n’v sont pas nombreux ; ils sont disséminés et comme perdus au milieu de cette immense étendue bâtie. Depuis quelques années, la capitale britannique donne cependant libre cours à son désir de posséder un plus grand nombre de monuments
officiels. A peine le War-office, dont nous avons longuement parlé, fut-il inauguré, qu’on songeait à un concours nouveau à ouvrir. Cette fois, c’est- d’un immense édifice municipal qu il est question, d’un grand bâtiment à construire sur les quais de la Tamise,dans les parages du pont de Westminster.
Quantité d’architectes anglais ont envoyé des projets ; c est celui de M. Ralph Knott, dont nous espérons pouvoir parler longuement un jour, qui est sorti victorieux et qui a remporté la palme dans ce concours. Ce monument sera l’Hôtel de ville de Londres, puisqu’il est destiné à donner asile au « London County Council » et aux services qui en dépendent.
* *
Une exposition très importante est ouverte à Prague, sous les auspices de la Chambre de commercede cette ville, à l’occasion du soixantième anniversaire dn règne de l’empereur d’Autriche. Cette manifestation industrielle et artistique se trouve placée dans un cadre admirable; car la capi
tale de la Bohême est remarquable par la richesse de ses monuments historiques de toutes les époques, placés dans un panorama magnifique. Cette cité a été surnommée la cc Ville
aux cent tours », et le nom est parfaitement justifié par la présence, non seulement du château royal et de la cathédrale, mais aussi d’une quantité considérable d églises, de chapelles,
de palais, d’édifices, dont l’ensemble constitue un véritable trésor d’architecture.
Will, Darvillé.
En ce moment sont exposés, à l’Ecole des Beaux-Arts, les envois de Rome. Peinture, sculpture, gravure sont objets d’ap
préciations très diverses dans les journaux ou revues qui veulent bien s’occuper d’art; comme d’ordinaire, les envois que certaines critiques portent aux nues sont considérés par les autres comme étant de valeur à peu près nulle, et récipro
quement. Nous avons fréquemment constaté, ici même, ce manque d harmonie dans les appréciations.
Il ne faut pas s’en étonner ni môme y trouver à redire. En art surtout, toutes les opinions sonl libres et peuvent parfaite
ment être défendues. Non pas qu il soit possible de démontrer qu’on a raison d’admirer telle œuvre plutôt que telle autre; ces choses-la ne se démontrent pas. Mais si l’on admire sin
cèrement ce qui déplaît au voisin, on a tout ou moins le droit de dire : cette œuvre me plait.
De même que le voisin doit être pleinement autorisé à dire : Elle m’exaspère.
Lors des envois de Rome se produit cependant un phénomène tout à fait ,extraordinaire. Laplupartdescritiquease montrent, d’un commun accord, fort bienveillants pour l’architec
ture qui n’est cependant pas habituée, en temps ordinaire, à cet excès d’amabilité. Car on le sait : dans le train habituel et, journalier c’est généralement cette pauvre architecture qui « écope », comme on dit maintenant à l’Académie française.
Quelle que soit la cause de celte bienveillance, chez les uns
ou chez les autres, elle est réelle et les architectes n’ont qu’à rendre grâce aux critiques indulgents.
Ainsi que nous le faisons chaque annéedonnons les appréciations aimables de M. Thiébault-Sisson,unpeu plus développées, et celles de M. Arsène Alexandre, un peu plus brèves, quelque peu ironiques, mais en somme presque amènes.
De M. Thiébault-Sisson :
Parmi les envois d’architectes, ceux de M. Bonnet sont négligeables, ceux de M. Jaussely (un Plan du Capitole) et de M. Lefebvre (les Plafonds du palais duc,al de Mantoue) sont des tra
vaux déjà fort distingués. Ceux de M. Ilébrard (le Palais de l empereur Dioclétien à Spalalo) méritent une attention plus soutenue. Quant à l’étude si scrupuleuse, si complète et si remarquablement présentée que M. Prost a consacrée à la
Mosquée de Sainte-Sophie, à Constantinople,elle est au-dessus de tout éloge. Elle vaut les travaux de M. Chédanne sur le Panthéon de Rome : elle appelle la même récompense. Elle s’accom
pagne d’ailleurs d’un groupe exquis d’aquarelles qui font voir dans cet archéologue un artiste étonnamment subtil et, d’un goût de couleur raffiné.
