savoir qu’il conserverait la caserne de Clignancourt et, surtout, qu’il exigeait 50 % sur la plus-value des terrains à vendre désormais tout le long de la zone militaire, servitude non ædificandi.
Part à deux, dit l État. Part à un, dit la Ville.
3Ü Les Conseillers représentant les quartiers du centre ont manifesté leur vive opposition aux dépenses qui favorisent la périphérie. Comme il n y a pas de fortifications à détruire, dans le cœur de Paris, pas même les vénérables remparts de Phi
lippe-Auguste ; pas de zone non ædificandi susceptible de plusvalues,ils ne voient pas pourquoi la Ville de Paris se mettrait en frais.
4 D autres conseillers, constatant que la question des fortifications démolissables n est, pas la seule en litige entre l État et la Ville, exigent la constitution d un bloc où l on viendra fondre, en un même creuset, Combes-Lemoine, tous les débats nés ou à naître.
Bonne pensée évidemment si elle était réalisable; mais il semble, à première vue, que si ces deux puissances ne peu
vent se mettre d’accord sur un premier point, elles auront beaucoup plus de peine à marcher, bras dessus bras dessous,
sur dix ou douze autres points hérissés d’autant de pointes et de clous.
Mais peut-être méconnaissons-nous la puissance conciliatrice du bloc.
Quelques-uns des membres présents allaient jusqu’à estimer que la grande question du pavage mérite toute priorité, et quelle devrait être résolue avant qu’on parle sérieusement de faire disparaître les fortifications.
Le pavage, tout est là! Sur lui, tout le reste roulera de soimême.
Légitime espoir ou illusion ? Nous n’émettons aucune opinion à cet égard.
5° Les calculateurs du Conseil ont fait, avec raison, remarquer à celui-ci qu’au temps lointain où M. Thiers, sous Louis-Philippe, fit construire ces fortifications, elles n’avaient, coûté en tout que 17 millions. D’où il suit que la Ville ne doit offrir que 17 millions — probablement en monnaie de l’époque, à l’effigie du roi des Français.
Depuis, les terrains ont bien augmenté quelque peu de valeur; mais le Conseil n a pas à tenir compte de ces fluctuations et son devoir est de les ignorer. Toutefois, ne voulant pas être accusé d’intransigeance, il consentirait, devenu propriétaire à peu de frais de tous ces terrains, il consentirait à les vendre, à percer des rues, à les paver, grès, bois ou empierrements, sans réclamer à l’État le montant de ces dépenses nouvelles.
La concession est importante comme on voit, et l’État doit s’estimer heureux de n’avoir pas à faire poser, non seulement les pavés, mais les conduites, l’eau, le gaz ou les égouts, pour faciliter à la Ville la vente de ses terrains acquis.
Une fois de plus reparaît le pavage. —Le pavage! — On voit que c’est, la grosse question du jour.....
Nous devrions, sous des numéros subséquents, signaler d’autres objections, non moins nombreuses, concernant la zone non ædificandi dont il faudrait s’assurer la possession pour créer les parcs et jardins que tout le monde réclame, etc.
***
C’est alors que, le Préfet ayant dit : si l on repousse les propositions de l État, celui-ci fera ce qu’il voudra, c’està-dire, très probablement, ce que ne voudrait pas la Ville, le Conseil prit la résolution suprême dans les cas difficiles, c’està-dire l’ajournement.
Espère-t-il que, pendant les mois d’été puis d’hiver qui vont se succéder, la question des fortifications mûrira d’elle-même
comme ces fruits qu’on met soigneusement sur la paille? C’est probable; mais cet espoir n’a pas pour lui les plus nom
breuses probabilités de réussite. Ce qui est difficile en 1908 ne le sera pas moins en 1909.
A moins que d’ici là l’Etat, talonné, comme il l est, par les pressants besoins d argent, n’ait pris, lui aussi, un parti héroïque, consistant à faire l’opération à son profit exclusif :
ce qui pourrait bien arriver. Cette solution supprime toutes les difficultés, il est vrai; mais il est à craindre que celui
qui pâtira finalement, ce ne soit Paris. Il est vraisemblable que c’est alors à son Conseil municipal qu’il s’en prendra.
Quant à supposer que l’Etat consentira, lui aussi, à ajourner sans délai fixé, il n’y a pas grande vraisemblance : nul n’ignore qu’il lui faut des ressources à tout prix.
