mensions, leurs qualités et leurs défauts acoustiques. Cette comparaison, patiemment faite, révélait de telles divergences qu’il prit le parti, décisif évidemment, mais peu reluisant, de s’accrocher, comme il l’écrivit, « à la nacelle du ballon Y Incertain ».
Tout ce qu’on y pourrait ajouter pratiquement, c’est que des salles trop larges au voisinage de la scène sont défavo
rables, le son se perdant facilement sur les côtés; qu’une scène trop large et trop profonde, trop haute également, a les mômes défauts.
Ces remarques, et quelques autres du même genre, sont à la portée de tout le monde, parleur évidence meme. Nous dou
tons fort, par conséquent, que le vœu exprimé par M. de Pawlowski puisse être réalisé de sitôt. On a le droit de le regretter, mais on est en devoir de le constater.
* * *
Se limitant donc à la question de dimensions, sans trop s’attarder aux difficultés acoustiques, on peut très bien admettre l’observation posée dans l’article que nous citons :
«Les directeurs pourraient sans doute en tirer d’utiles conclusions pour le choix des œuvres qu’ils doivent jouer sur telle ou telle scène, les spectacles y gagneraient en qualité et leur caisse en argent. On découvrirait ainsi, par exemple, que l’Odéon ne peut jouer que des pièces polaires et que l Opéra n’est point fait peut-être pour le répertoire que l’on y donne actuellement. »
Depuis bien des années, notre mélancolique Odéon national a été la victime résignée de bien des plaisanteries. Certaine
ment il est vaste; ce qui ne serait nullement un défaut s’il
était plein. Malheureusement il peut bien avoir, comme la Nature elle-même, une certaine horreur du vide; mais dans sa lutte contre celui-ci il ne triomphe pas toujours.
A qui la faute? Nous n’avons pas à le rechercher ici : ne sutor...\ mais, comme nous avons l’âme plutôt charitable,
rappelons seulement que l’Odéon lui-même a parfois connu de très belles soirées. Le danger persistant, c’est qu’il lui faut, en réalité, de magniliques succès pour remplir ses vastes espaces; que son aspect ne semble pas bien animé, lors même que la salle recèle un public qui, déjà nombreux, paraîtrait faire encombrement excessif dans une salle ordinaire de moindres dimensions.
Là se poursuit donc, dans des conditions éminemment défavorables, cetto lutte entre le plein et le vide qui intéresse au plus haut point les philosophes; —et les directeurs de théâtre, à un point encore plus haut.
* * *
Il se pourrait aussi que l’Opéra eût parfois à souffrir également de son ampleur, par les mêmes raisons.
Toutefois interviennent ici des nécessités acoustiques ou, plus simplement, musicales qui compliquent la question.
Ceci échappe à notre compétence : aussi nous bornonsnous à relever cette observation de l’auteur de l’article :
« Tous ceux qui assistèrent à la dernière représentation de Tristan et /solde, donnée par Lamoureux au théâtre de la rue Blanche, se souviennent sans doute de l’effet tout à fait hors pair qu’y produisait l’œuvre wagnérienne. Il se formait, en un point géométrique de la salle, une sorte de concentra
tion harmonique laissant de côté les contingences de la scène ou de l’orchestre et ne donnant plus qu’une idéale unité située en dehors de toute réalité, dans le rêve.
« Jamais, à l’Opéra, pareille sensation ne sera ressentie. » Il n’y aurait, en effet, rien d’extraordinaire à ce qu’une certaine intimité, entre auditeurs et exécutants, dans une salle de moyennes proportions, fût plus favorable à une directe transmission de l’impression, ou même de l’émotion artis
tique, si Ton préfère. A l’Opéra-Gomique, affirme M. de Pawlowski, cette communication plus directe s’établirait d’elle-même, la salle ne comportant que de moindres dimensions.
Cette constatation est plausible. A l’Opéra, toutefois, se présente une difficulté toute spéciale : Est-il destiné exclusive
ment aux jouissances musicales, comme une simple salle de concert? N’exige-t-on pas de lui, en outre, un grand déploie
ment de mise en scène dont la salle de concert n’a besoin à aucun degré? Ne doit-il pas se prêter, par l’ampleur de la scène, à la présentation d’immenses ballets? L’une de ces diverses destinations n’est-elle pas, chez lui, tout aussi importante que les autres?
