25 JUILET 1908
LA CONSTRUCTION MODERNE
L’HOTEL-DIEU. — MONUMENT HOMÉRIQUE
On connaît les nombreux projets d affectation nouvelle pour les terrains où subsistent les restes de l ancien Hôtel-Dieu à Paris. Quelle sera cette destination nouvelle ? C est ce qu il serait bien difficile de dire ; mais le certain, c’est que le moment est enfin venu où il faut démolir.
Ces bâtiments antiques ont abrité, pendant des siècles, des varioles, des tuberculoses, des typhus. Aussi les hygiénistes se sont ils empressés de déclarer que la démolition devait être entourée de précautions aussi minutieuses que multipliées,
faute de quoi, les poussières qu’on allait épandre sur tous les fiuarliers voisins, au cours de l’opération, produiraient inévitablement les plus funestes épidémies.
L’Assistance publiquéet la Préfecture de police ne pouvaient pas refuser de s’émouvoir en présence d’aussi sombres pro
nostics que la science actuelle appuie et corrobore de toutes ses découvertes. Fdles se sont donc adressées au Comité d hygiene où siègent les spécialistes les plus éclairés et les plus compétents. M. le D1 Uuguet a été, à son tour, chargé par le Comité de préparer les éléments du rapport, par une étude spéciale des précédents connus, on les éclairant de toutes les lumières de la science.
Cette étude fait remarquer qu’en matière de sécurité hygiénique, existent trois variétés bien distinctes et qui, néanmoins, pourraient sembler à peu près aussi efficaces, en réalité, les unes que les autres.
Ce sont : la sécurité absolue, la relative, et, en dernier lieu, la sécurité morale.
Cette dernière semble, à côté des autres, n’occuper que le plus bas degré de l’échelle. On verra tout à l’heure que celte apparence ne correspond qu’imparfaitement à la réalité.
* * *
La sécurité absolue s’obtiendrait, dans le cas actuel, en incinérant les vieux bâtiments de l’Hôtel-Dieu. Ce serait la mort 23e Année N° 43
sans phrases des microbes, bactéries et autres spécialistes des maladies susnommées.
Seulement, on exposerait fort, par ce vaste incendie, les constructions contiguës à diparaître conjointement il l’hôpital. Il est vrai que leurs microbes particuliers iraient rejoindre, dans le néant final, ceux de l’hôpital ; mais les maisons qui les abritaient participeraient à la disparition finale.
Comme le fait s’est déjà produit lorsqu’on réduisit en cendres l’hôpital des contagieux d’Aubervilliers, on est à peu près certain qu’il se reproduirait inévitablement au milieu d’un quartier aussi dense et populeux que celui qui entoure l’Hôtel-Dieu.
C’est pourquoi le Dr Duguet, renonçant avec raison à la sécurité absolue qui engendrerait, chez les voisins, une insécurité presque égale, demande si l’on ne pourrait pas se contenter d’incinérer les planchers, boiseries, charpentes, en un mot tout ce qui est aisément incinérable, sans conflagration générale.
Mais on soulèverait, en détachant et arrachant ainsi parties par parties, pour les brûler, des poussières éminemment dan
gereuses; en même temps on n’est pas bien certain qu’on sera vraiment libre de restreindre comme on l’entendra ces auloda-fé, attendu qu’on ne manœuvrera pas tout à fait en ces lieux resserrés, comme on aurait pu le faire dans l’ancien Champ de Mars par exemple.
Il reste à ajouter qu’une partie des matériaux de tous genres a été vendue d’avance, par raison d’économie; M. Duguet rappelle ce détail qui mérite attention. Car, si les matériaux sont contaminés, comme on le dit, au point d’exiger une des
truction par le feu, est-il permis de les vendre pour réemploi; de se contenter ainsi, pour les microbes et bactéries incriminés et sévèrement condamnables, à un simple exil ?
Une fois de plus, cette commutation de peine pourrait
paraître, à quelques-uns, tout à fait déplacée.