Quelques conseillers, de nature conciliante, avait bien proposé de voter tout de suite l acceptation « en principe » d’un achat des fortifications, ce qui aurait peut-être amené l’Etat, toujours pressé, à prendre quelque patience. Cette autre solu
tion aurait été, d’ailleurs, tout à fait d’accord avec les règles du Parlementarisme actuel, que nous rappelions tout à l heure et qui consistent à résoudre habilement les questions en ne les résolvant pas.
Les intransigeants du Conseil, plus nombreux, n’ont rien voulu entendre ; et voilà comment cette grosse affaire, jadis suspendue à un fil d’assez médiocre qualité, se trouve être aujourd’hui suspendue... à rien du tout.
C’est de l’aviation mise en pratique.
P. Planat. -
[Suite. — Voyez page 471.)
SALLE XII
Cette salle est encore plus touffue que l’autre, mais elle est aussi la dernière, ce qui nous réconforte, car, pour réelle que
soit notre vaillance, elle n’est pas sans limites. Liquidons donc et serrons davantage les lignes...
Voici M. Nel Arièsqui est de toutes les manifestations artistiques.M. J.Fougère a envoyé d intéressantes études faites àVersailles ; M. C. Pellissier nous donne Y Intérieur d’église à Pesmes, rehaussé de quelques coups de crayons en couleur. Les deux
T petites aquarelles, qui viennent à la suite, ne peuvent être que de M. A. Hédin, un vétéran du Salon dont il est plusieurs fois lauréat. La belle ville d’Angers est représentée par M.Bernier et ses croquis à l’aquarelle ; M. P. Bouchet expose une vivante pochade intitulée Macellum et Capitole de Timgad; celles de M. J. Michel sont traitées à l’huile et représentent deux Hues au Vieux- Vence. M. P. Bertin a à son actif six croquis dits « de voyage » accompli par un temps gris, probablemeht. Les vieilles maisons de la rue Saint-Romain, à Rouen, enfermées dans ce cadre, sont signées par M. A. Broquelet, un peintre de profession qui aime exposer avec les architectes. M. H. Lacouture nous montre une façade de la Maison de l’Œuvre à Sens ;
M. L. Houssin celles de l’église et de la galerie du Cloître de l’ancien charnier (xvi° siècle). Notre ancien camarade d’atelier, M. F. Bertrand, est représenté par une bonne pochade faite d après le vieil Hôtel-Dieu à Abbeville. M. L. Amiard expose
Part à deux, dit l État. Part à un, dit la Ville.
3Ü Les Conseillers représentant les quartiers du centre ont manifesté leur vive opposition aux dépenses qui favorisent la périphérie. Comme il n y a pas de fortifications à détruire, dans le cœur de Paris, pas même les vénérables remparts de Phi
lippe-Auguste ; pas de zone non ædificandi susceptible de plusvalues,ils ne voient pas pourquoi la Ville de Paris se mettrait en frais.
4 D autres conseillers, constatant que la question des fortifications démolissables n est, pas la seule en litige entre l État et la Ville, exigent la constitution d un bloc où l on viendra fondre, en un même creuset, Combes-Lemoine, tous les débats nés ou à naître.
Bonne pensée évidemment si elle était réalisable; mais il semble, à première vue, que si ces deux puissances ne peu
vent se mettre d’accord sur un premier point, elles auront beaucoup plus de peine à marcher, bras dessus bras dessous,
sur dix ou douze autres points hérissés d’autant de pointes et de clous.
Mais peut-être méconnaissons-nous la puissance conciliatrice du bloc.
Quelques-uns des membres présents allaient jusqu’à estimer que la grande question du pavage mérite toute priorité, et quelle devrait être résolue avant qu’on parle sérieusement de faire disparaître les fortifications.
Le pavage, tout est là! Sur lui, tout le reste roulera de soimême.
Légitime espoir ou illusion ? Nous n’émettons aucune opinion à cet égard.
5° Les calculateurs du Conseil ont fait, avec raison, remarquer à celui-ci qu’au temps lointain où M. Thiers, sous Louis-Philippe, fit construire ces fortifications, elles n’avaient, coûté en tout que 17 millions. D’où il suit que la Ville ne doit offrir que 17 millions — probablement en monnaie de l’époque, à l’effigie du roi des Français.
Depuis, les terrains ont bien augmenté quelque peu de valeur; mais le Conseil n a pas à tenir compte de ces fluctuations et son devoir est de les ignorer. Toutefois, ne voulant pas être accusé d’intransigeance, il consentirait, devenu propriétaire à peu de frais de tous ces terrains, il consentirait à les vendre, à percer des rues, à les paver, grès, bois ou empierrements, sans réclamer à l’État le montant de ces dépenses nouvelles.
