jolie audace, d’un modernisme très fouillé et d’une savoureuse alternance de valeursqui se multiplient, l’une par l’autre en se contredisant. Quelqu’un de moins habileeût fait, avec une telle tech
nique, de l’aquarelle « chiquée », pétrie à faux, heurtante, qui n’en serait jamais restée qu’aux pochades; ici, la sensation la plus expéditivement traduite nous apparaît comme un ensemble des plus harmonieux et des plus finis.
La même impression dominante se dégage de la seconde aquarelle de M. P. Guidetti.
(La fin au prochain numéro.)
A. Gelbert.


IMMEUBLES A BON MARCHÉ


RUE DELAMBRE, A PARIS
Nous avons reproduit dans notre dernier numéro les façades et les plans du fort intéressant groupe de constructions édifiées pour l Assistance publique par M. Azière, sur les terrains de la rue Delambre. Nous donnons aujourd’hui une page entière de détails de la façade du premier groupe : on y recon
naîtra la conscience et le souci du détail qui caractérisent le talent de l’auteur.


CONGRÈS DES ARCHITECTES


Ce Congrès annuel a d’ordinaire une séance de clôture particulièrement intéressante; la dernière a été illustrée par un discours de M. Dujardin-Beaumetz, qu’accueillirent de chaleureux applaudissements très mérités.
Après avoir rappelé, en termes qui ont su toucher l auditoire, les noms des présidents de la Société : Lefuel, Labrouste, Charles Garnier et J. Guadet dont la perte est toute récente et dont l’absence à la réunion paraissait d’autant plus regret
table, M. le Sous-Secrétaire d’Etat prit pour thème : L’architecture moderne a su utiliser, avec grand succès, toutes les conquêtes de notre époque pour mieux en satisfaire les besoins.
«Des progrès prodigieux de la métallurgie,a-t-il dit, vous avez tiré l’emploi des poutres à longue portée permettant les baies immenses auxquelles n’auraient pu suffire ni les frontons ni
les voûtes. Vous avez incorporé le fin tissu du métal et donné à la matière pesante une âme indestructible et légère. En réduisant les points d’appui vous avez ajouré les masses,
évidé les façades, ouvert la maison moderne à la lumière et à la vie, créé des destinations nouvelles aux recherches ornementales de la céramique et de la verrerie. »
Si l’architecture privée est obligée de lutter contre d’innombrables difficultés, il ne faudrait pas croire qu’elle n’ait pas devant elle des obstacles aussi, quand elle se fait le collabora
teur de l’État. M. Dujardin-Beaumetz, ayant à énumérer ces obstacles, passe en revue ceux qui se rattachent aux Bâtiments civils, et ceux qui pavent les bonnes intentions des Monuments historiques.
Dans ce dernier service, les Beaux-Arts qui avaient déjà une mission délicate à remplir, celle qui consiste à élever de nou
veaux édifices, ont une responsabilité plus redoutable encore, celle qui consiste à « conserver intactes les richesses monu
mentales du passé. Dans cette œuvre si complexe, l’artiste n’est plus libre de suivre son inspiration créatrice, il doit
savoir oublier — tâche plus difficile que d’apprendre — les acquisitions qui ont fait de lui un homme moderne, pour retrouver, pour interpréter avec un prudent scrupule et une impartiale conscience la pensée des anciens maîtres.
« Ces travaux de restauration viennent de prendre une extension nouvelle par l adjonction des cathédrales au service des Monuments historiques et par la large application du classement qui, depuis deux ans, nous a donné la garde de près d’un millier d édifices, d’un intérêt vraiment national. »
Aux Bâtiments civils, mêmes difficultés à vaincre. « Ce service, est, en ett et, responsable de la conservation de ces édi
fices parfaits, de ces admirables palais de l ancienne France,
pour lesquels la plus légère négligence d’entretien, la moindre apparence de délabrement provoquerait une légitime émotion et nous exposerait aux plus amères critiques. »
Si la responsabilité est lourde, tout aussi lourdes sont les charges financières. Malheureusement, les ressources ne sont pas, aujourd’hui, proportionnées comme elles devraient l’être à ces mêmes charges; leur insuffisance contraint donc les services publics à des économies véritablement excessives. M. le ministre des Beaux-Arts est le premier à le reconnaître, à son grand regret. Aussi s’est-il vu contraint d’introduire dans ces services des simplifications administratives, que connaissent déjà nos lecteurs, et de rechercher tous les moyens possibles pour mieux proportionner,à l’avenir, les dépenses disponibles à l activité des chantiers.
Grâce à ces simplifications, aux économies qui en résultent et qui ont été réglées en parfait accord avec les intéressés mêmes, l’administration des Beaux-Arts a su obtenir une approbation sans réserve des pouvoirs publics et du Parlement. Il
compte en profiter pour obtenir, dès la présente année, un relèvement des crédits nécessaires puisque, désormais, leur emploi judicieux est justifié par la plus str icte économie.
M. Dujardin-Beaumetz termina son discours par cette chaleureuse péroraison, qui ne pouvait que charmer ses auditeurs :
« Messieurs,
« L’architecture occupe l’une des premières places dans le grand mouvement d’art qui assure à la France moderne une place si glorieuse parmi les nations, — et je suis heureux de saluer en vous des artistes qui, par leurs fortes et personnelles conceptions, se montrent dignes de leurs admirables devanciers. »
CONCOURS CHENAVARD 1908. — PREMIER PRIX


Thermes Populaires


PLANCHES 99 ET 100
Au moment de l’exposition des projets présentés à cet important concours, notre collaborateur, M. Gelbert en a fait la critique avec la sagacité et le sentiment artistique dont il est coutumier. Devançant le jugement du Conseil supérieur, il avait décerné le premier prix à M. Drouet, élève de M. Laloux.
Le projet de M. Saigne, élève de M. Pascal, qui a obtenu le 2e prix, avait également retenu son attention.
Des difficultés matérielles nous avaient empêchés de photographier alors les deux projets classés en tête. Nous avons pu le faire depuis lors, au Salon des Artistes français; et nous sommes heureux de mettre sous les yeux de nos lecteurs ces deux œuvres intéressantes.