LA CONSTRUCTION MODERNE
ACTUALITÉS
L’HOTEL-DIEU. — MONUMENT HOMÉRIQUE
On connaît les nombreux projets d affectation nouvelle pour les terrains où subsistent les restes de l ancien Hôtel-Dieu à Paris. Quelle sera cette destination nouvelle ? C est ce qu il serait bien difficile de dire ; mais le certain, c’est que le moment est enfin venu où il faut démolir.
Ces bâtiments antiques ont abrité, pendant des siècles, des varioles, des tuberculoses, des typhus. Aussi les hygiénistes se sont ils empressés de déclarer que la démolition devait être entourée de précautions aussi minutieuses que multipliées,
faute de quoi, les poussières qu’on allait épandre sur tous les fiuarliers voisins, au cours de l’opération, produiraient inévitablement les plus funestes épidémies.
L’Assistance publiquéet la Préfecture de police ne pouvaient pas refuser de s’émouvoir en présence d’aussi sombres pro
nostics que la science actuelle appuie et corrobore de toutes ses découvertes. Fdles se sont donc adressées au Comité d hygiene où siègent les spécialistes les plus éclairés et les plus compétents. M. le D1 Uuguet a été, à son tour, chargé par le Comité de préparer les éléments du rapport, par une étude spéciale des précédents connus, on les éclairant de toutes les lumières de la science.
Cette étude fait remarquer qu’en matière de sécurité hygiénique, existent trois variétés bien distinctes et qui, néanmoins, pourraient sembler à peu près aussi efficaces, en réalité, les unes que les autres.
Ce sont : la sécurité absolue, la relative, et, en dernier lieu, la sécurité morale.
Cette dernière semble, à côté des autres, n’occuper que le plus bas degré de l’échelle. On verra tout à l’heure que celte apparence ne correspond qu’imparfaitement à la réalité.
* * *
La sécurité absolue s’obtiendrait, dans le cas actuel, en incinérant les vieux bâtiments de l’Hôtel-Dieu. Ce serait la mort 23e Année N° 43
sans phrases des microbes, bactéries et autres spécialistes des maladies susnommées.
Seulement, on exposerait fort, par ce vaste incendie, les constructions contiguës à diparaître conjointement il l’hôpital. Il est vrai que leurs microbes particuliers iraient rejoindre, dans le néant final, ceux de l’hôpital ; mais les maisons qui les abritaient participeraient à la disparition finale.
Comme le fait s’est déjà produit lorsqu’on réduisit en cendres l’hôpital des contagieux d’Aubervilliers, on est à peu près certain qu’il se reproduirait inévitablement au milieu d’un quartier aussi dense et populeux que celui qui entoure l’Hôtel-Dieu.
C’est pourquoi le Dr Duguet, renonçant avec raison à la sécurité absolue qui engendrerait, chez les voisins, une insécurité presque égale, demande si l’on ne pourrait pas se contenter d’incinérer les planchers, boiseries, charpentes, en un mot tout ce qui est aisément incinérable, sans conflagration générale.
Mais on soulèverait, en détachant et arrachant ainsi parties par parties, pour les brûler, des poussières éminemment dan
gereuses; en même temps on n’est pas bien certain qu’on sera vraiment libre de restreindre comme on l’entendra ces auloda-fé, attendu qu’on ne manœuvrera pas tout à fait en ces lieux resserrés, comme on aurait pu le faire dans l’ancien Champ de Mars par exemple.
Il reste à ajouter qu’une partie des matériaux de tous genres a été vendue d’avance, par raison d’économie; M. Duguet rappelle ce détail qui mérite attention. Car, si les matériaux sont contaminés, comme on le dit, au point d’exiger une des
truction par le feu, est-il permis de les vendre pour réemploi; de se contenter ainsi, pour les microbes et bactéries incriminés et sévèrement condamnables, à un simple exil ?
Une fois de plus, cette commutation de peine pourrait
paraître, à quelques-uns, tout à fait déplacée.