20 Juin 1908LA CONSTRUCTION MODERNE
A la Sorbonne, et concurremment au Collège de France, on doit par fondation traiter: de omni re scibili. Les très mauvais plaisants ont coutume d’ajouter : el quibusdam aliis.
Il était tout indiqué qu’un jour ou l autre on s’occuperait à la Sorbonne du déclassement des fortifications parisiennes et des espaces libres, sujets de perpétuelles méditations qui, ayant eu un commencemen t, n ont pas de fin et sont par là bien dignes d’exercer la sagacité des philosophes les plus perspicaces et des érudits les plus ingénieux.
C est pourquoi une séance tout entière y fut consacrée, l’aulre jour, à projeter quelque pâle rayon de lumière sur les ténè
bres compactes où se complaît cette question toujours agitée, et jamais fixée. M. Bibot, philosophe, ancien ministre, membre de 1 Académie française, la présidait avec autorité.
M. Siegfried qui, de son côté, préside le Musée social, fut
le premier orateur et il exposa de cruelles et nécessaires vérités :
« Plus nous allons, dit-il, plus les cités appellent à elles les populations des campagnes. En 1855, Paris comptait 1.100.000 habitants. Si l’on prend les dernières statistiques, ce chiffre a tnplé. Pour peu que le mouvement s’accentue, Paris aura dans on siècle huit millions d’habitants. Il est du devoir de ceux qui
dirigent les affaires municipales de prévoir l’avenir au point de vue de l air, de l’hygiène et de la salubrité, en donnant aux citoyens de la première cité du monde toutes les garanties désirables sous ce triple rapport. »
Si les villes appellent les campagnes, ces remarques en appellent d’autres.
Iout d abord, la population faisant malheureusement mine de décroître plutôt que d’augmenter en France, il serait fâcheux qu’on encourageât Paris à s’attribuer, à lui tout seul, huit millions d’habitants dans un siècle. Qu’est-ce qui resterait sur le territoire ?
Au temps où la capitale était beaucoup moins encombrée, lu France était le pays d’Europe dont la population était rela- Iivement la plus nombreuse et la plus dense ; ce qui ne contribua pas peu à l’importance du rôle joué par elle. Une agglo
mération presque totale de la population en une seule ville contribuerait certainement à diminuer le chiffre total de cette Population, au lieu de l augmenter. Il ne faudrait donc pas
23e Année N 38
admettre, comme bienfait inévitable, une condensation qui peut finir par devenir désastreuse. Il y aurait plutôt intérêt à la combattre.
Quant au triple rapport qu envisagent le Musée social et M. Siegfried, rapport qui cstcclui de l’air, de l hygiène et de la salubrité, personne ne contestera qu’il soit effectivement à considérer.
***
M. G. Bisler apportait un vœu,et ce vœu était émis par la Section de l’hygiène urbaine et rurale. Nous avions déjà, en d’autres circonstances, signalé l’affinité manifeste qui existe entre la double hygiène, rurale ou urbaine, et le Musée social qui est un. C’est une simple trinité.
Quant à ce vœu de l’hygiène, lui, il est quadruple; c’est un seul vœu, mais en quatre articles :
Que les terrains des fortifications de Paris soient donc cédés dans leur état actuel par l’Etat à la ville de Paris, mais à charge par celle-ci :
1e De créer dans un délai de cinq ans, sur leur emplacement, neuf parcs d’une moyenne de 15hectares sans qu’aucun d’eux puisse être d’une surface inférieure à dix hectares; d’aména
ger dans l’intervalle des places de jeu, ayant au moins un hectare ; et de relier l ensemble par une large avenue dont les dispositions pourront être variables, mais dont la largeur ne sera pas inférieure à 70 mètres;
2° D’assujettir à des servitudes spéciales d’hygiène et d’a grément les terrains qu’elle sera autorisée à vendre, en dehors deces réserves, pour couvrir les frais d’aménagement;
5° De conserver à perpétuité leur destination aux terrains concédés ou acquis pour satisfaire aux conditions de cette concession ;
4° Et d’établir un plan d’ensemble? avant tout commencement d’exécution.
Il y aurait donc9parcs, avec jeux intercalaires; avenues de 70 mètres non de long, mais de large, pour satisfaire au premier vœu.
Il y aurait des terrains où l’hygiène se marierait avec l’agrément, à la condition qu’on obtienne par-dessus le marché: 1 celui de l’Etat, 2° celui de la ville. Tel est le second vœu.
