Les plans indiquent la disposition des points d appuis en béton armé, assez espacés et qui constituent la partie portante dans le sens vertical. Les planchers ainsi que les terrasses sont du système Hennebique, mais ils présentent une parti
cularité très intéressante et nouvelle qui demande deux mots
de description. Ils sont constitués par des dalles nervées (voir la figure ci-dessus) obtenues au moyen de moules creux en plâtre qui permettent une grande simplification dans le boisage, grâce au cintrage imaginé et breveté par MM. Ferrand et Pradeau, concessionnaires de la maison Hennebique, qui ont construit l’immeuble. Ce système consiste essentiellement à disposer sur un léger échafaudage A, établi à hauteur con
venable, des planches B formant des nervures Cet soutenant à la fois les moules perdus D, confectionnés en plâtre à l avance; emprisonnés dans le béton après la prise, ces moules forment avec lui un bloc très rigide et constituent un entretoisement
général de toutes les parties du plancher. Après le déboisage on a une surface prête à recevoir un enduit en plâtre formant plafond, sans lattes ni préparation préalable.
Ce genre de plancher, très insonore grâce au matelas d air des moules, permet, étant creux, le passage de lils électriques,
canalisations, ventouses, etc.... De plus les distributions des pièces intérieures se font avec une grande facilité, sans renforts spéciaux dans les cloisons.
Grâce à cet ingénieux procédé de construction, chaque plancher a pu être exécuté en dix jours, ce qui représente une économie de temps très appréciable sur le travail exécuté avec le système de boisage ordinaire.
L’ossature de toutes les parties portantes étant obtenue par le béton armé olfre un tout bien homogène, et les murs exté
rieurs n’ont d autres fonctions que celles d’un remplissage et d un isolant. Ils sont établis en briques de 22, creuses dans le sens vertical ; les trous remplis de mortier forment tenons.
Entre ce mur en briques et la cloison intérieure en fibroplâtre de 0 d’épaisseur, il a été réservé, au pourtour des façades sur rue et sur cours, un vide de 3 centimètres, constituant un matelas d air isolant. Cette disposition est essentiellement hygiénique et offre en outre l’avantage de faciliter l’application de l’ornementation intérieure mieux que le ciment ou les maçonneries.
Dans la façade, quelques détails sont à signaler :
Au rez-de-chaussée, puis au 2fi et au 5° étages, courent, sur toute la largeur, des poutres robustes qui donnent une grande solidité à l’ensemble et ont permis un désaxement voulu de l’entrée principale, en vue de l’utilisation rationnelle du rezde-chaussée. Aux étages intermédiaires,des linteaux en béton armé couronnent les baies et reposent sur la brique.
Les planchers s accusent sur la façade et forment un excellent chaînage. Au milieu delà construction, des encorbellements contribuent à l’ornementation, qui est très sobre et en même temps harmonieuse. On a, en effet, adopté un parti très franc, qui consiste à souligner le principe de la construction, en le décorant de grès flammés de petites dimensions, formant une
mosaïque. Ces grés s’interposent dans des bandes de ciment qui les sertissent et donnent à l ensemble une tenue architec
turale honnête et franche. Surcour, le béton reste apparent et la structure se montre sans fard; les terrasses ont reçu un enduit en ciment assurant parfaitement l’étanchéité.
En résumé, cette construction peut être considérée comme un type de maison de rapport économique, en même temps confortable et hygiénique, sans luxe de décoration, mais étudiée en vue de l utilité pratique et d un bon revenu, par un architecte sachant sacrifier à un rationalisme intelligent sans rien abandonner des principes de son art. A. D.
Le 25 mai 1910, cette République célébrera le centenaire de sou indépendance. De grandes fêtes auront lieu; ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’un superbe monument, à la fois architectural et sculptural, sera édifié à cetle occasion.
