quelles lurent réalisées bien plus tard; l unification des poids et mesures, et bien d autres innovations encore qui durent paraître à ses contemporains de véritables hérésies quelque peu révolutionnaires, et qui n’étaient pourtant que les conceptions d un grand bon sens très hardi.
Sa statue figurera aux Tuileries; ce choix était tout indiqué par une anecdote des Mémoires. Le jardin ayant été créé par Le Nôtre, comme dépendance royale du château, le ministre Colbert en voulut condamner les portes et interdire l entrée au public.
Perrault, s’y promenant avec le ministre, lui fit remarquer que non seulement les femmes et les petits enfants ne s avisaient jamais de cueillir une seule Heur, mais même d’y lou
cher. C’eût été une affliction publique que ne pouvoir plus se promener dans ce vaste et beau jardin.
— Ce ne sont que les fainéants qui viennent ici, répondit Colbert qui, sous ses sourcils embroussaillés, n’était pas toujours, on le sait, ni d’aspect séduisant, ni de caractère commode.
— Mais, reprit Perrault, il y vient aussi des personnes qui relèvent de maladie; on y vient parler d’affaires, de mariages, et d’autres choses qui se traitent plus convenablement dans un jardin que dans une église.
« Enfin, conclut-il, les jardins des rois ne sont si grands et si spacieux, qu’alin que tous leurs enfants puissent s’y promener. »
Pour une fois Colbert se mit à sourire. Ayant interrogé les jardiniers, il put se convaincre que nul n aurait voulu causer dans le jardin le moindre dégât; et le jardin resta ouvert, comme il l’est encore.
A ce sujet, Sainte-Beuve ajoutait la remarque que voici : « Dirai-je une pensée qui m’est souvent venue en traversant ce jardin tout peuplé (déjà !) de statues ? J’aimerais à voir le buste en marbre de Perrault placé à l ombre du grand marronnier. »
Cette pensée a fini par avoir sa réalisation. Il était réservé à notre époque si prodigue en monuments commémoratifs et à M. Gabriel Pech, l’excellent sculpteur, de réparer un long oubli. Elle n’a pas eu toujours d’aussi excellentes raisons de
justifier ses reconnaissantes manifestations, ni d’en choisir aussi judicieusement l’emplacement.
Ajoutons que, rarement aussi, l’artiste a su mettre sa composition en aussi parfaite harmonie avec le caractère, la physionomie et l’attrait du personnage original.
On a vu que celui-ci l’était tout particulièrement.
P. P.
[Suite. — Voyez page 471.)
Il nous reste, pour achever complètement notre tâche, à passer encore en revue près de 200 aquarelles; c’est beau
coup pour un seul article où la place nous est mesurée, aussi force nous sera d’abréger les notes que nous avons consignées sur notre carnet au cours de cette dernière promenade à travers les longues cimaises.
Ceci dit, pour nous excuser de la sécheresse des lignes qui vont suivre, nous continuons la salle XI.
Bien n’est intéressant comme P effort sincère; M. Ch.-A. Gautier, un maître, nous le prouve par son aquarelle Chantier de la Cour des Comptes en 1902, où il a mis une conscience rare et une facture très personnelle. Du même, Le Sacré-Cœur, esquisse aux lignes tracées avec une grande justesse d’observation. Notre ancien camarade A. Henry expose deux char
mantes aquarelles, Chemin du calvaire à Saint-Jean-le-Thomas et Quai de la rade à Perros-Guirec. M. A. Hourlier attire nos re
gards sur la Maison de Pansa à Pompéi, morceau plein de lluidité atmosphérique.
L’estimé maître H. Mayeux, déjà cité ici, a envoyé quelques croquis comme il sait en faire. M. L. Boileau se distingue par un envoi de beaucoup de valeur, c’est une Maison pour vm artiste à proximité de la mer, une savoureuse chose présentée en
perspective avec un talent supérieur. M. A. Rivoire est un prodigue; ses cinq aquarelles sont toutes fort réussies.
M. L. Histe a rapporté de ses voyages plusieurs intéressantes notations. M. E. Boursier nous montre quatre Chaumières nor
mandes et une vue de Y Eglise de Veules-les-Roses gentiment traitées. M. E. Gontier expose un bon rendu du Porche de la cathédrale de Dol. Voici encore une artiste qui a ambitionné
nos cimaises; c’est Mme Jacqueline Heubès, probablement l’épouse de notre excellent confrère Ch. Heubès qui expose une aquarelle, assurément gentille, mais pas autant que celle de Madame, et surtout son Chalet vosgien. De M. E. Blois, nous voyons ici une allée pittoresque conduisant à Y Eglise de Ta
verny, aquarellée avec beaucoup d’habileté. Un bon intérieur de la Cathédrale de Bourges est signé par M. L. Mohler. Le Couronnement du grand escalier du château de Blois fait honneur au pinceau soigneux de M. J. Georges.
