metz; elle fera place à un toit vitré, et les trois étages actuels n’en feront plus qu’un seul.
Cette modification semble effectivement indispensable, car on ne peut songer à loger des toiles magistrales, par la super
ficie comme par le talent, dans des cellules basses; et il est toujours prudent de songer à les éclairer, bien que cette pré
caution ne soit pas toujours prise ou possible à prendre. Pour un éclairage de musée, on ne peut pas compter le moins du monde sur les fenêtres des façades latérales, pour multiples qu’elles soient.
(On sait d ailleurs que les « multiples » en général réussissent assez mal à nos administrations publiques; on vous le dira aux Téléphones.)
S il est, à Saint-Sulpice, des façades latérales, il en est une aussi qui fut, dans l’entretien que nous résumons, qualifiée de principale. Elle ressemble tout à fait aux autres ; mais elle s’en distingue par un petit porche qui, sans offrir un intérêt supérieur, a du moins ce mérite unique d’être la seule saillie du monument.
Cette façade, en sa principauté, serait donc « appelée définitivement à être sensiblement modifiée ».
Cependant on devait, dans l’origine, n’y pas toucher; et ce, par raison d’économie. Raison suffisante pour dire : Enfants, n’y touchez pas !
L’antique chanson ajoutait: C’est l’espoir du printemps, c’est l’amour d’une mère! — Mais ne confondons pas ici les nids avec les porches. Ici, en effet, on n’avait pas à craindre
de désespérer le printemps, pas plus que de contrarier l’amour d’une seule mère.
Aussi, tout bien considéré, fut-on d’avis aux Beaux-Arts : « qu un musée doit avoir un tout autre caractère que celui
d’une caserne ». — Cet avis peut parfaitement se défendre; il est même tout aussi plausible si l’on substitue à la caserne le séminaire.
* **
Comme conséquence finale,on supprimera donc le porche qui était le seul et bien modeste ornement de cette façade ; mais on le remplacera d’une façon qui ne doit pas faire regretter sa disparition :
« A la place du petit péristyle central, on construira un joli pavillon qui abritera la porte d honneur ; aux deux extrémités de la façade, deux autres pavillons seront édifiés : ils seront surmontés de guirlandes de roses et supporteront en leur centre une loggia. Les fenêtres qui prennent jour sur la place Saint-Sulpice seront supprimées; enfin, la façade se terminera par un couronnement à l’italienne. »
Moyennant ces adjonctions qui, d’ailleurs, se justifient fort bien, on admettra volontiers que la façade se trouve ainsi « appelée » à une modification que, sans scrupule, nous qua
lifierons de sensible, tout comme l’a fait M. le ministre des Beaux-Arts.
Les guirlandes de roses écarteront, à fout jamais, jusqu à la moindre réminiscence de caserne, ainsique le souhaiteM. Dujardin-Beaumetz qui a bien raison. La loggia nous semble heureusement destinée à permettre aux visiteurs, lorsqu’ils sentiront venir l’inévitable migraine des musées, de prendre quelques instants d’un repos mérité, à l ombre en été, au soleil
en hiver. Ce délassement annexe des musées nous sembleune innovation qui aura son prix.
Heureux visiteurs! — Sans doute ils ne pourront pas voir passer les petits bateaux comme font les vieillards de Faust,
quand il leur prend fantaisie de chanter en chœur ; pas plus qu’ils ne devront d ailleurs entonner, sur la loggia, le moindre chœur. Mais ils auront sous les yeux une fontaine monu
mentale et quadrifrons avec statues et miroirs d eau chers à M. Dujardin-Beaumetz : ils verront aussi partir les omnibus de la Villette, et passer à leurs pieds ceux de Balignolles- Clicliy; ou même notre Panthéon-Courcelles national, char public qui fut jadis chanté, pour la postérité, par Courteline.
Tout cela mérite bien une loggia. Ajoutons que l’architecte, désireux de compléter un cadre agréable autour du futur mo
nument mnséen qui est actuellement encaissé, a eu la bonne idée d’abattre les hautes clôtures qui l’enserrent, de les rem
placer par une grille ajourée, de démolir des annexes désormais inutiles,pourétendre les jardinsqui transformeront l’ensemble plutôt rébarbatif que nous connaissons en une riante oasis d arbres, d’arbustes, de pelouses et de fleurs.
*
***
Pour ne pas allonger indéfiniment cette description, extrayons simplement les derniers passages de l’article cité.
Au rez-de-chaussée et au premier étage: deux galeries longitudinales et deux transversales qui abriteront la peinture, les dessins et les médailles; elles encadreront la vaste cour inté
rieure formant jardin, et seront éclairées par le haut. La cour,
avec plafond vitré, recevra la sculpture; elle communiquera par une galerie avec l’ancienne chapelle.
C’est dans celle-ci que seront placés les marbres et les bronzes les plus précieux. Comme motif décoratif du fond,
l’administration a choisi, au moins jusqu’à présent, la Porte de l Enfer de Rodin ce sujet ayant sans doute paru,à ses yeux, le mieux approprié, soit à la destination primitive de la chapelle, soit à sa destination nouvelle.
M. de Valfori termine en ces termes:
« Tel est l’aménagement intérieur du nouveau musée. Il convient d’ajouter cependant qu’il sera installé avec tout le confort moderne: le visiteur aura à sa disposition des ascenccurs hydrauliques, des lavabos, des vestiaires ; il aura même une salle de repos et de lecture où il pourra trouver livres et revues d’art; une salle de vente où il pourra acheter photographies et catalogues ; il disposera même d un buffet.
« M. Dujardin-Beaumetz espère que les crédits qu’il va demander lui seront votés rapidement. »
Nous joignons respectueusement notre espoir à celui de M.le ministre des Beaux-Arts, et concluons de cette description que les dames et demoiselles du téléphone pourront seules désor
mais rivaliser, par l’agrément et le confortable de leurinstallation, avec le confortable et l agrément du nouveau musée.
Nous tenons cependant à allonger cette conclusion par une remarque que plusieurs lecteurs ont dû faire comme nous.
Puisqu’on démolit tous les planchers, puisqu on supprime les murs intérieurs, puisqu’on bouche les baies, transforme com
plètement la façade principale, détruit les clôtures, établit une vaste cour intérieure,etc., etc., n’aurait-on pas aussi vite
fait do tout jeter bas et de reconstruire un édifice entièrement neuf, dont le plan serait établi tout de suite d’après la destination future?
Sans doute on compte utiliser un certain cube de maçonnerie existant; mais les sujétions auxquelles on sera soumis pendant le cours des travaux, les reprises qu’on devra faire après enlèvement des planchers, le bouchage des baies, les réfections de murs nouveaux à l’intérieur, au milieu d un édifice clos sur tout le pourtour, toutes ces difficultés ne vont-elles produire