un surcroît de dépense qui peut compenser largement l’économie de matériaux?
N’eùt-il pas été préférable de faire table rase pendant qu on y était, et de laisser l’architecte étudier ses plans et ses façades en toute liberté?!! nous semble qu à tout refaire, on obtiendrait ainsi un édifice d aspect plus agréable sur toutes ses faces, qu en laissant subsister trois parois très nues, dont les baies auront été simplement aveuglées.
Depuis longtemps on attribue aux artilleurs cette théorie hasardeuse que, pour faire un canon,on commence par prendre un trou et qu’on met ensuite du bronze autour ; rien n’est plus faux. Mais nous allons mettre en pratique le procédé inverse :
prendre une « croûte », la creuser et, dans le trou, mettre un musée, tout comme on met à Chartres un canard dans un pâté.
Ce procédé est plus praticable que le précédent ; mais, sauf chez les pâtissiers, il risque de paraître peu élégant.
P. PLAN AT.
(Vouez page 459.)
SALLE X
Le concours que la Ville de Lille avait ouvert dernièrement pour la construction de son théâtre, occupe dans cette salle une place prépondérante; voici deux projets dont les remar
quables dessins couvrent loute une paroi. Il nous est interdit, faute de temps, d entrer dans la voie des descriptions détail
lées; rappelons seulement que leurs auteurs ont remporté ici un succès mérité ; M. G. Dehault a obtenu une médaille de 2e classe; son voisin et camarade d atelier, M. C. Imaudt, s est vu décerner une médaille de3e classe et une bourse de voyage. Une particularité, dans le projet du premier, nous a frappé :
M. Dehault a placé au-dessus de sa grande salle de spectacle un petit théâtre destiné aux répétitions. C est certainement une innovation.
M. P. Duménil nous montre, à côté, les intérieurs de Saint- Marc, à Venise, en six aquarelles vigoureusement traitées.Celles de M. A. Messager, quoique exécutées avec un pinceau moins délayé que celui du précédent, n’en sont pas moins intéres
santes; ce sont des Vieilles rues, vieilles maisons pour servir, nous dit le livret, à l histoire des anciennes villes monégasques, telles que Cabbé, Roquebrune et Menton.
M. R. Privai a reproduit à l aquarelle un Retable de la chapelle de Moulins-d’/vré (M.-et-L.), une sorte de peinture murale où
il a mis une belle clarté impressionniste. M. C. Rivet, dont nous avons déjà remarqué, l an passé, la grande habileté de dessinateur à la plume, expose un grand nombre de croquis Sur le vieux lllois qui sont tout simplement exquis; il est dif
ficile d’avoir une main plus légère et plus sûre; nous voulons bien croire que ce ne sont pas là des reproductions réduites par la gravure.
M. A. Mitchell, architecte à Londres, a envoyé de cette ville une série de Maisons de campagne qu’il a construites aux environs de celle grande cité. Conçues dans le style local, ces con
structions se distinguent par un air grandiloquent et le sens éminemment pratique des plans. Le rendu, fait entièrement a la plume, ajoute beaucoup de vigueur à ces excellentes compositions.
M. 6. Crawley, un autre confrère anglais, déjà cité pour sa Salle à manger, expose ici son deuxième envoi,qui est un vaste pavillon destiné au Tennis-Court (Jeu de Paume) édifié à New-York City. La forme et les ornementations adoptées donnent h ce bâtiment l’aspect d’un château qui ne doit pas déplaire àM. J.-S. Phipps, l’heureux propriétaire.
Parmi les antiquités du Louvre se trouve un tombeau de Valentine Balbini, femme de René Birague, sculpté par Germain Pilon ; M. IL Thiry en a fait une bonne copie à l’aquarelle,
Voici la première femme que nous rencontrons dans notre section; c est MUe Andrée Balcet, élève d’un peintre, qui ex
pose une jolie pochade à I huile intitulée un peu pompeusesoment: Eludes d architecture à Saint-Germain-des-Près ; fonts baptismaux. Deux autres petits panneaux, de même catégorie,
que nous voyons un peu plus loin, sont signés par M. P. Cathoire et portent l’inscription Rues d Alger. Sur la cimaise,nos regards embrassent une belle aquarelle représentant l inté
rieur de Y Eglise du Dôme de Dise ; une mention honorable a récompensé le talent de son auteur, M. G. Mizard. M. M. Maré
chal intitule aquarelles ses Croquis de voyages laits au crayon,
non sans un sentiment plein de souplesse. De M. J. Gicquel nous voyons un gentil rendu du Plafond de la Justice de Paix delà mairie de Clichi/. M. Honoré Schneider nous montre trois vues àl aquarellede [ EgliseSaint-Gilles,à Abbeville,faites avec goût. M. P. Morisset a fixé sur un petit cadre une image pleine de réalisme de Y Entrée du château de Laval (Mayenne).