Les Intérieurs d’église à Angicourt (Oise) de M. S. Suasso décèlent un acquis en aquarelle fort appréciable.
M. H. Azière a traité avec une main très habile deux coins charmants du Parc de Versailles; les qualités exquises du coloriste que nous avons déjà signalées dans notre article consacré à la dernière Exposition des « Amants de la Nature » s’y retrouvent en abondance. M. B. Chantereau nous séduit avec sa Cour de ferme dans le Cotentin ; c’est un morceau d’aquarelle fort bien brossé, h’Intérieur de l’église de Saint-Sulpice de M. R. Drouin atteste un tempérament de véritable artiste. Même compliment à M. F. Goemans, qui nous montre deux excellentes pochades, rapportées deSaint-Piat. M. Ch. Bernier nous communique une douce fraîcheur avec la vue d Une vue d’eau à J/esdin (Pas-de-Calais); le même expose plus loin un Vitrail de la cathédrale de Morel, rendu avec entente, à l’aqua
relle. Les pochades de M. F. Hamelet sont harmonieuses et pleines de vie. M. M. lîoille a envoyé plusieurs aquarelles et croquis de voyage qui nous laissent une très bonne impression.
Citons encore dans cette salle le modeste envoi de M. Leprince-Ringuet, Lu cathédrale de Beauvais, traitée en pochade;
le Vieux pont à San-Remo, peint à l’huile par M. Dugied; les nombreuses aquarelles faites à Saint-Cloud par M. J. Japy, qui les avait déjà exposées à l’atelier (Pascal ; les gentilles vues d une Vieille maison d Auray et de la Chapelle de N.-IJ. des deux, par M. J. Forges; les Vieilles maisons à Lisieux et Y Esca
lier de l église Saint-Mélaine à Morlaix, rendu à la gouache par M. R. Boullicr; la pochade représentant encore de Vieilles mai
sons, par M “ Malh. Candel, une élève de Vignal; l’aquarelle un peu heurtée de tous ingrats, par M. Bertrand de Fontviolanl; les pochades de MM. L. Pénicaut, II. Gut, J. Antoine, déjà cité pour un autre envoi ; le panneau à l’huile de M. Le Royer,
Sa statue figurera aux Tuileries; ce choix était tout indiqué par une anecdote des Mémoires. Le jardin ayant été créé par Le Nôtre, comme dépendance royale du château, le ministre Colbert en voulut condamner les portes et interdire l entrée au public.
Perrault, s’y promenant avec le ministre, lui fit remarquer que non seulement les femmes et les petits enfants ne s avisaient jamais de cueillir une seule Heur, mais même d’y lou
cher. C’eût été une affliction publique que ne pouvoir plus se promener dans ce vaste et beau jardin.
— Ce ne sont que les fainéants qui viennent ici, répondit Colbert qui, sous ses sourcils embroussaillés, n’était pas toujours, on le sait, ni d’aspect séduisant, ni de caractère commode.
— Mais, reprit Perrault, il y vient aussi des personnes qui relèvent de maladie; on y vient parler d’affaires, de mariages, et d’autres choses qui se traitent plus convenablement dans un jardin que dans une église.
« Enfin, conclut-il, les jardins des rois ne sont si grands et si spacieux, qu’alin que tous leurs enfants puissent s’y promener. »
Pour une fois Colbert se mit à sourire. Ayant interrogé les jardiniers, il put se convaincre que nul n aurait voulu causer dans le jardin le moindre dégât; et le jardin resta ouvert, comme il l’est encore.
A ce sujet, Sainte-Beuve ajoutait la remarque que voici : « Dirai-je une pensée qui m’est souvent venue en traversant ce jardin tout peuplé (déjà !) de statues ? J’aimerais à voir le buste en marbre de Perrault placé à l ombre du grand marronnier. »
Cette pensée a fini par avoir sa réalisation. Il était réservé à notre époque si prodigue en monuments commémoratifs et à M. Gabriel Pech, l’excellent sculpteur, de réparer un long oubli. Elle n’a pas eu toujours d’aussi excellentes raisons de
justifier ses reconnaissantes manifestations, ni d’en choisir aussi judicieusement l’emplacement.
Ajoutons que, rarement aussi, l’artiste a su mettre sa composition en aussi parfaite harmonie avec le caractère, la physionomie et l’attrait du personnage original.
On a vu que celui-ci l’était tout particulièrement.
