Aujourd’hui nous publions celui de M. Drouet, intitulé : Thermes populaires.Nous ne pouvonsmieux faire que de reproduire le programme que l’auteur s’était imposé et qui accompagnait son envoi.
S il est bon de créer des établissements de bienfaisance pour soulager ceux qui souffrent, il serait encore meilleur de don
ner à ceux qui travaillent le moyen de maintenir leur santé et d augmenter leurs forces. Il est permis de supposer qu’un avenir prochain verra la création de vastes établissements, gratuits comme nos hôpitaux, analogues aux thermes antiques mais adaptés à nos besoins et à nos mœurs.
On suppose que la municipalité d’une grande ville ouvrière, partant de cette idée, décide de créer un établissement où chacun viendra, comme jadis le citoyen de Rome, donner à son corps tous les soins de l’hygiène et développer ses forces par des jeux et des exercices physiques.
Cet ensemble se compose de bâtiments et de jardins. Il comprendra :
1° Les Services d entrée : administration, direction, médecin, etc. ; bâtiments de service, dépôts, logements d’employés ; 2° L’Etablissement proprement dit :
A. Les bains séparés en deux sectionS(hommes et femmes); dans chaque section : une grande piscine, cent cabines de bains chauds, douches, étuves, vestiaires et services annexes;
B. Un grand gymnase commun aux deux sections, avec vestiaires séparés ;
3° Dam les jardins :
A. Tous les emplacements nécessaires aux jeux et sports en plein air: paume, tennis, foot-ball, etc.
B. Des pistes pour la marche, la course, la bicyclette, avec des tribunes pour les spectateurs;
C. De vastes esplanades pour les enfants;
D. Des bosquets et des parterres au milieu desquels seront disséminées des salles couvertes pour la boxe, 1 escrime, la lutte; des pavillons de repos et de musique, des portiques;
4° Les jardins seront limités d’un côté par une rivière dont on profi tera pour les sports nautiques et les bains froids. On y prévoit donc l’établissement de cabines, d’embarcadères, un atelier de réparation et un garage des embarcations, des tribunes, etc. Userait bon d’y joindre un café-restaurant.
Le terrain choisi est à proximité de la ville. Il ne dépassera pas 700 mètres dans sa plus grande dimension.
C est dans l’hémicycle de l’École des Beaux-Arts que s est tenue l’assemblée, aussi générale que constitutive, de la Société qui porte ce nom heureux : Les Amis de Versailles.
Si Versailles a des amis fréquents, il a de non moins nombreuses amies, les uns el les autres de première qualité. Si
M. Sardou présidait au milieu de l estrade, avec un état-major où figuraient MM. Ed. Détaillé, Henri Marcel, Eugène Tardieu, de Nolhac, Pierre Decourcelle, Fournier Sarlovèze, etc., etc., tous arbres et arbustes de première et de seconde grandeur pour le moins, sur la même estrade apparaissait un vrai bou
quet de fleurs : M 10 la comtesse de Castellane qui vice-présidait; Mme la duchesse de Fezensac, la baronne d’Adelsward, la marquise de Ganay, la princesse Murat, la comtesse Grefl ulhe, la comtesse d’Haussonville et bien d’autres encore.
Ajoutons : Si M. Charles Cambefort est le trésorier do la Société, M. Tardieu en est le rapporteur, Ccmme de raison, le
premier de ses rapports concernait la constitution de la Société : nous la souhaitons, comme lui-même, bonne et heureuse, car c’est là le meilleur signe de longévité. M. Cambe
fort disait « de prospérité » ; mais l’une accompagnera tout naturellement l’autre.
M. le Sous-Secrélaire desBeaux-Arts et MM. les fonctionnaires de son administration : MM. Pierre de Nolhac, Marcel Lambert,
André Péralé, ont accueilli les promoteurs de la nouvelle Société avec une souriante amabilité qui pronostique pour l avenir une entente cordiale et des relations exquises. C est ce que M. le rapporteur a pu affirmer devant son brillant auditoire.
La Société a un programme d’action ; il est simple et efficace : donner à Versailles le plus d’argent possible, mais veiller à ce qu il soit bien employé.
Il faut dire que la Presse, à tort ou à raison, a parfois déclaré que l’emploi des fonds de 1 État disponibles n étaient pas toujours celui qu elle aurait approuvé. Puisque la Société
est disposée à fournir des subventions nouvelles, ce qui est extrêmement louable, il est assez naturel qu elle réclame une part d’intervention pour la répartition qui en sera faite; comme il est naturel aussi que L’administration desBeaux-Arts ait également voix au chapitre.