Avant de se prononcer définitivement, il semble donc qu’il faut « envisager toutes les faces de la question », — ainsi qu’on ne manque jamais de dire, tant à la Chambre qu’au Sénat.
A titre d’amendement tout à fait parlementaire, volontiers nous proposerions de s’en tenir simplement à cette règle : Il
est prudent, pour fixer les dimensions d’une scène et d’une salle, de les proportionner à l’importance, comme à la nature, aux nécessités spéciales du spectacle offert, et aus:i au nombre des spectateurs probables.
Comme tous les amendements, celui-ci dit à la fois : oui et non; ce qui est la suprême habileté des majorités parle
mentaires et l’expression la plus énergique do leurs convictions.
QUESTION PENDANTE
Elle pend, parce que, dans cette affaire, toute solution est de nouveau suspendue. Contrairement à tout proverbe, nous dirons qu’une fois de plus est ici coutume.
Hier on paraissait près de s’entendre et nous l’annoncions nous-mêmes sans le moindre regret, bien au contraire. Mais, suivant la coutume, et une fois de plus, il a été impossible de s’entendre.
Inutile d’ajouter qu’il s’agit des fortifications de Paris.
Nous avons dit que l’État offrait 64 millions, payables en 20 annuités; la Ville aura, à partir de 1910, des disponibilités provenant de l’emprunt de 1869. Les premiers orateurs, à l’Hôtel de Ville,engageaient leurs collègues à accepter les offres de l’État qui, sans cela, reprendrait toute sa liberté, mor
cellerait, vendrait tout le terrain lot par lot, « encerclerait » ainsi la Ville sans que celle-ci put élever la moindre réclamation.
Tout sc disposait donc à glisser comme sur des roulettes. Seulement apparurent tout de suite des fondrières où le projet est venu faire panache, suivant le goût du jour. Énumérons.
1° La Ville avait compris qu’on démolirait depuis la Seine (Point-du-Jour) jusqu’à Pantin ; l’Etat ne consent, en fait, à dé
molir que jusqu’au Canal de Saint-Denis. Il existe, paraît-il, des raisons majeures et militaires qui veulent que Pantin reste fortifié.
Dès lors, le port quasi maritime do la Villetle ne peut s’étendre, non plus que la gare du Marché aux bestiaux. Rien ne va plus !
2° L’État, par l’organe de M. le ministre des Finances, a fait
Tout ce qu’on y pourrait ajouter pratiquement, c’est que des salles trop larges au voisinage de la scène sont défavo
rables, le son se perdant facilement sur les côtés; qu’une scène trop large et trop profonde, trop haute également, a les mômes défauts.
Ces remarques, et quelques autres du même genre, sont à la portée de tout le monde, parleur évidence meme. Nous dou
tons fort, par conséquent, que le vœu exprimé par M. de Pawlowski puisse être réalisé de sitôt. On a le droit de le regretter, mais on est en devoir de le constater.
* * *
Se limitant donc à la question de dimensions, sans trop s’attarder aux difficultés acoustiques, on peut très bien admettre l’observation posée dans l’article que nous citons :
«Les directeurs pourraient sans doute en tirer d’utiles conclusions pour le choix des œuvres qu’ils doivent jouer sur telle ou telle scène, les spectacles y gagneraient en qualité et leur caisse en argent. On découvrirait ainsi, par exemple, que l’Odéon ne peut jouer que des pièces polaires et que l Opéra n’est point fait peut-être pour le répertoire que l’on y donne actuellement. »
Depuis bien des années, notre mélancolique Odéon national a été la victime résignée de bien des plaisanteries. Certaine
ment il est vaste; ce qui ne serait nullement un défaut s’il
était plein. Malheureusement il peut bien avoir, comme la Nature elle-même, une certaine horreur du vide; mais dans sa lutte contre celui-ci il ne triomphe pas toujours.
A qui la faute? Nous n’avons pas à le rechercher ici : ne sutor...\ mais, comme nous avons l’âme plutôt charitable,
rappelons seulement que l’Odéon lui-même a parfois connu de très belles soirées. Le danger persistant, c’est qu’il lui faut, en réalité, de magniliques succès pour remplir ses vastes espaces; que son aspect ne semble pas bien animé, lors même que la salle recèle un public qui, déjà nombreux, paraîtrait faire encombrement excessif dans une salle ordinaire de moindres dimensions.
