n’est guère dans ses habitudes actuelles. Tel est au moins le troisième vœu.
Enfin on souhaite, au Musée social et à la Section d’hygiène, que l’exécution vienne après le plan d ensemble ;
et non le plan d’ensemble, — par règlement administratif ultérieur, —après l’exécution.
Ceci, continuant à déranger les habitudes de l’Etat, passera difficilement.
* * *
Ensuite M. Landouzy, chirurgien des plus distingués, lit justement observer que la tuberculose naît et se propage dans les lieux privés d’air et de lumière. Il parlait ainsi au nom d une autre Société, qui, cette fois, est d hygiène sociale.
Cette observation, malheureusement incontestable, incite naturellement à créer des parcs et des avenues, toutes les fois que l occasion s’en présente; ni l’Etat ni la Ville n’ont le droit des’y opposer, quels que soient leurs besoins financiers. Car, pour pouvoir financer entre leurs mains, tout comme pour philosopher, il faut au moins commencer par vivre. Si l on tue le contribuable, qui est-ce qui paiera pour lui ?
Puis M. Henri Robert, quia obtenu tantdemises en liberté, ne pouvait faire autrement que de plaider aussi, avec son éloquence habituelle, pour la liberté des espaces. Comme il voit aisément le côté pratique des choses et connaît bien son temps, il résumait son opinion en ces mots :
« Puisque nous sommes à une époque — et ce n’est pas M. Ribot qui me contredira— où la tyrannie syndicale règne en maîtresse, syndiquons-nous, à notre tour, pour réclamer le développement des espaces libres. »
Telle est bien la vérité du jour: Le syndical, il n y a que ça!
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La Société pour la protection des paysages (rien des animaux ni des enfants) devait intervenir; ce qu elle fit par l’organe de M. Bcauquier, député du Doubs. Car,contraircmentau précepte connu : dans le Doubs, on ne s’abstient pas.
Et M. le président Ribot, émettant un ultime vœu, souhaita que les pouvoirs publics prissentconscience (enfinconscience ! dit-il même) de leur devoir vis à-vis des classes laborieuses, si souvent privées d air et de lumière.....
Et d’autre chose aussi!
ajouterait M. Mayol sur l’air à la mode.
« Londres, dit-il, nous donne un grand exemple à ce point de vue. Les Anglais ont élaboré des lois grâce auxquelles les taudis peuvent être rasés et être remplacés par des maisons saines. Dans le même ordre d’idées, un projet de loi, préconi
sant l’expropriation d office dans certainscas déterminés,a vu le jour au Parlement français, en 190:2; mais où est cette loi ? On a nommé un rapporteur, mais il n’y a jamais eu de rapport déposé. Siegfried, il faudra que nous la reprenions ensemble, et le plus tôt sera le mieux! »
Cette révélation finale nous semble particulièrement remarquable : Il y aurait dans notre Parlement des rapporteurs qui ne font pas de rapports? Qui l’eût cru?
Nous savions bien qu’il y avait des rapports tout faits, dans lesbureauxdel’administration,sans intervention déplacéed’un rapporteur qui se borne à contresigner. Mais un rapporteur dépourvu de tout rapport, on croyait, que cela n existe pas.
Mais M. Ribot et son fidèle écuyer et ami, M. Siegfried, vont y remédier; le plus tôt qui sera aussi le mieux, cette anomalie va donc disparaître.
— Il n’y a pas longtemps, M. L. Riotor signalait à l’attention publique la fondation d’une Société nationale qui, sous le nom de « l’Art à l’Ecole », entend arriver à transformer l’aspect de nos écoles actuelles.
Le programme est le suivant:
« L’Ecole saine, aérée, rationnellement construite et meublée, attrayanteet ornée. Education du goût par le décor; ini
tiation de l’enfant à la beauté des lignes, des couleurs, des formes, des mouvements et des sons.
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Ce n’est pas d’hier que l’on se préoccupe de construire les écoles d’une façon raisonnable; il était temps, car on a connu jadis des spécimens absolument déplorables de ce genre de constructions. Les unes n’étaient qu’une adaptation, telle quelle, de vieux bâtiments délabrés, humides, malsains, à une destination qu’ils n’avaient jamais connue; les autres,
nouvellement édifiés, ne tenaient qu’un compte très médiocre des nécessités de l’hygiène, de l’éclairage, de la surveillance.
Des concours furent ouverts, des programmes furent élaborés. Comme il arrive souvent, à force de vouloir bien faire, on avait même dépassé quelque peu les justes limites. Nous avons connu des programmes dont les prescriptions par trop minutieuses, par trop désireuses de ne rien laisser à l’arbitraire, prétendaient, enserrer dans leurs prescriptions jusqu’aux plus infimes détails.
De ces exagérations du premier moment on est aujourd’hui revenu; l’essentiel est maintenu, et l’on ne s’attache plus
guère aux infiniment petits. En lin de compte nous y avons gagné que nos écoles peuvent être aujourd’hui considérées comme rationnellement construites. Certes, on pourra, de ce côté, innover encore et réaliser d’utiles modifications; mais on peut dire déjà que le plus gros de l’ouvrage est fait et que nous possédons de bons spécimens d’écoles de tous ordres.
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La nouvelle Société veut faire plus, elle veut initier l’enfance à la beauté des lignes, des mouvements, des sons, etc.
Pour ces derniers, la musique est probablement indispensable,mais encore devra-t-elle choisi ries moments favorables.
Car on ne peut imposer aux instituteurs ni aux adjoints de mettre leur enseignement sur des airs connus; et, d’autre part, on ne peut pas admettre non plus que leurs leçons soient soutenues par les cuivres d’un orphéon local. Les uns nuiraient aux autres, sans aucun doute.
Il faudra donc consacrer des heures spéciales à l’harmonie et à la beauté des sons, et nous ne doutons pas que telle est bien la pensée de la Société nationale.
Parviendra-t-elle ensuite à inculquer aux jeunes disciples un vif sentiment de l’harmonie des mouvements? Un maître à danser pourrait seul, semble-t-il, les initier à l’eurythmie si appréciée des Grecs. II en existait jadis dans les régiments; tout porte à croire qu’on les y a supprimés. Les rétablira-t-on dans les écoles primaires?
Nous en doutons quelque peu, l’Etat n’ayant guère à sa disposition le moyen de subventionner des maîtres de ce genre, fussent-ils retraités et peu exigeants. On ne peut pas non plus demander aux pédagogues d’enseigner à leurs élèves, ni la gigue, ni le boston, ni même les danses antiques que nous voyons restaurer de tous côtés, par de jeunes personnes qui rivalisent avec Achille pour les pieds légers cl nus.