* **
C’est d ailleurs ce que M. le rapporteur exposait très nettement en ces termes:
« En principe, il va de soi que, si nous apportons de l’argent pour certains travaux, nous devrons pouvoir exercer un contrôle sur la manière dont cet argent sera employé.
« Il y a une très grande différence entre lé concours que vous voulez apporter à l’Etat et celui que lui apportent les Amis du Louvre. Ceux-ci se bornent à offrir au Musée des tableaux ou des objets que ses ressources restreintes ne lui permettraient
pas d acquérir. Il leur suffit donc de se mettre d accord avec les conservateurs sur l opportunité de l’achat et de l’entrée au Louvre de telle ou telle œuvre. Nous pourrons agir de même pour l enrichissement des collections de l’admirable Musée de
Versailles; mais, puisque nous nous proposons en outre, la sauvegarde et le bon état d’entretien du domaine, il nous faudra bien trouver le moyen d’atteindre ce but qui est incontestablement en fait le plus urgent. «
Il y aura donc, tout comme au Louvre, des dons en nature que l Etat ne refusera certainement pas et qui embelliront le Musée; mais les dons en espèces serviront surtout à la conservation de l’édilice el des jardins qui, faute des fonds néces
saires, ne sont pas dans un brillant état. Actuellement, les pouvoirs publics ne se préoccupent pas outre mesure de la protection et de la conservation du patrimoine artistique de notre pays; pour des raisons, de premier ordre probablement, ils estiment que le budget doi t se déverser dans d’au 1res canaux.
Ce n’est pas qu ils refusent, chaque année, dans des rapports éloquents, de couvrir les arts en général de fleurs d’une rhétorique spéciale; mais cette dépense d’éloquence est à peu près la seule qu’ils autorisent sans restrictions.
C’était donc à « l initiative privée » de remédier à cette insuffisance; aussi voyons nous avec quelle ardeur on l’encourage chaque jour, en haut lieu, à se montrer digne de sou nom en allant courageusement de Lavant, tout en restant aussi privée que possible. Comme il y a encore en France de bonnes intentions, les sociétés de renfort viennent s’atteler effectivement au char de l État quelque peu embourbé, et c’est un spectacle plutôt réconfortant.
S il est bon de créer des établissements de bienfaisance pour soulager ceux qui souffrent, il serait encore meilleur de don
ner à ceux qui travaillent le moyen de maintenir leur santé et d augmenter leurs forces. Il est permis de supposer qu’un avenir prochain verra la création de vastes établissements, gratuits comme nos hôpitaux, analogues aux thermes antiques mais adaptés à nos besoins et à nos mœurs.
On suppose que la municipalité d’une grande ville ouvrière, partant de cette idée, décide de créer un établissement où chacun viendra, comme jadis le citoyen de Rome, donner à son corps tous les soins de l’hygiène et développer ses forces par des jeux et des exercices physiques.
Cet ensemble se compose de bâtiments et de jardins. Il comprendra :
1° Les Services d entrée : administration, direction, médecin, etc. ; bâtiments de service, dépôts, logements d’employés ; 2° L’Etablissement proprement dit :
A. Les bains séparés en deux sectionS(hommes et femmes); dans chaque section : une grande piscine, cent cabines de bains chauds, douches, étuves, vestiaires et services annexes;
B. Un grand gymnase commun aux deux sections, avec vestiaires séparés ;
3° Dam les jardins :
A. Tous les emplacements nécessaires aux jeux et sports en plein air: paume, tennis, foot-ball, etc.
B. Des pistes pour la marche, la course, la bicyclette, avec des tribunes pour les spectateurs;
C. De vastes esplanades pour les enfants;
D. Des bosquets et des parterres au milieu desquels seront disséminées des salles couvertes pour la boxe, 1 escrime, la lutte; des pavillons de repos et de musique, des portiques;
4° Les jardins seront limités d’un côté par une rivière dont on profi tera pour les sports nautiques et les bains froids. On y prévoit donc l’établissement de cabines, d’embarcadères, un atelier de réparation et un garage des embarcations, des tribunes, etc. Userait bon d’y joindre un café-restaurant.
Le terrain choisi est à proximité de la ville. Il ne dépassera pas 700 mètres dans sa plus grande dimension.
LES AMIS DE VERSAILLES
C est dans l’hémicycle de l’École des Beaux-Arts que s est tenue l’assemblée, aussi générale que constitutive, de la Société qui porte ce nom heureux : Les Amis de Versailles.