Ces terrains, rendus hygiéniques et agréables, seraient, comme dans les cimetières, concédés à perpétuité, si tant est que l’Etat reconnaisse des engagements perpétuels; ce qui
ACTUALITES A LA SORBONNE : LES ESPACES LIBRES. — L’ART A L’ÉCOLE
A la Sorbonne, et concurremment au Collège de France, on doit par fondation traiter: de omni re scibili. Les très mauvais plaisants ont coutume d’ajouter : el quibusdam aliis.
Il était tout indiqué qu’un jour ou l autre on s’occuperait à la Sorbonne du déclassement des fortifications parisiennes et des espaces libres, sujets de perpétuelles méditations qui, ayant eu un commencemen t, n ont pas de fin et sont par là bien dignes d’exercer la sagacité des philosophes les plus perspicaces et des érudits les plus ingénieux.
C est pourquoi une séance tout entière y fut consacrée, l’aulre jour, à projeter quelque pâle rayon de lumière sur les ténè
bres compactes où se complaît cette question toujours agitée, et jamais fixée. M. Bibot, philosophe, ancien ministre, membre de 1 Académie française, la présidait avec autorité.
M. Siegfried qui, de son côté, préside le Musée social, fut
le premier orateur et il exposa de cruelles et nécessaires vérités :
« Plus nous allons, dit-il, plus les cités appellent à elles les populations des campagnes. En 1855, Paris comptait 1.100.000 habitants. Si l’on prend les dernières statistiques, ce chiffre a tnplé. Pour peu que le mouvement s’accentue, Paris aura dans on siècle huit millions d’habitants. Il est du devoir de ceux qui
dirigent les affaires municipales de prévoir l’avenir au point de vue de l air, de l’hygiène et de la salubrité, en donnant aux citoyens de la première cité du monde toutes les garanties désirables sous ce triple rapport. »
Si les villes appellent les campagnes, ces remarques en appellent d’autres.
Iout d abord, la population faisant malheureusement mine de décroître plutôt que d’augmenter en France, il serait fâcheux qu’on encourageât Paris à s’attribuer, à lui tout seul, huit millions d’habitants dans un siècle. Qu’est-ce qui resterait sur le territoire ?
Au temps où la capitale était beaucoup moins encombrée, lu France était le pays d’Europe dont la population était rela- Iivement la plus nombreuse et la plus dense ; ce qui ne contribua pas peu à l’importance du rôle joué par elle. Une agglo
mération presque totale de la population en une seule ville contribuerait certainement à diminuer le chiffre total de cette Population, au lieu de l augmenter. Il ne faudrait donc pas
23e Année N 38
admettre, comme bienfait inévitable, une condensation qui peut finir par devenir désastreuse. Il y aurait plutôt intérêt à la combattre.
Quant au triple rapport qu envisagent le Musée social et M. Siegfried, rapport qui cstcclui de l’air, de l hygiène et de la salubrité, personne ne contestera qu’il soit effectivement à considérer.
***
M. G. Bisler apportait un vœu,et ce vœu était émis par la Section de l’hygiène urbaine et rurale. Nous avions déjà, en d’autres circonstances, signalé l’affinité manifeste qui existe entre la double hygiène, rurale ou urbaine, et le Musée social qui est un. C’est une simple trinité.
Quant à ce vœu de l’hygiène, lui, il est quadruple; c’est un seul vœu, mais en quatre articles :
Que les terrains des fortifications de Paris soient donc cédés dans leur état actuel par l’Etat à la ville de Paris, mais à charge par celle-ci :
1e De créer dans un délai de cinq ans, sur leur emplacement, neuf parcs d’une moyenne de 15hectares sans qu’aucun d’eux puisse être d’une surface inférieure à dix hectares; d’aména
ger dans l’intervalle des places de jeu, ayant au moins un hectare ; et de relier l ensemble par une large avenue dont les dispositions pourront être variables, mais dont la largeur ne sera pas inférieure à 70 mètres;
2° D’assujettir à des servitudes spéciales d’hygiène et d’a grément les terrains qu’elle sera autorisée à vendre, en dehors deces réserves, pour couvrir les frais d’aménagement;
5° De conserver à perpétuité leur destination aux terrains concédés ou acquis pour satisfaire aux conditions de cette concession ;
4° Et d’établir un plan d’ensemble? avant tout commencement d’exécution.
Il y aurait donc9parcs, avec jeux intercalaires; avenues de 70 mètres non de long, mais de large, pour satisfaire au premier vœu.
Il y aurait des terrains où l’hygiène se marierait avec l’agrément, à la condition qu’on obtienne par-dessus le marché: 1 celui de l’Etat, 2° celui de la ville. Tel est le second vœu.
Ces terrains, rendus hygiéniques et agréables, seraient, comme dans les cimetières, concédés à perpétuité, si tant est que l’Etat reconnaisse des engagements perpétuels; ce qui