Les trois aquarelles des églises du Gâvre, de la Clarté et de Perros-Guirec (Bretagne), font honneur au brillant pinceau de M. IL L’Homme.
Signalons encore les quatre bonnes aquarelles : Vieilles rues, de M. Marie.-A.-P. Langlois, et terminons cette salle par le modeste mais fort intéressant envoi de .M. A. Augustin Rey : Eludes de clochers et de sculpture de l’église de Montmartre.
SALLE IX
Cette salle et la suivante sont uniquement consacrées aux aquarelles; ce sont aussi les seules de notre section que le grand public visite de préférence. Nous n’avons pas voulu l’imiter en commençant notre revue par ces captivants envois, de crainte de nous y trop attarder, car nous nous connaissons. Aujourd hui, rien de semblable n’est à redouter, puisque le Salon ferme...; il est même déjà fermé, mais non sans nous avoir laissé préalablement le temps nécessaire pour faire le tour devant les 300 cadres environ qui s y pressent, et emporter nos impressions qui sont excellentes.
Il s y trouve, effectivement, nombred aquarelles maîtresses, de ces aquarellessi parfaitement bien venues qu’ellesontexigé, pour naître à la vie surnaturelle de l art, non seulement un
grand acquis, mais encore tout un concours de circonstances rares et de conditions heureuses, l accord exquis du motif re
produit et de l’émotion ressentie. C’est le cas, par exemple, de M. A. Bruel qui a rapporté d’Athènes deux aquarelles d’une
haute tenue artistique : L Acropole d’Athènes \ue le soir, et le Portique des cariatides enlevé à la faveur de la même clarté vi
brante, limpide et dorée. Ce sont de beaux morceaux grecs qui nous rappellent les fameuses aquarelles de la même prove
nance que Guidetti avait exposées ici, il y a quelques années, et dont nous avons entretenu nos lecteurs. Mais, voici précisé- Guidetti avec son étourdissante maîtrise: Versailles et Florence, deux aquarelles de tous points dignes de ces deux noms célè
bres. Versailles est représenté par un petit bassin perdu dans le parc dont le sol est jonché de feuilles mortes. C est d’une
N’eùt-il pas été préférable de faire table rase pendant qu on y était, et de laisser l’architecte étudier ses plans et ses façades en toute liberté?!! nous semble qu à tout refaire, on obtiendrait ainsi un édifice d aspect plus agréable sur toutes ses faces, qu en laissant subsister trois parois très nues, dont les baies auront été simplement aveuglées.
Depuis longtemps on attribue aux artilleurs cette théorie hasardeuse que, pour faire un canon,on commence par prendre un trou et qu’on met ensuite du bronze autour ; rien n’est plus faux. Mais nous allons mettre en pratique le procédé inverse :
prendre une « croûte », la creuser et, dans le trou, mettre un musée, tout comme on met à Chartres un canard dans un pâté.
Ce procédé est plus praticable que le précédent ; mais, sauf chez les pâtissiers, il risque de paraître peu élégant.
P. PLAN AT.
LE SALON
DES ARTISTES FRANÇAIS
(Vouez page 459.)
SALLE X
Le concours que la Ville de Lille avait ouvert dernièrement pour la construction de son théâtre, occupe dans cette salle une place prépondérante; voici deux projets dont les remar
quables dessins couvrent loute une paroi. Il nous est interdit, faute de temps, d entrer dans la voie des descriptions détail
lées; rappelons seulement que leurs auteurs ont remporté ici un succès mérité ; M. G. Dehault a obtenu une médaille de 2e classe; son voisin et camarade d atelier, M. C. Imaudt, s est vu décerner une médaille de3e classe et une bourse de voyage. Une particularité, dans le projet du premier, nous a frappé :
M. Dehault a placé au-dessus de sa grande salle de spectacle un petit théâtre destiné aux répétitions. C est certainement une innovation.
M. P. Duménil nous montre, à côté, les intérieurs de Saint- Marc, à Venise, en six aquarelles vigoureusement traitées.Celles de M. A. Messager, quoique exécutées avec un pinceau moins délayé que celui du précédent, n’en sont pas moins intéres
santes; ce sont des Vieilles rues, vieilles maisons pour servir, nous dit le livret, à l histoire des anciennes villes monégasques, telles que Cabbé, Roquebrune et Menton.
