célèbres maîtres du xvm siècle, dignes d’être acquises par Sa Majesté elle-même.
Il serait curieux de placer en parallèle les prix courants d’aujourd’hui en grandes ventes; curieux aussi d’étudier, sur les cours actuels, la loi dégressive ou progressive (langage d’impôt sur le revenu) qui s’est établie d’après la surface des divers chefs-d’œuvre. La comparaison se ferait facilement en
transformant exactement les pieds et pouces en mètres et décimètres carrés, mesures nouvelles.
Les statisticiens qui ont, de nos jours, si remarquablement transformé l histoire dans toutes ses branches, devraient bien
aborder ce travail délicat et régulateur, dont, l’utilité pratique et commerciale n’est plus à démontrer. Les cours actuels ressemblent tellement, par leurs hauts et bas, à ceux de la spéculation en Bourse !
P. Planat.


NOTES D ART


La réorganisation de la Salle grecque du Louvre. — Les stèles peintes de Pagassae. — Le Céramique.
Le service d’architecture du Louvre vient d’exécuter d’assez importants travaux dans la salle grecque du musée; on en a profité pour réorganiser celte dernière.
C’est ainsi que sur la paroi de l’Ouest, dans le renfoncement près de la rotonde de Mars, ont pris place les métopes d’Olympie, la métope de la frise du Parthénon, un en-tête de stèle rapporté par l’architecte Blouet. Le long de la paroi opposée ont été installés les monuments archaïques: marbres de Thasos, bas-reliefs dcSamothrace et de Pharsale.
Au milieu de la salle sont la Iléra de Samos, les deux torses d’Actium, la Niobide de Patras, etc. Bans l’embrasure de la fenêtre nord, voici tout un lot de monuments votifs ; dans celle de la fenêtre sud, on a placé les plus remarquables des stèles funéraires antiques.
Au sujet de ces pierres tombales dont les plus intéressantes bordaient jadis la roule du Céramique, nous apprenons que l’éphore des antiquités en Thessalie, M. Arvanitopoulos, vient de découvrir dans les fouilles qu’il a faites près de Yolo, dans l’antique Pagassae, plus de deux cents stèles peintes. La rareté des peintures de l’antiquité grecque qui sont parvenues jusqu’à nous, donne du prix il tous les vestiges de ce genre.
Les stèles en question sont presque toutes du même type, couronnées d’un fronton, et portent dans un registre carré un sujet peint. Parfois, la décoration ne consiste qu’on une ban
delette nouée dont les extrémités pendent; le plus souvent, cependant, ce sont de véritables tableaux qui sont figurés. La
variété des sujets est grande dans cette riche collection. Voici la scène la plus curieuse de toutes :
Sur un lit, la tète soutenue par de nombreux coussins, est étendue une femme. C’est la morte, qui repose son dernier sommeil, dans une chambre de sa demeure, dont le peintre a
reproduit les parois avec beaucoup de soin, par des teintes diverses. Au chevet du lit, une vieille femme, à la physionomie d’un réalisme très intense, s’approche, tenant dans ses bras un enfant emmailloté; elle se retourne et regarde un person
nage masculin qui entre dans la pièce, par la porte entr’ouverte. Au pied du lit, une tête d’homme contemplant la morte
avec une expression de tristesse profonde. Ce touchant tableau représente sans doute les derniers moments d’une femme morte en couches.
Selon toute probabilité, c’est de l’époque hellénistique, postérieure à Alexandre, que datent cetle peinture et celles des autres stèles.
Les inscriptions tracées en couleur au-dessus et au-dessous des sujets peints mentionnent les noms des défunts.
Au grand jour, les couleurs, vieilles de plus de deux mille ans, se faneront rapidement, et sont vouées à une destruction inévitable. Aussi, s est-on hâté de faire de ces monuments plusieurs reproductions à l’huile, et, sans doute, par les soins de l’Ecole française d’Athènes, le Louvre recevra quelques-unes de ces copies.
Signalons encore une communication sur le Céramique.
Le cimetière antique découvert sur l’emplacement de l’ancien Céramique, la plus importante des vieilles nécropoles, a été longuement exploré. Cependant les fouilles ne sont pas entièrement terminées. Aussi, il y a quelques mois à peine, ignorait-on encore l’étendue desdivisions du cimetière, petits terrains délimités par des murs, qui formaient les conces
sions appartenant à différentes familles. En procédant à ces recherches, M. Skias fit une intéressante découverte. Il constata que les allées principales entre les tombeaux se trou
vaient à deux mètres au-dessous de ce que l’on avait considéré jusqu’ici comme le sol primitif. Il est maintenant manifeste que les architectes avaient en vue cette situation élevée des monuments. En effet, si l on compare les photographies faites avant et après les dernières fouilles, on est frappé par l aspect plus artistique des monuments vus d en bas.
A. GELBERT.


LE PALAIS DES PAPES


Nos lecteurs savent que l on cherche à ce palais une destination favorable à sa conservation, dès que les travaux de répa
ration seront suffisamment avancés. Il était naturelque les Félibres prissent la question en main; aussi ne s’étonnera-t-on pas que M. P. Mariétonait écrit tout récemment à ce sujet :
« Je ne terminerai pas sans appeler votre attention sur le cas du palais des Papes. Vous savez qu’il a été restitué par
l’administration militaireau municipeavignonnais. Le premier soin de celui-ci a été de le sauver de la ruine qui le menaçait graduellement, en le rendant désormais inadaptable à un nou
veau service public, de par la destruction de tous les travaux d’aménagement qu’on y avait accumulés depuis un siècle. Oue va faire la ville d’Avignon de l’admirable forteresse, de celte « emperière» des édifices civils du moyen âge?
« On a parlé d’un musée d’art chrétien, d un Panthéon provençal, d’un groupement de collections diverses relatives aux arts du Midi; j’ai moi-même le projet de léguer ma bibliothèque