Nous n entrevoyons pas la solution désirée; c’est à la Société nationale de la trouver; à elle de fournir le lièvre, puisque c’est elle qui l a levé.
Nous ne sommes nullement ennemis du principe : Si les « gosses » primaires arrivent à se pénétrer d eurythmie et d harmonie, nous n’y voyons aucun inconvénient; nous serions même charmés de les voir labourer, faner, faucher, fabriquer des sabots, des clous et des souliers, boulanger,
percer ou tarauder, en toute beauté, avec des attitudes sculpturales, comme on en voit dans tous les Salons annuels.
Quant ils auront souvent contemplé, en images variées, sur papier, pierre ou bronzé, le fameux « geste auguste du se
meur », rien n’empêchera qu ils sachent l’imiter; et que le grain ne mette à son tour de la complaisance à lever gracieusement.
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On compte beaucoup sur l’image pour cette éducation nouvelle; et, pour la répandre, quelques fonds sont nécessaires. Mais la Société est toute disposée à se montrergénéreuse : Elle mérite donc de sincères remercîments ; car elle prouve par là que son amour pour la beauté des lignes et des formes n’est pas si mplement platonique et que sa conviction est prête à agir.
M. Riotor dit à ce propos:
« L Etat qui n a pas d argent pour distribuer des images aux classes, ou qui les distribue mal, comprend que ce sera une aide puissante ; la Ville, que Xarchitecture moderne dote de si somptueuses bâtisses, sait bien que ses services, débordés, ne peuvent suffire à tout, et qu il serait solde repousser des gens avisés qui offrent gratuitement leur temps et leur travail.
M. Bédorez, directeur de l’enseignement, a reçu la Société en amie, l’encourage dans son labeur; M. Bouvard, chef des services d’architecture, ne saurait faire moins. »
Best bien des choses pour lesquelles l’État n a pas d’argent; >1 en est quelques-unes aussi pour lesquelles il le distribue assez mal. C’est donc sur l’initiative des particuliers que l’on compte pour remédier à cette double imperfection. Moyennant son concours nous pourrions,nous dit-on, rivaliser avec ce qui se laità l étranger: avec l’Allemagne qui édite les plus parfaites séries d’imageries, crée les « jardins d’enfants », instaure « l’école dans la forêt »; avec la Suède qui pare de toiles de
mandées à d’illustres peintres ses lycées et ses collèges; la Hollande placide, la Suisse aux chalets légers, la petite Belgique où s’est organisée une véritable croisade nationale!
« N est-ce pas à Bruxelles qu’on voit naître cette inoubliable collection d’estampes glorifiant les sites et les métiers fiamands; à Anvers, qu’une municipalité étrangement sagace a pu, presque sans frais, enrichir de fresques et d’art appliqué jusqu’à la moindre de ses écoles communales? »
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Rivalisons donc. La Société nationale qui tient, elle aussi, a prouver la beauté du mouvement en marchant, a déjà con
voqué un congrès qui se tient en ce moment à Lille. M. Dujardin-Beaumelz le préside en personne.
Les sujets traités sont nombreux, presque innombrables : L architecture et la décoration extérieure de l école; Les rapports de l art à l’école avec l’hygiène ;
Les jardins scolaires, la décoration intérieure de l’école;
L organisation de l’histoire de l’art au lycée et dans les écoles normales d’instituteurs et d’institutrices;
La formation du goût musical chez les enfants;
L’organisation de l’enseignement du chant dans les écoles primaires;
L’étude de la prononciation et de la déclamation;
L’art et l’école, et l’avenir de l art dans les démocraties modernes.....
C’est à peu près tout; et c’est de quoi occuper suffisamment un congrès, quelque soit son robuste appétit. De l’hy
giène jusqu’à la prononciation, on peut dire que tout ce qui touche à l’enfance et à la jeunesse sera courageusement abordé.
Le seul point que le Congrès aurait pu, selon nous, tenir en réserve pour plus tard, c’est l Avenir de l’Art dans les Démocraties modernes ; attendu que ce même avenir sera beaucoup mieux renseigné que nous sur ce qui lui est réservé.
Mais, après tout, il n’y a pas de mal à faire des suppositions, en tant que simples suppositions.
Dans une vieille et jolie pièce du Palais-Royal : Doit-on le dire? que la Construction Moderne aime à citer de temps en temps, un mari trompé, comme le sont exclusivement les maris du Palais-Royal, demande à mots couverts à son compère :
— Supposons que, dans un nid qui n’est pas le sien, un coq ait pondu un œuf...
— Mais, répond l’autre, un coq ne pond jamais!
— Hé bien, quoi? réplique à son tour le-mari soupçonneux: puisque c’est une supposition !
Et l ami ne trouve rien à répliquer, puisqu’en elfet c’est une pure supposition.
C’est aussi ce que va faire le Congrès quand il cherchera à s’imaginer ce que pourront bien être les destinées futures de l’art, soit dans les démocraties, soit partout ailleurs.
Aussi ne trouvera-t-on rien à lui opposer, personne au monde ne sachant, pour le moment, si le Congrès voit juste ou se trompe. P. P.


LE SALON




DES ARTISTES FRANÇAIS


(Voyez page 410.)
De M. Ch. Flamant nous remarquons deux intéressantes vues en perspective d un Pavillon d été qu il a exécuté à Choisy-au-Bac (Oise). Le même expose plus loin Trois églises de village,rencontrées aux environs de Compïègne. M . Tougardde-Boismilon est représenté par une bonne élude d Un rideau de théâtre. M. J. Chialiva a envoyé son projet d /fôpital de Lisieux, se résumant en un pavillon tracé et rendu un peu à la hâte, et trois petites aquarelles d’une bonne tenue. M. H. Ge
névrier a rapporté de Bretagne quelques excellents dessins au fusain et à la plume. M. E. Bolado-Cid nous montre un Chapiteau du Temple de Castor et Pollux, qui a un peu trop les apparences d une terre cuite. Sur la cimaise, un Relevé du por
tail de l église de la Dalbade à Toulouse, dessiné avec précision parM. E.Harot. A la suite nous trouvons une travée d’une maisonde rapport exécutée à Cleveland parM. F. Verity, architecte à Londres; un fort habile dessin à la plume intitulé Fontaine de Jouvence, par M. E. Krier; les croquis au crayon représen
tant deux ponts à Lucerne, par M. G. Duloir ; l’excellent envoi de M. FI Guéry qui se compose de plusieurs vues d une Villa exécutée par lui à Avranches. C’est une œuvre incontestable