DeM. Arsène Alexandre :
Pour les architectes, on sait que, de tradition, leur savoir, leur soin, leur érudition méritent les plus grands éloges.
C’est l’avenir seul qui pourra nous dire si, en dehors de leurs remarquables travaux rétrospectifs, MM. Lefèvre, Hébrard, Jaussely, Prost et Bonnet seront capables de construire des théâtres où l’on puisse respirer et des musées où l’on puisse voir clair.
Marché à forfait. Modifications et additions au forfait.
Dépens à titre de dommages-intérêts.
On sait la rigueur de l’article 1793 du Code civil, aux termes duquel, lorsqu un architecte ou un entrepreneur s’est chargé de la construction à forfait d’un bâtiment, d’après un plan arrêté et convenu avec le propriétaire du sol, il ne peut de
mander aucune augmentation de prix, ni sous le prétexte de l’augmentation de la main-d’œuvre ou des matériaux, ni sous celui de changements ou d’augmentations faits sur ce plan, si ces changements ou augmentations n’ont, pas été autorisés par écrit, et le prix convenu avec le propriétaire.
Le législateur a voulu par là protéger le propriétaire contre lui-même, contre les entraînements de son imagination ou de sa vanité, et aussi contre le danger de pression exercée par les entrepreneurs. Mais celte mesure de protection est excep
tionnelle, exorbitante du droit commun, et par suite, en saine interprétation juridique, il n’y a pas à l étendre au delà des limites de l article. 1793.
Il faut une construction à forfait, c’est-à-dire un marché ayant pour objet une construction déterminée, arrêtée dans tous ses détails pour un prix lixe. Si par une clause addition
nelle le propriétaire se réserve de faire au cours des travaux
des modifications au plan primitif, modifications qui seront faites aux prix de série, le forfait perd de sa rigueur, et l’article 1793 n’est plus applicable.
La doctrine aussi bien que la jurisprudence semblaient unanimes sur ce point : Cassation 10 mars 1880, 16 janvier 1882, Aubry etRau, Baudry-Lacantinerie et Wahl ; lorsque plusieurs arrêts de la Cour de Cassation : 19 (juillet 1897, 16 mars 1903,
officiels. A peine le War-office, dont nous avons longuement parlé, fut-il inauguré, qu’on songeait à un concours nouveau à ouvrir. Cette fois, c’est- d’un immense édifice municipal qu il est question, d’un grand bâtiment à construire sur les quais de la Tamise,dans les parages du pont de Westminster.
Quantité d’architectes anglais ont envoyé des projets ; c est celui de M. Ralph Knott, dont nous espérons pouvoir parler longuement un jour, qui est sorti victorieux et qui a remporté la palme dans ce concours. Ce monument sera l’Hôtel de ville de Londres, puisqu’il est destiné à donner asile au « London County Council » et aux services qui en dépendent.
* *
Une exposition très importante est ouverte à Prague, sous les auspices de la Chambre de commercede cette ville, à l’occasion du soixantième anniversaire dn règne de l’empereur d’Autriche. Cette manifestation industrielle et artistique se trouve placée dans un cadre admirable; car la capi
tale de la Bohême est remarquable par la richesse de ses monuments historiques de toutes les époques, placés dans un panorama magnifique. Cette cité a été surnommée la cc Ville
aux cent tours », et le nom est parfaitement justifié par la présence, non seulement du château royal et de la cathédrale, mais aussi d’une quantité considérable d églises, de chapelles,
de palais, d’édifices, dont l’ensemble constitue un véritable trésor d’architecture.
Will, Darvillé.
LES ENVOIS DE ROME
En ce moment sont exposés, à l’Ecole des Beaux-Arts, les envois de Rome. Peinture, sculpture, gravure sont objets d’ap
préciations très diverses dans les journaux ou revues qui veulent bien s’occuper d’art; comme d’ordinaire, les envois que certaines critiques portent aux nues sont considérés par les autres comme étant de valeur à peu près nulle, et récipro
quement. Nous avons fréquemment constaté, ici même, ce manque d harmonie dans les appréciations.