Là se poursuit donc, dans des conditions éminemment défavorables, cetto lutte entre le plein et le vide qui intéresse au plus haut point les philosophes; —et les directeurs de théâtre, à un point encore plus haut.
* * *
Il se pourrait aussi que l’Opéra eût parfois à souffrir également de son ampleur, par les mêmes raisons.
Toutefois interviennent ici des nécessités acoustiques ou, plus simplement, musicales qui compliquent la question.
Ceci échappe à notre compétence : aussi nous bornonsnous à relever cette observation de l’auteur de l’article :
« Tous ceux qui assistèrent à la dernière représentation de Tristan et /solde, donnée par Lamoureux au théâtre de la rue Blanche, se souviennent sans doute de l’effet tout à fait hors pair qu’y produisait l’œuvre wagnérienne. Il se formait, en un point géométrique de la salle, une sorte de concentra
tion harmonique laissant de côté les contingences de la scène ou de l’orchestre et ne donnant plus qu’une idéale unité située en dehors de toute réalité, dans le rêve.
« Jamais, à l’Opéra, pareille sensation ne sera ressentie. » Il n’y aurait, en effet, rien d’extraordinaire à ce qu’une certaine intimité, entre auditeurs et exécutants, dans une salle de moyennes proportions, fût plus favorable à une directe transmission de l’impression, ou même de l’émotion artis
tique, si Ton préfère. A l’Opéra-Gomique, affirme M. de Pawlowski, cette communication plus directe s’établirait d’elle-même, la salle ne comportant que de moindres dimensions.
Cette constatation est plausible. A l’Opéra, toutefois, se présente une difficulté toute spéciale : Est-il destiné exclusive
ment aux jouissances musicales, comme une simple salle de concert? N’exige-t-on pas de lui, en outre, un grand déploie
ment de mise en scène dont la salle de concert n’a besoin à aucun degré? Ne doit-il pas se prêter, par l’ampleur de la scène, à la présentation d’immenses ballets? L’une de ces diverses destinations n’est-elle pas, chez lui, tout aussi importante que les autres?
Avant de se prononcer définitivement, il semble donc qu’il faut « envisager toutes les faces de la question », — ainsi qu’on ne manque jamais de dire, tant à la Chambre qu’au Sénat.
A titre d’amendement tout à fait parlementaire, volontiers nous proposerions de s’en tenir simplement à cette règle : Il
est prudent, pour fixer les dimensions d’une scène et d’une salle, de les proportionner à l’importance, comme à la nature, aux nécessités spéciales du spectacle offert, et aus:i au nombre des spectateurs probables.
Comme tous les amendements, celui-ci dit à la fois : oui et non; ce qui est la suprême habileté des majorités parle
mentaires et l’expression la plus énergique do leurs convictions.
QUESTION PENDANTE
Elle pend, parce que, dans cette affaire, toute solution est de nouveau suspendue. Contrairement à tout proverbe, nous dirons qu’une fois de plus est ici coutume.
Hier on paraissait près de s’entendre et nous l’annoncions nous-mêmes sans le moindre regret, bien au contraire. Mais, suivant la coutume, et une fois de plus, il a été impossible de s’entendre.
Inutile d’ajouter qu’il s’agit des fortifications de Paris.
Nous avons dit que l’État offrait 64 millions, payables en 20 annuités; la Ville aura, à partir de 1910, des disponibilités provenant de l’emprunt de 1869. Les premiers orateurs, à l’Hôtel de Ville,engageaient leurs collègues à accepter les offres de l’État qui, sans cela, reprendrait toute sa liberté, mor
cellerait, vendrait tout le terrain lot par lot, « encerclerait » ainsi la Ville sans que celle-ci put élever la moindre réclamation.
Tout sc disposait donc à glisser comme sur des roulettes. Seulement apparurent tout de suite des fondrières où le projet est venu faire panache, suivant le goût du jour. Énumérons.
1° La Ville avait compris qu’on démolirait depuis la Seine (Point-du-Jour) jusqu’à Pantin ; l’Etat ne consent, en fait, à dé
molir que jusqu’au Canal de Saint-Denis. Il existe, paraît-il, des raisons majeures et militaires qui veulent que Pantin reste fortifié.
Dès lors, le port quasi maritime do la Villetle ne peut s’étendre, non plus que la gare du Marché aux bestiaux. Rien ne va plus !
2° L’État, par l’organe de M. le ministre des Finances, a fait