C’est pourquoi la République Argentine avait ouvert un grand concours international où elle faisait appel aux artistes de tous les pays; nous avons, d’ailleurs, annoncé en temps l ouverture de ce concours en publiant les plans de remplacement,.
En ce moment, les maquettes concurrentes sont exposées à Buenos-Aires, et le premier jugement vient d’être rendu. Ce n’est d ailleurs pas la seule manifestation artistique qui se prépare, car l’administration supérieure, d’accord avec les tendances et les désirs très marqués de la population, tient à utiliser au profit de l’art la richesse financière du pays qui progresse dans des proportions peu ordinaires.
Le correspondant du Temps lui écrivait récemment à ce sujet :
« Nos sculpteurs français ont pris une large part au concours, et d’ailleurs l’art français commence à se faire ici une
place sérieuse à côté de l’art italien qui naguère y dominait presque exclusivement. M. Bouvard, architecte de la ville de Paris, est venu dresser les plans des embellissements delà ville de Buenos-Aires.
« El actuellement la Société des peintres français, qui a à sa tête MM. Bonnat et Du bu le, prépare ici une exposition pour laquelle le gouvernement argentin a mis avec empressement un local à la disposition de nos artistes et leur a accordé loules sortes de facilités, entre autres la franchise douanière pour les œuvres d’art importées qui figureront dans ce Salon...
« Il y a place, dans leur âme de Latins, — à côté des blés, des laines et des cuirs, — pour les produit de l’esprit et le goût des beaux-arts. La colonie française, si nombreuse et si
profondément attachée à ce pays, va rendre hommage à ce sentiment artistique qui se révèle chez les Argentins en of
frant à l’hospitalière Buenos-Aires, à l occasion du centenaire de 1810, un musée de reproductions des chefs-d’œuvre du Louvre. »
On ne peut que sc- féliciter chez nous de voir ainsi ces peuples jeunes, actifs et ardents, ne pas oublier leurs origines latines et se plaire à puiser leurs inspirations aux deux sour
ces, toujours vivaces, de la Renaissance artistique en Italie et én France.
cularité très intéressante et nouvelle qui demande deux mots
de description. Ils sont constitués par des dalles nervées (voir la figure ci-dessus) obtenues au moyen de moules creux en plâtre qui permettent une grande simplification dans le boisage, grâce au cintrage imaginé et breveté par MM. Ferrand et Pradeau, concessionnaires de la maison Hennebique, qui ont construit l’immeuble. Ce système consiste essentiellement à disposer sur un léger échafaudage A, établi à hauteur con
venable, des planches B formant des nervures Cet soutenant à la fois les moules perdus D, confectionnés en plâtre à l avance; emprisonnés dans le béton après la prise, ces moules forment avec lui un bloc très rigide et constituent un entretoisement
général de toutes les parties du plancher. Après le déboisage on a une surface prête à recevoir un enduit en plâtre formant plafond, sans lattes ni préparation préalable.
Ce genre de plancher, très insonore grâce au matelas d air des moules, permet, étant creux, le passage de lils électriques,
canalisations, ventouses, etc.... De plus les distributions des pièces intérieures se font avec une grande facilité, sans renforts spéciaux dans les cloisons.
Grâce à cet ingénieux procédé de construction, chaque plancher a pu être exécuté en dix jours, ce qui représente une économie de temps très appréciable sur le travail exécuté avec le système de boisage ordinaire.
L’ossature de toutes les parties portantes étant obtenue par le béton armé olfre un tout bien homogène, et les murs exté
rieurs n’ont d autres fonctions que celles d’un remplissage et d un isolant. Ils sont établis en briques de 22, creuses dans le sens vertical ; les trous remplis de mortier forment tenons.
Entre ce mur en briques et la cloison intérieure en fibroplâtre de 0 d’épaisseur, il a été réservé, au pourtour des façades sur rue et sur cours, un vide de 3 centimètres, constituant un matelas d air isolant. Cette disposition est essentiellement hygiénique et offre en outre l’avantage de faciliter l’application de l’ornementation intérieure mieux que le ciment ou les maçonneries.