Il ne faut pas s’en étonner ni môme y trouver à redire. En art surtout, toutes les opinions sonl libres et peuvent parfaite
ment être défendues. Non pas qu il soit possible de démontrer qu’on a raison d’admirer telle œuvre plutôt que telle autre; ces choses-la ne se démontrent pas. Mais si l’on admire sin
cèrement ce qui déplaît au voisin, on a tout ou moins le droit de dire : cette œuvre me plait.
De même que le voisin doit être pleinement autorisé à dire : Elle m’exaspère.
Lors des envois de Rome se produit cependant un phénomène tout à fait ,extraordinaire. Laplupartdescritiquease montrent, d’un commun accord, fort bienveillants pour l’architec
ture qui n’est cependant pas habituée, en temps ordinaire, à cet excès d’amabilité. Car on le sait : dans le train habituel et, journalier c’est généralement cette pauvre architecture qui « écope », comme on dit maintenant à l’Académie française.
Quelle que soit la cause de celte bienveillance, chez les uns
ou chez les autres, elle est réelle et les architectes n’ont qu’à rendre grâce aux critiques indulgents.
Ainsi que nous le faisons chaque annéedonnons les appréciations aimables de M. Thiébault-Sisson,unpeu plus développées, et celles de M. Arsène Alexandre, un peu plus brèves, quelque peu ironiques, mais en somme presque amènes.
De M. Thiébault-Sisson :
Parmi les envois d’architectes, ceux de M. Bonnet sont négligeables, ceux de M. Jaussely (un Plan du Capitole) et de M. Lefebvre (les Plafonds du palais duc,al de Mantoue) sont des tra
vaux déjà fort distingués. Ceux de M. Ilébrard (le Palais de l empereur Dioclétien à Spalalo) méritent une attention plus soutenue. Quant à l’étude si scrupuleuse, si complète et si remarquablement présentée que M. Prost a consacrée à la
Mosquée de Sainte-Sophie, à Constantinople,elle est au-dessus de tout éloge. Elle vaut les travaux de M. Chédanne sur le Panthéon de Rome : elle appelle la même récompense. Elle s’accom
pagne d’ailleurs d’un groupe exquis d’aquarelles qui font voir dans cet archéologue un artiste étonnamment subtil et, d’un goût de couleur raffiné.
DeM. Arsène Alexandre :
Pour les architectes, on sait que, de tradition, leur savoir, leur soin, leur érudition méritent les plus grands éloges.
C’est l’avenir seul qui pourra nous dire si, en dehors de leurs remarquables travaux rétrospectifs, MM. Lefèvre, Hébrard, Jaussely, Prost et Bonnet seront capables de construire des théâtres où l’on puisse respirer et des musées où l’on puisse voir clair.
CHRONIQUE JURIDIQUE
Marché à forfait. Modifications et additions au forfait.
Dépens à titre de dommages-intérêts.
On sait la rigueur de l’article 1793 du Code civil, aux termes duquel, lorsqu un architecte ou un entrepreneur s’est chargé de la construction à forfait d’un bâtiment, d’après un plan arrêté et convenu avec le propriétaire du sol, il ne peut de
mander aucune augmentation de prix, ni sous le prétexte de l’augmentation de la main-d’œuvre ou des matériaux, ni sous celui de changements ou d’augmentations faits sur ce plan, si ces changements ou augmentations n’ont, pas été autorisés par écrit, et le prix convenu avec le propriétaire.
Le législateur a voulu par là protéger le propriétaire contre lui-même, contre les entraînements de son imagination ou de sa vanité, et aussi contre le danger de pression exercée par les entrepreneurs. Mais celte mesure de protection est excep
tionnelle, exorbitante du droit commun, et par suite, en saine interprétation juridique, il n’y a pas à l étendre au delà des limites de l article. 1793.
Il faut une construction à forfait, c’est-à-dire un marché ayant pour objet une construction déterminée, arrêtée dans tous ses détails pour un prix lixe. Si par une clause addition
nelle le propriétaire se réserve de faire au cours des travaux
des modifications au plan primitif, modifications qui seront faites aux prix de série, le forfait perd de sa rigueur, et l’article 1793 n’est plus applicable.
La doctrine aussi bien que la jurisprudence semblaient unanimes sur ce point : Cassation 10 mars 1880, 16 janvier 1882, Aubry etRau, Baudry-Lacantinerie et Wahl ; lorsque plusieurs arrêts de la Cour de Cassation : 19 (juillet 1897, 16 mars 1903,