M. R. Privai a reproduit à l aquarelle un Retable de la chapelle de Moulins-d’/vré (M.-et-L.), une sorte de peinture murale où
il a mis une belle clarté impressionniste. M. C. Rivet, dont nous avons déjà remarqué, l an passé, la grande habileté de dessinateur à la plume, expose un grand nombre de croquis Sur le vieux lllois qui sont tout simplement exquis; il est dif
ficile d’avoir une main plus légère et plus sûre; nous voulons bien croire que ce ne sont pas là des reproductions réduites par la gravure.
M. A. Mitchell, architecte à Londres, a envoyé de cette ville une série de Maisons de campagne qu’il a construites aux environs de celle grande cité. Conçues dans le style local, ces con
structions se distinguent par un air grandiloquent et le sens éminemment pratique des plans. Le rendu, fait entièrement a la plume, ajoute beaucoup de vigueur à ces excellentes compositions.
M. 6. Crawley, un autre confrère anglais, déjà cité pour sa Salle à manger, expose ici son deuxième envoi,qui est un vaste pavillon destiné au Tennis-Court (Jeu de Paume) édifié à New-York City. La forme et les ornementations adoptées donnent h ce bâtiment l’aspect d’un château qui ne doit pas déplaire àM. J.-S. Phipps, l’heureux propriétaire.
Parmi les antiquités du Louvre se trouve un tombeau de Valentine Balbini, femme de René Birague, sculpté par Germain Pilon ; M. IL Thiry en a fait une bonne copie à l’aquarelle,
Voici la première femme que nous rencontrons dans notre section; c est MUe Andrée Balcet, élève d’un peintre, qui ex
pose une jolie pochade à I huile intitulée un peu pompeusesoment: Eludes d architecture à Saint-Germain-des-Près ; fonts baptismaux. Deux autres petits panneaux, de même catégorie,
que nous voyons un peu plus loin, sont signés par M. P. Cathoire et portent l’inscription Rues d Alger. Sur la cimaise,nos regards embrassent une belle aquarelle représentant l inté
rieur de Y Eglise du Dôme de Dise ; une mention honorable a récompensé le talent de son auteur, M. G. Mizard. M. M. Maré
chal intitule aquarelles ses Croquis de voyages laits au crayon,
non sans un sentiment plein de souplesse. De M. J. Gicquel nous voyons un gentil rendu du Plafond de la Justice de Paix delà mairie de Clichi/. M. Honoré Schneider nous montre trois vues àl aquarellede [ EgliseSaint-Gilles,à Abbeville,faites avec goût. M. P. Morisset a fixé sur un petit cadre une image pleine de réalisme de Y Entrée du château de Laval (Mayenne).
Les trois aquarelles des églises du Gâvre, de la Clarté et de Perros-Guirec (Bretagne), font honneur au brillant pinceau de M. IL L’Homme.
Signalons encore les quatre bonnes aquarelles : Vieilles rues, de M. Marie.-A.-P. Langlois, et terminons cette salle par le modeste mais fort intéressant envoi de .M. A. Augustin Rey : Eludes de clochers et de sculpture de l’église de Montmartre.
SALLE IX
Cette salle et la suivante sont uniquement consacrées aux aquarelles; ce sont aussi les seules de notre section que le grand public visite de préférence. Nous n’avons pas voulu l’imiter en commençant notre revue par ces captivants envois, de crainte de nous y trop attarder, car nous nous connaissons. Aujourd hui, rien de semblable n’est à redouter, puisque le Salon ferme...; il est même déjà fermé, mais non sans nous avoir laissé préalablement le temps nécessaire pour faire le tour devant les 300 cadres environ qui s y pressent, et emporter nos impressions qui sont excellentes.
Il s y trouve, effectivement, nombred aquarelles maîtresses, de ces aquarellessi parfaitement bien venues qu’ellesontexigé, pour naître à la vie surnaturelle de l art, non seulement un
grand acquis, mais encore tout un concours de circonstances rares et de conditions heureuses, l accord exquis du motif re
produit et de l’émotion ressentie. C’est le cas, par exemple, de M. A. Bruel qui a rapporté d’Athènes deux aquarelles d’une
haute tenue artistique : L Acropole d’Athènes \ue le soir, et le Portique des cariatides enlevé à la faveur de la même clarté vi
brante, limpide et dorée. Ce sont de beaux morceaux grecs qui nous rappellent les fameuses aquarelles de la même prove
nance que Guidetti avait exposées ici, il y a quelques années, et dont nous avons entretenu nos lecteurs. Mais, voici précisé- Guidetti avec son étourdissante maîtrise: Versailles et Florence, deux aquarelles de tous points dignes de ces deux noms célè
bres. Versailles est représenté par un petit bassin perdu dans le parc dont le sol est jonché de feuilles mortes. C est d’une