Dans la façade, quelques détails sont à signaler :
Au rez-de-chaussée, puis au 2fi et au 5° étages, courent, sur toute la largeur, des poutres robustes qui donnent une grande solidité à l’ensemble et ont permis un désaxement voulu de l’entrée principale, en vue de l’utilisation rationnelle du rezde-chaussée. Aux étages intermédiaires,des linteaux en béton armé couronnent les baies et reposent sur la brique.
Les planchers s accusent sur la façade et forment un excellent chaînage. Au milieu delà construction, des encorbellements contribuent à l’ornementation, qui est très sobre et en même temps harmonieuse. On a, en effet, adopté un parti très franc, qui consiste à souligner le principe de la construction, en le décorant de grès flammés de petites dimensions, formant une
mosaïque. Ces grés s’interposent dans des bandes de ciment qui les sertissent et donnent à l ensemble une tenue architec
turale honnête et franche. Surcour, le béton reste apparent et la structure se montre sans fard; les terrasses ont reçu un enduit en ciment assurant parfaitement l’étanchéité.
En résumé, cette construction peut être considérée comme un type de maison de rapport économique, en même temps confortable et hygiénique, sans luxe de décoration, mais étudiée en vue de l utilité pratique et d un bon revenu, par un architecte sachant sacrifier à un rationalisme intelligent sans rien abandonner des principes de son art. A. D.
L’INDÉPENDANCE
DE TA RÉPUBLIQUE ARGENTINE
Le 25 mai 1910, cette République célébrera le centenaire de sou indépendance. De grandes fêtes auront lieu; ce qui est particulièrement intéressant, c’est qu’un superbe monument, à la fois architectural et sculptural, sera édifié à cetle occasion.
C’est pourquoi la République Argentine avait ouvert un grand concours international où elle faisait appel aux artistes de tous les pays; nous avons, d’ailleurs, annoncé en temps l ouverture de ce concours en publiant les plans de remplacement,.
En ce moment, les maquettes concurrentes sont exposées à Buenos-Aires, et le premier jugement vient d’être rendu. Ce n’est d ailleurs pas la seule manifestation artistique qui se prépare, car l’administration supérieure, d’accord avec les tendances et les désirs très marqués de la population, tient à utiliser au profit de l’art la richesse financière du pays qui progresse dans des proportions peu ordinaires.
Le correspondant du Temps lui écrivait récemment à ce sujet :
« Nos sculpteurs français ont pris une large part au concours, et d’ailleurs l’art français commence à se faire ici une
place sérieuse à côté de l’art italien qui naguère y dominait presque exclusivement. M. Bouvard, architecte de la ville de Paris, est venu dresser les plans des embellissements delà ville de Buenos-Aires.
« El actuellement la Société des peintres français, qui a à sa tête MM. Bonnat et Du bu le, prépare ici une exposition pour laquelle le gouvernement argentin a mis avec empressement un local à la disposition de nos artistes et leur a accordé loules sortes de facilités, entre autres la franchise douanière pour les œuvres d’art importées qui figureront dans ce Salon...
« Il y a place, dans leur âme de Latins, — à côté des blés, des laines et des cuirs, — pour les produit de l’esprit et le goût des beaux-arts. La colonie française, si nombreuse et si
profondément attachée à ce pays, va rendre hommage à ce sentiment artistique qui se révèle chez les Argentins en of
frant à l’hospitalière Buenos-Aires, à l occasion du centenaire de 1810, un musée de reproductions des chefs-d’œuvre du Louvre. »
On ne peut que sc- féliciter chez nous de voir ainsi ces peuples jeunes, actifs et ardents, ne pas oublier leurs origines latines et se plaire à puiser leurs inspirations aux deux sour
ces, toujours vivaces, de la Renaissance artistique en Italie et én France.