Si Versailles a des amis fréquents, il a de non moins nombreuses amies, les uns el les autres de première qualité. Si
M. Sardou présidait au milieu de l estrade, avec un état-major où figuraient MM. Ed. Détaillé, Henri Marcel, Eugène Tardieu, de Nolhac, Pierre Decourcelle, Fournier Sarlovèze, etc., etc., tous arbres et arbustes de première et de seconde grandeur pour le moins, sur la même estrade apparaissait un vrai bou
quet de fleurs : M 10 la comtesse de Castellane qui vice-présidait; Mme la duchesse de Fezensac, la baronne d’Adelsward, la marquise de Ganay, la princesse Murat, la comtesse Grefl ulhe, la comtesse d’Haussonville et bien d’autres encore.
Ajoutons : Si M. Charles Cambefort est le trésorier do la Société, M. Tardieu en est le rapporteur, Ccmme de raison, le
premier de ses rapports concernait la constitution de la Société : nous la souhaitons, comme lui-même, bonne et heureuse, car c’est là le meilleur signe de longévité. M. Cambe
fort disait « de prospérité » ; mais l’une accompagnera tout naturellement l’autre.
M. le Sous-Secrélaire desBeaux-Arts et MM. les fonctionnaires de son administration : MM. Pierre de Nolhac, Marcel Lambert,
André Péralé, ont accueilli les promoteurs de la nouvelle Société avec une souriante amabilité qui pronostique pour l avenir une entente cordiale et des relations exquises. C est ce que M. le rapporteur a pu affirmer devant son brillant auditoire.
La Société a un programme d’action ; il est simple et efficace : donner à Versailles le plus d’argent possible, mais veiller à ce qu il soit bien employé.
Il faut dire que la Presse, à tort ou à raison, a parfois déclaré que l’emploi des fonds de 1 État disponibles n étaient pas toujours celui qu elle aurait approuvé. Puisque la Société
est disposée à fournir des subventions nouvelles, ce qui est extrêmement louable, il est assez naturel qu elle réclame une part d’intervention pour la répartition qui en sera faite; comme il est naturel aussi que L’administration desBeaux-Arts ait également voix au chapitre.
* **
C’est d ailleurs ce que M. le rapporteur exposait très nettement en ces termes:
« En principe, il va de soi que, si nous apportons de l’argent pour certains travaux, nous devrons pouvoir exercer un contrôle sur la manière dont cet argent sera employé.
« Il y a une très grande différence entre lé concours que vous voulez apporter à l’Etat et celui que lui apportent les Amis du Louvre. Ceux-ci se bornent à offrir au Musée des tableaux ou des objets que ses ressources restreintes ne lui permettraient
pas d acquérir. Il leur suffit donc de se mettre d accord avec les conservateurs sur l opportunité de l’achat et de l’entrée au Louvre de telle ou telle œuvre. Nous pourrons agir de même pour l enrichissement des collections de l’admirable Musée de
Versailles; mais, puisque nous nous proposons en outre, la sauvegarde et le bon état d’entretien du domaine, il nous faudra bien trouver le moyen d’atteindre ce but qui est incontestablement en fait le plus urgent. «
Il y aura donc, tout comme au Louvre, des dons en nature que l Etat ne refusera certainement pas et qui embelliront le Musée; mais les dons en espèces serviront surtout à la conservation de l’édilice el des jardins qui, faute des fonds néces
saires, ne sont pas dans un brillant état. Actuellement, les pouvoirs publics ne se préoccupent pas outre mesure de la protection et de la conservation du patrimoine artistique de notre pays; pour des raisons, de premier ordre probablement, ils estiment que le budget doi t se déverser dans d’au 1res canaux.
Ce n’est pas qu ils refusent, chaque année, dans des rapports éloquents, de couvrir les arts en général de fleurs d’une rhétorique spéciale; mais cette dépense d’éloquence est à peu près la seule qu’ils autorisent sans restrictions.
C’était donc à « l initiative privée » de remédier à cette insuffisance; aussi voyons nous avec quelle ardeur on l’encourage chaque jour, en haut lieu, à se montrer digne de sou nom en allant courageusement de Lavant, tout en restant aussi privée que possible. Comme il y a encore en France de bonnes intentions, les sociétés de renfort viennent s’atteler effectivement au char de l État quelque peu embourbé, et c’est un spectacle plutôt réconfortant.