La concession est importante comme on voit, et l’État doit s’estimer heureux de n’avoir pas à faire poser, non seulement les pavés, mais les conduites, l’eau, le gaz ou les égouts, pour faciliter à la Ville la vente de ses terrains acquis.
Une fois de plus reparaît le pavage. —Le pavage! — On voit que c’est, la grosse question du jour.....
Nous devrions, sous des numéros subséquents, signaler d’autres objections, non moins nombreuses, concernant la zone non ædificandi dont il faudrait s’assurer la possession pour créer les parcs et jardins que tout le monde réclame, etc.
***
C’est alors que, le Préfet ayant dit : si l on repousse les propositions de l État, celui-ci fera ce qu’il voudra, c’està-dire, très probablement, ce que ne voudrait pas la Ville, le Conseil prit la résolution suprême dans les cas difficiles, c’està-dire l’ajournement.
Espère-t-il que, pendant les mois d’été puis d’hiver qui vont se succéder, la question des fortifications mûrira d’elle-même
comme ces fruits qu’on met soigneusement sur la paille? C’est probable; mais cet espoir n’a pas pour lui les plus nom
breuses probabilités de réussite. Ce qui est difficile en 1908 ne le sera pas moins en 1909.
A moins que d’ici là l’Etat, talonné, comme il l est, par les pressants besoins d argent, n’ait pris, lui aussi, un parti héroïque, consistant à faire l’opération à son profit exclusif :
ce qui pourrait bien arriver. Cette solution supprime toutes les difficultés, il est vrai; mais il est à craindre que celui
qui pâtira finalement, ce ne soit Paris. Il est vraisemblable que c’est alors à son Conseil municipal qu’il s’en prendra.
Quant à supposer que l’Etat consentira, lui aussi, à ajourner sans délai fixé, il n’y a pas grande vraisemblance : nul n’ignore qu’il lui faut des ressources à tout prix.
Quelques conseillers, de nature conciliante, avait bien proposé de voter tout de suite l acceptation « en principe » d’un achat des fortifications, ce qui aurait peut-être amené l’Etat, toujours pressé, à prendre quelque patience. Cette autre solu
tion aurait été, d’ailleurs, tout à fait d’accord avec les règles du Parlementarisme actuel, que nous rappelions tout à l heure et qui consistent à résoudre habilement les questions en ne les résolvant pas.
Les intransigeants du Conseil, plus nombreux, n’ont rien voulu entendre ; et voilà comment cette grosse affaire, jadis suspendue à un fil d’assez médiocre qualité, se trouve être aujourd’hui suspendue... à rien du tout.
C’est de l’aviation mise en pratique.
P. Planat. -
LE SALON
DES ARTISTES FRANÇAIS
[Suite. — Voyez page 471.)
SALLE XII
Cette salle est encore plus touffue que l’autre, mais elle est aussi la dernière, ce qui nous réconforte, car, pour réelle que
soit notre vaillance, elle n’est pas sans limites. Liquidons donc et serrons davantage les lignes...
Voici M. Nel Arièsqui est de toutes les manifestations artistiques.M. J.Fougère a envoyé d intéressantes études faites àVersailles ; M. C. Pellissier nous donne Y Intérieur d’église à Pesmes, rehaussé de quelques coups de crayons en couleur. Les deux
T petites aquarelles, qui viennent à la suite, ne peuvent être que de M. A. Hédin, un vétéran du Salon dont il est plusieurs fois lauréat. La belle ville d’Angers est représentée par M.Bernier et ses croquis à l’aquarelle ; M. P. Bouchet expose une vivante pochade intitulée Macellum et Capitole de Timgad; celles de M. J. Michel sont traitées à l’huile et représentent deux Hues au Vieux- Vence. M. P. Bertin a à son actif six croquis dits « de voyage » accompli par un temps gris, probablemeht. Les vieilles maisons de la rue Saint-Romain, à Rouen, enfermées dans ce cadre, sont signées par M. A. Broquelet, un peintre de profession qui aime exposer avec les architectes. M. H. Lacouture nous montre une façade de la Maison de l’Œuvre à Sens ;
M. L. Houssin celles de l’église et de la galerie du Cloître de l’ancien charnier (xvi° siècle). Notre ancien camarade d’atelier, M. F. Bertrand, est représenté par une bonne pochade faite d après le vieil Hôtel-Dieu à Abbeville. M. L. Amiard expose