P. P.
LE SALON
DES ARTISTES FRANÇAIS
[Suite. — Voyez page 471.)
Il nous reste, pour achever complètement notre tâche, à passer encore en revue près de 200 aquarelles; c’est beau
coup pour un seul article où la place nous est mesurée, aussi force nous sera d’abréger les notes que nous avons consignées sur notre carnet au cours de cette dernière promenade à travers les longues cimaises.
Ceci dit, pour nous excuser de la sécheresse des lignes qui vont suivre, nous continuons la salle XI.
Bien n’est intéressant comme P effort sincère; M. Ch.-A. Gautier, un maître, nous le prouve par son aquarelle Chantier de la Cour des Comptes en 1902, où il a mis une conscience rare et une facture très personnelle. Du même, Le Sacré-Cœur, esquisse aux lignes tracées avec une grande justesse d’observation. Notre ancien camarade A. Henry expose deux char
mantes aquarelles, Chemin du calvaire à Saint-Jean-le-Thomas et Quai de la rade à Perros-Guirec. M. A. Hourlier attire nos re
gards sur la Maison de Pansa à Pompéi, morceau plein de lluidité atmosphérique.
L’estimé maître H. Mayeux, déjà cité ici, a envoyé quelques croquis comme il sait en faire. M. L. Boileau se distingue par un envoi de beaucoup de valeur, c’est une Maison pour vm artiste à proximité de la mer, une savoureuse chose présentée en
perspective avec un talent supérieur. M. A. Rivoire est un prodigue; ses cinq aquarelles sont toutes fort réussies.
M. L. Histe a rapporté de ses voyages plusieurs intéressantes notations. M. E. Boursier nous montre quatre Chaumières nor
mandes et une vue de Y Eglise de Veules-les-Roses gentiment traitées. M. E. Gontier expose un bon rendu du Porche de la cathédrale de Dol. Voici encore une artiste qui a ambitionné
nos cimaises; c’est Mme Jacqueline Heubès, probablement l’épouse de notre excellent confrère Ch. Heubès qui expose une aquarelle, assurément gentille, mais pas autant que celle de Madame, et surtout son Chalet vosgien. De M. E. Blois, nous voyons ici une allée pittoresque conduisant à Y Eglise de Ta
verny, aquarellée avec beaucoup d’habileté. Un bon intérieur de la Cathédrale de Bourges est signé par M. L. Mohler. Le Couronnement du grand escalier du château de Blois fait honneur au pinceau soigneux de M. J. Georges.
Les Intérieurs d’église à Angicourt (Oise) de M. S. Suasso décèlent un acquis en aquarelle fort appréciable.
M. H. Azière a traité avec une main très habile deux coins charmants du Parc de Versailles; les qualités exquises du coloriste que nous avons déjà signalées dans notre article consacré à la dernière Exposition des « Amants de la Nature » s’y retrouvent en abondance. M. B. Chantereau nous séduit avec sa Cour de ferme dans le Cotentin ; c’est un morceau d’aquarelle fort bien brossé, h’Intérieur de l’église de Saint-Sulpice de M. R. Drouin atteste un tempérament de véritable artiste. Même compliment à M. F. Goemans, qui nous montre deux excellentes pochades, rapportées deSaint-Piat. M. Ch. Bernier nous communique une douce fraîcheur avec la vue d Une vue d’eau à J/esdin (Pas-de-Calais); le même expose plus loin un Vitrail de la cathédrale de Morel, rendu avec entente, à l’aqua
relle. Les pochades de M. F. Hamelet sont harmonieuses et pleines de vie. M. M. lîoille a envoyé plusieurs aquarelles et croquis de voyage qui nous laissent une très bonne impression.
Citons encore dans cette salle le modeste envoi de M. Leprince-Ringuet, Lu cathédrale de Beauvais, traitée en pochade;
le Vieux pont à San-Remo, peint à l’huile par M. Dugied; les nombreuses aquarelles faites à Saint-Cloud par M. J. Japy, qui les avait déjà exposées à l’atelier (Pascal ; les gentilles vues d une Vieille maison d Auray et de la Chapelle de N.-IJ. des deux, par M. J. Forges; les Vieilles maisons à Lisieux et Y Esca
lier de l église Saint-Mélaine à Morlaix, rendu à la gouache par M. R. Boullicr; la pochade représentant encore de Vieilles mai
sons, par M “ Malh. Candel, une élève de Vignal; l’aquarelle un peu heurtée de tous ingrats, par M. Bertrand de Fontviolanl; les pochades de MM. L. Pénicaut, II. Gut, J. Antoine, déjà cité pour un autre envoi ; le panneau à l’huile de M. Le Royer,